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Situation de l'armée secrète : Oran ; Des femmes au milieu des ruines

Couverture du livre « Situation de l'armée secrète : Oran ; Des femmes au milieu des ruines » de Francis Gandon aux éditions Les Provinciales
Résumé:

« Ce livre décrit un monde privé de transcendance : le seul extrême est celui du Mal. C'est l'enfer, dont aucune description n'atteint l'horreur. C'est notre monde. » Une première partie rassemble ce que la vie de l'auteur « a pu recueillir de plus sordide - le summum de l'abjection » : « des... Voir plus

« Ce livre décrit un monde privé de transcendance : le seul extrême est celui du Mal. C'est l'enfer, dont aucune description n'atteint l'horreur. C'est notre monde. » Une première partie rassemble ce que la vie de l'auteur « a pu recueillir de plus sordide - le summum de l'abjection » : « des petits faits vrais d'enfer, qui laissent entrevoir l'esprit du temps. Mais celui des victimes, des éclopés de la vie - un esprit hors histoire, car il est précisément la négation de toute histoire. » Cette description assez crue permet de situer son auteur : ce n'est ni un insensible pathologique ni un exalté furieux, ainsi qu'on imagine les fanatiques. Dès lors il nous a disposés à entamer la seconde partie de son ouvrage, qui n'est peut-être pas plus facile à entendre : car à ce chaos, l'auteur oppose - ou croit pouvoir opposer contre toute la pensée dominante - l'Armée secrète, la Résistance Algérie française, la seule, selon lui, depuis qu'il a dû quitter ce pays il y a six décennies, « à avoir gardé parole, à être restée fidèle à une certaine vision historique abandonnée par tous » et pour laquelle elle est vouée aux gémonies. Il décrit donc un tournant malin de l'Histoire, en 1961-1962, où une capitulation politique totale succède à une victoire militaire, - là où précisément une orthodromie1 était possible (foi du serment, démarche accomplie jusqu'au bout, résistance à l'abandon), c'est-à-dire « la résurrection de l'incomparable civilisation méditerranéenne authentique, assoupie depuis plus d'un millénaire - rendue hémiplégique par un islam usurpateur. » D'où une critique acerbe de « M. De Gaulle ». Comment faut-il appeler cela ? le ressentiment, la nostalgie ? Non, car cette « orthodromie » devint le cauchemar d'une Armée secrète qui, elle-même privée de transcendance, ne pouvait que perdre, ajouter au chaos, compromettre tout combat futur « où quelque chose comme l'Occident se lèverait ». Ce livre dresse enfin, dans une troisième partie, quelques tableaux d'après la fin (la France mourant de cette inversion maligne), où l'universitaire marqué par George Bataille évoque quelques figures féminines, parfois nobles, souvent mièvres ou sordides. L'idée qui s'en dégage est que, dans ces tristes tropiques dont Dieu semble s'être absenté, la Femme reste quand même la seule à faire front, à pouvoir rédimer cette époque ou ce qu'elle n'a pas voulu vaincre : « une ombre de Transcendance. Transcendance quand même. » Ainsi le caractère inaudible et brutal de ce livre est adouci, si l'on ose dire, par l'extrême sensibilité de son auteur, le ravage même de la douleur causée par une immense déception jamais guérie. Seule leçon pour l'Histoire : certains peuples veulent vivre : Israël, le Liban. D'autres ont renoncé à la vie : la France, l'Arménie (voir sa piteuse déconfiture de 2023). Ce pamphlet imprécateur s'est certes écrit à partir d'archives, mais surtout « à même le sang de l'immense cohorte des victimes ». AUTEUR Francis Gandon est né en Algérie française en 1948, qu'il a dû quitter à quatorze ans, en 1962. Après deux thèses consacrées à Georges Bataille (l'une en sociologie, l'autre en linguistique), Francis Gandon a enseigné les lettres et la linguistique pendant quelque vingt-cinq ans dans plusieurs universités d'Afrique : Tripoli, Oran, Rabat, Tananarive, Ouagadougou et Dakar. Il s'est particulièrement intéressé aux différentes littératures (maghrébine, malgache, burkinabè...) d'expression française tout en travaillant sur les langues locales, la linguistique africaine en général et la sociologie des différents peuples-hôtes, vécue de façon charnelle. De retour en France (Université de Caen), il s'est orienté vers la théorisation linguistique, surtout saussurienne, publiant notamment De dangereux édifices. Les cahiers d'anagrammes consacrés à Lucrèce (Peeters, 2002), Le Nom de l'absent. Épistémologie de la science saussurienne des signes (Lambert-Lucas, 2006), La morale du linguiste. Saussure entre Affaire Dreyfus et massacre des Arméniens, 1894-1898 (Lambert-Lucas, 2011). Francis Gandon partage actuellement sa vie entre Paris et Madagascar.

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