"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
De juillet 1939 à août 1940, le journal d'Otto J. Steiner, critique musical salzbourgeois reclus dans un sanatorium en déshérence au coeur d'un monde qui tombe en miettes. En orchestrant la vengeance de la musique contre l'Histoire, Raphaël Jerusalmy signe le roman irrésistiblement cruel et drolatique d'un destin à deux doigts de changer celui du siècle.
Journal intime d'un Monsieur d'un certain âge, atteint de tuberculose en 1939 en Allemagne. Il est contraint de rester cloîtré au sanatorium, ou presque. Il est d'origine juive mais sans conviction particulière et sait cacher son identité. Son seul intérêt, c'est la musique classique. Il s'insurge contre la censure musicale et s'offusque quand il entend l'interprétation de certains chefs d'orchestre allemands. Son but : vivre son dernier Festspiele. Rusé, il va pouvoir imposer Mozart dans le programme et un autre morceau assez surprenant. Il n'a pas réussi à tuer Hitler mais ça oui ! Cette surprise n'a pas manqué de me faire rire. L'humour de cet homme est souvent cynique mais le personnage reste attachant.
Une découverte que je recommande vivement. Je mets 6 sur 5...
Cette fiction est écrite sous forme de journal de juillet 39 à août 40 par un personnage fictif (je crois car il y a beaucoup de Steiner). Cet autrichien, un "peu" juif, se meurt de tuberculose.Il n'a qu'une passion: la musique et sauver Mozart va consister à le faire imposer aux nazis à la Festspiele; mourant, il fera jouer un concerto en Do majeur:"J'aurai 5 minutes pour sauver Mozart...en musique, comme il se doit, au violon
Cinq minutes, c'est beaucoup. Tuer Hitler ne m'aurait pris que 30 secondes.
Humour grinçant; lecture facile
J’ai horreur du vendredi. Filet de cabillaud et pommes de terre bouillies. Le fils du concierge est allé m’acheter deux cents grammes de cervelas. En catimini. Je festoie dans ma chambre. Dehors, il fait gris. La lumière est triste.
Je n’ai jamais tenu de journal. Avant. Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée.
Ce cabillaud reviendra souvent comme un leitmotiv de son mal-être.
Otto J. Steiner, critique musical, malade, "autrichien de confession phtisique" est dans un sanatorium sur es hauteurs de Salzbourg, la ville de Mozart. De juillet 1939 à août 1940, il va tenir son journal. Bien sûr, il y est question de la guerre, de l’annexion de l’Autriche par le régime nazi, d’Hitler, de ses « collègues d’infortune » mais il y a plus.
Il raconte ses sorties ; Une représentation du Bourgeois Gentilhomme qu’il compare à Hitler « ce rustre qui se dandine avec des mimiques de grand seigneur, ce Monsieur Jourdain, imbu de lui-même, qui vocifère bien haut pour se donner des aires de tribun, n’est-ce pas un peu Hitler ? »
La musique seule trouve grâce à ses yeux, surtout Mozart et Hans « On a discuté de Karajan, de sa carrière fulgurante, de ses concerts à Berlin. Je suis un peu jaloux. Alors j’ai dit à Hans que Karajan donnait trop dans la grosse cavalerie, qu’il gaspillait son talent pour plaire aux masses. Ça n’a pas plu à Hans, je ne sais pas s’il reviendra de sitôt. Il fallait bien que je dise quelque chose, pour avoir l’aire d’être au courant. Pour remplir. »
La guerre gronde tout autour, sa juiveté l’effraie « les juifs ont été déplacés. Et les gitans. Ils contribuent à l’effort de guerre. » Un de ses voisins de chambrée a été dénoncé.
Son ami Hans lui fera un ultime cadeau ne l’associant au le fameux Festspiele. Alors là, il va se déchaîner, se démener parce que « Faire du festival un vulgaire outil de propagande, un amusement troupier, c’est un comble. Prendre Mozart en otage. L’avilir ainsi. N’y a-t-il donc personne pour empêcher un tel outrage ? » un audacieux pied de nez se prépare !!!!
Ce court roman est un bijou de ciselure, de mordant, d’humour décalé et d’amour.
Mimi et Kathel, par leurs chroniques, m’avaient donné envie de le lire, il était dans les rayons de la bibliothèque et le livre passa dans mes mains. J’aime ces petits livres denses, ironiques, sarcastiques, avec de petits arrangements, mais si plein d’un amour que l’on n’ose dévoiler.
Chronique d'une fin annonçée, même si nous connaissons la destinée finale de notre personnage principal, celui-ci arrive à nous sensibiliser quand au climat de la montée au pouvoir du nazisme et de ces premières dérives, les descriptions sont sobres, l'ambiance des lieux et l'état d'esprit du personnage sont bien reproduits, une décheance qui nous amènera à cet évènement que personne n'aurait pu imaginer et qui aurait bien pu marquer l'histoire. Pessimisme musicale et beau final sur un air coquin et subtil.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !