Choisissez, lisez et chroniquez !
Patricia, journaliste au Spiegel, enquête sur les personnes qui, dans les années soixante, ont fui l'Allemagne de l'Est au péril de leur vie. Inge est passée de l'autre côté du Mur quarante ans plus tôt et accepte de lui raconter son enfance, son arrivée à l'Ouest, son engagement...
Mais certains épisodes de la vie d'Inge confrontent Patricia à ses propres démons, à son errance.
Leur rencontre n'est pas le fruit du hasard.
Dans les méandres de la grande Histoire, victimes et bourreaux souvent se croisent. Ils ont la même discrétion, la même énergie à se faire oublier, mais aspirent rarement au pardon.
Choisissez, lisez et chroniquez !
J’aime qu’un livre me surprenne. À plusieurs moments, je me suis demandée où trouver la justification que ce livre se trouve dans la catégorie « policier ».
Je me suis laissée emporter par le flot des histoires de ces femmes torturées par l’histoire et par leurs histoires personnelles, et par l’Histoire de l’Europe du XXe siècle des camps à la chute du Mur que l’on retrouve au travers. Et puis, tout à coup, le coup de massue je me suis prise la fin en pleine face. Je l’avais ma surprise, ma justification !
Un très bon policier, historique, qui sort du style classique et qui lie surtout des faits historiques à l’histoire qui ne sont pas tous fictifs, comme l’a confié l’auteur lors d'une rencontre.
Journaliste au Spiegel, Patricia Sammer cherche à retrouver et à interroger des fugitifs ayant réussi à passer de l'Est à l'Ouest mais qui ont finalement choisi de retourner vivre à l'Est dans l'Allemagne des années 60. C'est du moins ainsi qu'elle présente son projet à Inge Oelze lorsqu'elle parvient à la rencontrer et à vaincre ses réticences. Lors d'un très lent apprivoisement mutuel, Inge finit par raconter son histoire. Mais la journaliste, personnage sombre et torturé, débusque d'autres souvenirs qui traversent les années teintées de rouge-sang et de noir-deuil par les actions terroristes. Encombrées de leurs secrets oppressants, les deux femmes se fascinent peu à peu, se livrent par fragments, s'affrontent, se mentent et construisent une relation étrange où chacune semble manipuler l'autre dans un énigmatique jeu de pouvoir.
Le récit d'Inge est alimenté par plusieurs fils narratifs qui font se rejoindre l'histoire collective de l'Allemagne et les histoires individuelles qu'elle transforme en destins. Cette solide architecture narrative, qui joue sur plusieurs époques, est mise au service de l'intrigue principale et reflète les violents soubresauts qui ont débouché sur la période contemporaine. C'est, pour moi, l'aspect le plus intéressant du roman de Maxime Gillio qui pointe des évènements encore souvent ignorés comme le déplacement forcé des populations sudètes après la guerre et les horreurs qui en ont découlé.
Si l'on soupçonne assez vite les véritables motivations de Patricia, son personnage n'en reste pas moins assez fascinant. Antipathique, instable, déchirée par une colère qui détermine ses actes et ses choix, elle est à l'image d'un pays qui, sous une apparence policée, ne parvient ni à pardonner ni à se pardonner. Coupable, victime, bourreau, témoin silencieux, Inge et Patricia endossent finalement tous les rôles attribués à leur pays et leurs histoires chaotiques conduisent à un déchaînement de chagrin et de colère, à la fois tragique et dérisoire.
C'est un roman à la lecture parfois éprouvante par la description de scènes d'une violence inouïe qui font émerger des images que nul ne doit plus ignorer désormais. Il m'a semblé m'enfoncer toujours plus avant dans la cruauté d'un monde où "tout le monde a ses raisons" et qui ne débouche que sur les ténèbres. Une âpreté et une complexité que l'écriture rend fort bien et qui refuse tout compromis. Victime ? Bourreau ? A chaque lecteur de décider... ou pas. C'est à la fois très inconfortable et particulièrement stimulant. Un roman qui m'a perturbée et qui va continuer à me tenailler.
RFA, RDA, RAF : le roman nous plonge à la fois dans les années révolutionnaires de la Fraction Armée Rouge, de la construction du Mur de Berlin, mais aussi de la fin de la Guerre de 39-45 et du retour au pays des Sudètes.
L’auteur décrit le difficile retour en Allemagne des Sudètes : ces allemands partis s’installer en Bohème et Moravie et qui, à la fin de la Guerre de 39-45 ont été chassé et leur retour en Allemagne imposé, avec violence et passage par des camps qui ressemblaient grandement aux camps de déportation.
A cette première histoire se mêle une histoire secondaire : celle d’une jeune femme est-allemande qui décrit la partition de son pays en deux nations, son passage à l’Ouest puis son retour à l’Est.
Enfin, troisième récit imbriqué, celui de la naissance de la Fraction Armée Rouge, de sa doctrine, des attentats commis et du devenir de ses membres.
Un roman riche historiquement qui jamais ne perd son lecteur.
Si l’aspect policier du roman m’a moins parlé, j’ai aimé me plonger dans ce passé allemand que je connais peu.
Qui plus est, l’auteur m’avait indiqué, lors de sa dédicace aux Quais du polar, qu’il avait écrit une partie du roman après avoir découvert le passé trouble de sa belle-maman.
L’image que je retiendrai :
Celle du train ramenant les Sudètes à Berlin et traversant une ville en ruine.
http://alexmotamots.fr/rouge-arme-maxime-gillio/
« Rouge armé » c’est l’histoire de la rencontre-choc de deux femmes aux passés tourmentés que tout oppose ou plutôt que tout semble opposer puisque au fur et à mesure de l’intrigue leurs histoires se connecte.
Prétextant une enquête pour le Spiegel sur les personnes qui ont fui l’Allemagne de l’Est dans les années soixante, Patricia, journaliste atypique et en proie à ses démons intèrieurs (alcoolisme, stérilité, enfance meurtrie par la violence du décès brutal du père) rencontre Inge qui témoigne sur son passage à l’Ouest au péril de sa vie.
On aime les deux personnages de femme à la forte personnalité, qui flirtent avec l’illégalité faisant d’elles des héroînes atypiques et pourtant très attachantes.
On ne peut qu’être intéressée et captivée par le travail de recherche du contexte historique du roman (quand la petite histoire rejoint la grande), avec l’évocation des Sudètes et de leur sort pendant la seconde guerre mondiale, la vie du peuple à l’Est avant et après l’édification et la chute du mur de Berlin, la résistance, la montée de l’activisme des brigades rouges, et le terrorisme de la bande à Baader.
Oscillant entre passé (1943, seconde guerre mondiale, chute du mur) et présent (2006 pouquoi cette date?) l’auteur raconte ce qui s’est passé avant pour nous aider à comprendre le comportement de ses deux personnages féminins principaux.
Avec « Rouge armé » Maxime Gillio signe un excellent roman d’espionnage.
Ce roman, mi-polar mi-historique, est une belle découverte. Alternant plusieurs époques (1945, 1965, 1977, 2006) dans l'Allemagne d'après la guerre puis pendant la séparation Est-Ouest, sa construction en est assez originale et crée une tension romanesque au travers de personnages tous impliqués dans une histoire commune, qui s'avère à la fin résolue dans un drame qu'on sentait couver.
Les héroïnes centrales du roman sont deux femmes au destin tourmenté, à l'image de ce pays détruit puis reconstruit sur les ruines successives du nazisme puis de la revanche destructrice des alliés tchécoslovaques, enfin des exactions violentes des mouvements d'extrême gauche : une jeune journaliste interviewant une ancienne dissidente de l'Est passée à l'Ouest puis revenue à l'Est après avoir participé de plus ou moins près aux exactions directes de la fraction armée rouge.
Au-delà de la fiction, ce roman joue son rôle de documentaire sur une période finalement mal connue de l'Allemagne. Ce qu'on sait du mur de Berlin, de la Stasi, des représailles tant des alliés d'après-guerre que de la police de l'Est comme de l'Ouest, ce que l'on sait du terrorisme des années 70, tout cela est ici incarné et prend corps à travers une histoire très personnelle, précise, ancrée dans une réalité qu'on sent bien connue et maîtrisée par l'auteur. Cette double approche donne une dimension historique à ce roman qui au demeurant ne manque pas de suspens.
On regrettera quelques pistes un peu avortées et un fin un peu rapide, voire décevante, mais cela n'enlève pas à la qualité générale du roman qui nous apprend beaucoup et se lit d'une traite.
Allemagne. Patricia Sammer est journaliste d’investigation au très réputé hebdomadaire Spiegel. Elle enquête sur les personnes ayant tentées de fuir l’Allemagne de l’Est et de passer le mur et rencontre à ce sujet Inge. Activiste politique, Inge est de tous les combats et explique à Patricia comment elle réussit, quarante années plus tôt, à franchir le mur. Pour toujours ?
Maxime Gillio propose alors de vivre à travers les flashbacks de Inge et de sa mère Anna, Sudète en Tchécoslovaquie (terme utilisé pour désigné les populations germanophones de la région des Sudètes) et en Allemagne. De leur expulsion de Tchécoslovaquie à la fin de la Seconde Guerre Mondiale au passage d’Inge vers l'Ouest. De l’enfance à la période révolutionnaire. Un récit politique dont le mur de Berlin est un point de contact. Peu habituée des intrigues policières, je rapproche plus cet ouvrage du récit historique. Maxime Gillio traite, de manière très documentée, du sort réservé aux Allemands expatriés à l'Est, de l’enfer de l’exil, des camps, lde a violence, etc.
Et ce qui retient mon attention est la triangulaire créée entre les trois personnages féminins : quel est le fil qui relie Inge, Anna et la journaliste ? Patricia est, elle aussi, un personnage ambigu, en proie aux démons de l’alcool, et en quête de sens. Et le traitement est réussi car Maxime Gillio évite tout jugement. Il offre une nouvelle scène à ses personnages qui n’auraient jamais dû se rencontrer. Il oscille aisément entre le tragique du passé, d’Inge et Anna, et la modernité des errances de Patricia. Elles entrent en relation, et de manière très directe et pas toujours tendre, font écho les unes aux autres de leurs propres aventures : « J'ai toujours détesté les dictons populaires. S'il y en a un que j'exècre par-dessus tout, c'est celui selon lequel le temps atténue les douleurs et que tous les chagrins, même les plus forts, finissent par s'estomper avec les années. » explique Ingre à Patricia.
Nous pouvons sentir que l’auteur est attaché à ses personnages qui ont souffert : il leur propose un instant de pause et de libération grâce aux interviews de Patricia. L’écriture fait la part belle au féminin et propose une lecture neuve et étonnante d’une période noire. Un ouvrage a découvrir : malin, bien écrit et très pertinent ! Tant de choses apprises le long de ces 350 pages ! Un livre qui mériterait à gagner en visibilité.
http://www.leslecturesdumouton.com/archives/2017/04/13/35168849.html
Année 2006. Patricia Sammer, journaliste au Spiegel, enquête sur les personnes ayant fui l’Allemagne de l’Est dans les années soixante. Ses recherches l’amènent sur la piste d’Inge. Cette dernière a passé le Mur pour se rendre à l’Ouest elle mais est revenue à l’Est quelques années plus tard. Pourquoi cette fuite et surtout pourquoi ce retour ?
La relation entre les deux femmes commence mal mais, au fur et à mesure, Inge se dévoile et détaille un destin extraordinaire qui commence bien avant sa naissance.
Maxime Gillio, à travers un récit où on navigue sans cesse entre la Seconde Guerre mondiale, les années 70 et les années 2000, nous fait (re)découvrir tout un pan de l’histoire allemande : le nazisme, le sort des Sudètes, la construction du Mur, la Stasi, la fraction armée rouge (avec la bande à Baader en « première génération »), les Ostalgiques (nostalgiques de la RDA). Il est clair que le travail de documentation est important. Mais, au-delà de la narration historique, l’auteur a su construire des personnages d’une grande complexité psychologiques. Les femmes sont des personnages forts et fragiles à la fois, à l’instar de Patricia qui est alcoolique et consomme les hommes, d’Inge qui est troublée, marquée par ses origines familiales ou encore d’Anna, la mère d’Inge, qui a vécu le pire.
J’ai été happée par l’histoire, par la façon dont Maxime Gillio déroule sa trame. Même si on devine progressivement la fin (du moins en partie), l’ensemble est bien huilé et efficace. Voilà un beau roman noir, politique et historique qui fait plaisir à lire.
Un bon roman sur les aspects méconnus d'une époque "trop" connue. Construit en flash-backs de 2006 à la fin de la Seconde guerre mondiale vu de Tchécoslovaquie, avec l'horreur trop commune des victimes devenant bourreaux, puis de la période "Mur" vue du côté Allemand de l'est. Une incursion intéressante dans ces univers qu'on ne connaît que du point de vue des vainqueurs, des "bons", qui prend le contre-pied de l'Histoire officielle en narrant la version de l'intérieur d'une descendante de Sudète, transfuge et militante communiste. On regrette que le personnage de la journaliste ait peu de substance par rapport au rôle dramatique que l'auteur a voulu lui confier, et que les passages "modernes" soient bien moins prenants que les retours historiques.
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