"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Le fils avait changé. Il tournait en rond. À la maison. Sur le bateau. Dans sa tête. À ne plus guère sourire. À ne plus guère causer non plus. À rêver d'autre chose sans trop savoir quoi. À faire sa crise entre terre et mer. À force de vivre dans cette frange incertaine de pays, à se cogner entre deux infinis, on se chamboule l'esprit. On ne sait plus si on doit se jeter d'un côté ou de l'autre. On attend des mots mais ils ne viennent pas. Et lui, maladroit, qui ne savait pas comment parler au fils qui dérivait. Le questionner. L'aider. Le soutenir. Lui dire qu'il avait cette chance d'être un jour son propre maître. À jamais et pour toujours. Que le métier était dur peut-être, que les nuits étaient leurs jours, qu'ils vivaient à l'envers de tout, mais que chaque jour était nouveau. Que chaque aube n'avait rien de semblable avec la précédente. Que chaque marée n'était pas la soeur d'une autre. Que leur vie se composait de chapitres toujours neufs, écrits avec leur liberté et avec la beauté du monde. Qu'il lui dise bordel où trouver pareil feu ? » Le Rature est toujours le premier bateau à quitter le port et le dernier à y rentrer et le père sait qu'il est là à l'exacte place de la Terre où il doit être. Peu de paroles, des gestes surtout, toujours les mêmes, et une manière d'appréhender le monde, de lire le ciel, les nuages, les étoiles, ce langage est le sien. Le jour où il a emmené son fils pour une journée de pêche il s'en souvient comme d'un rêve. Son fils. Qui serait pêcheur comme lui l'était devenu. Après son père.Et pourtant, le fils est parti. Faut-il espérer son retour ? L'illustratrice Lucille Clerc a retranscrit toutes les nuances déployées par le texte pour lui faire écho et l'accompagner, jouant du dessin, des matières et techniques, gravure, encre, photos... Comment traduire, le froid, le manque, la tristesse mais aussi l'amour, la force des liens, la transmission, la joie de la complicité. Ses illustrations incarnent magnifiquement toute la sensibilité du récit.
L'histoire d'un homme de mer, qui pêche fièrement depuis toujours et qui espère voir son fils prendre la relève...
Thèmes :
• La pêche
• La relation père-fils
• La beauté et dangerosité de la Mer
Points forts :
• Les illustrations de Lucille Clerc permettent une immersion totale dans cette Mer sauvage, à la fois docile et indomptée. Elles renforcent le sentiment de solitude également.
• Dès les premières pages, on se retrouve dans l'esprit de cet homme, sans nom, qui représente justement tous ces pêcheurs anonymes, qui nous nourrissent.
• Cette incapacité à communiquer clairement, mais ce lien si fort entre sa femme et son fils, nous bouleversent.
Point faible :
Le résumé officiel nous parle d'une relation père-fils conflictuelle, mais en réalité, celle-ci ne l'est/le devient que très tardivement. Je suis restée sur ma faim sur ce point.
Bilan :
Une lecture qui m'a moins marquée que ce que je pensais. Les dessins me parlaient plus que la plume de l'auteur au final. C'est un très bel objet livre qui se lit et se contemple très rapidement.
Une nouvelle / conte contemporain, illustré(e) par Lucile Clerc dont certains dessins montrent ces foisonnements et bouillonnements de la mer agitée, mais aussi des êtres vivants.
Claudel nous plonge dans l’univers des pécheurs, de leurs relations, du rapport à la mer, de la difficulté d’accepter des héritages et de continuer ces vies difficiles, risquées, … mais dont la contrepartie est une forme de liberté, de puissance brute, d’immersion dans la vie.
Il met l’accent sur le rapport père / fils, des rudesses imposées, des admirations, des rejets … dans ce rapport à la mer nourricière mais qui peut aussi prendre les vies.
Attention « divulgachage » ci-dessous :
L’accident du fils va être un moment fort de la nouvelle. Tombé à la mer à cause des éléments déchainés, il est récupéré grâce à la pugnacité de l’équipage … et avec beaucoup de chance. Cette rencontre avec la mort conduit le fils à partir et rompre brutalement avec son père et sa famille … jusqu’au jour où il va revenir.
Un livre qui ressemble à ceux des enfants, avec des illustrations à chaque page, un texte court. Quand je l’ai tenu en mains, le temps s’est envolé. L’ouvrir c’est accepter de tout oublier ce qu’on a l’habitude de lire, d’accepter la découverte et de s’y plonger.
Un texte qui ressemble à un conte, à la fois poétique et réel.
J’ai aimé retrouver la plume incomparable de Philippe Claudel. Il nous transporte ici dans le monde des marins, des poissons et des crustacés, d’un port de pêche, de la haute mer. Violente, sans merci, et nourricière.
J’ai retrouvé l’atmosphère grise de Philippe Claudel que j’aime tant, ici teintée de bleu, de toutes les nuances de bleu.
Ce roman est une palette de couleurs et de mots, une histoire d’hommes, de femmes et d’océan. Un petit bijou à savourer avec les yeux et le cœur.
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