"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans une action concentrée, où tout ce qui compte est ce qui n'est pas dit, deux hommes s'affrontent, prennent à tour de rôle la position du dominant ou du dominé, deux amis se brouillent - peut-être - «pour un oui ou pour un nom». La tension qui existe sous les mots les plus simples, les mouvements physiologiques et psychiques souterrains communiquent au public une sensation de malaise, en même temps qu'ils le fascinent. Car cette dispute est la nôtre, ces mots, nous les avons prononcés, ces silences, nous les avons entendus. Tout un passé refoulé se représente, une profondeur inconsciente, des pulsions agressives. Par les mots, nous nous déchirons nous-mêmes, et nous déchirons les autres. Mais le silence est pire.
Deux amis de longue date qui se sont peu vus ces derniers temps se retrouvent et voilà l’occasion pour l’un d’interroger l’autre sur les motifs de cet éloignement qui lui pèse. Si le second nie d’abord qu’il y ait entre eux un différend, il finit par concéder, devant l’insistance du premier, qu’il y a eu, un jour, un mot de trop. Un mot ou plutôt une manière de le dire qui a fissuré les fondations de ce qui les liait. Étonnement, justification à corps défendant, excuses plates – peut-être trop plates – rien ne semble y faire. L’aveu ouvre la brèche des reproches, revenant sur les années d’attente non satisfaite, les menus agacements et tous ces petits riens pour l’un qui étaient déjà beaucoup pour l’autre.
Dans cette pièce courte en forme de jeu de ping-pong où les balles s’échangent avec de plus en plus d’agressivité, personne ne sort indemne : les personnages pas plus que le·la lecteur·lectrice. Parce que ce dialogue concentré raconte de manière implacable la relation à l’autre. Ce que l’on attend sans le dire, ce qu’on dit pour exister, appartenir, se sentir moins seul·e, ce qui égratigne et qu’on fait mine d’oublier, ce qui sédimente jusqu’à occuper toute la place, la petite rancœur qui devient grande. Une pièce qui parle d’eux·elles, vous, nous, moi, de nos espoirs déçus, de nos petites compromissions, de ce qui fait de nous des humains. Imparfaits certes mais humains, inexorablement.
Nathalie Sarraute écrit sur rien, ou plutôt "le" rien, les petits "petits riens" comme elle les appelle elle-même. Et dans chaque petit rien se cache, se terre, est tapi un grand tout qui est tu, le grand tout des rancœurs mises en sourdines, des ressentiments refrénés, de toute sorte de "passés qui ne passent pas" ou encore de "passifs". A mesure que Nathalie Sarraute déplie les "petits riens", ils s'élargissent, prennent de plus en plus de place jusqu'à étouffer les personnages. Grandiose !
Un petit livre qui peut paraître facile à lire mais qui vous cache bien son jeu. Il faut bien être attentif car vous pouvez vous perdre très facilement. Je n'ai pas vraiment apprécié cette pièce. Il s'agit de deux hommes qui sont amis mais l'un deux ne veux plus voir l'autre pour des raisons banales. On se retrouve donc à écouter les reproches de chacun.
Du théâtre moderne assez intéressant
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