"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Quand on découvre que Zardjou, l'homme qui remet en question la vie d'Arezou, est marchand de serrures, on peut y voir l'ironie d'un signe plus subtil qu'il n'y paraît. Les apparences sont trompeuses ; on entre avec plus de vigilance et de curiosité dans une belle histoire d'amour. À travers le destin d'une femme active, divorcée, partagée entre sa mère et sa fille, trois générations s'affrontent dans un monde où règnent depuis longtemps les interdits et le non-dit. On suit Arezou, au bord du rire ou des larmes, sous la neige, espérant avec elle profiter enfin d'une certaine beauté de la vie. Dans un roman d'une richesse et d'une vigueur exceptionnelles, Zoyâ Pirzâd brosse à la fois le portrait d'une société pleine de contradictions et celui d'une femme passionnante, aussi drôle et attachante qu'une héroïne de Jane Austen.
Roman conseillé par une libraire (qui a travaillé aux Éditions Zulma) lorsque j'ai demandé des conseils de lecture d'auteures iraniennes. Belle découverte de Zoya Pirzad, la lecture est au début surprenante tant par le nombre de termes persans que la structure même de l'histoire. 3 femmes, 3 caractères forts, 3 générations qui co-habitent, se disputent, s'écoutent à peine et pourtant se respectent et s'aiment. L'amour est le sujet central, la société iranienne très peu décrite par ces personnages hauts en couleur. Malgré les notes de l'auteur j'ai du passer à côté de bien des références historiques et culturelles. Je vais continuer mon immersion avec les autres livres de l'auteure
Oh que j'aime ça.... Aller en librairie, découvrir au hasard, enfin disons sans avoir eu de choix préalable, quelques romans étrangers inconnus dans de jolies éditions abordables financièrement. Merci @Zulma pour ça !
Je ne connaissais pas cette fantastique écrivaine iranienne, Zoyâ Pirzâd, et je suis tombée sous le charme.
C'est un beau roman, qui nous transporte en Iran, dans un monde de femmes, où les plats ont des noms merveilleux, les personnages des prénoms mythologiques et où les couleurs chatoyantes écrasent le gris des foulards.
Arezou, (Quel beau prénom !), est une femme divorcée, une mère et une dirigeante occupée d'une agence immobilière.
J'ai eu plaisir à découvrir sa personnalité, sa vie, ses amies, sa famille, ses doutes et ses habitudes de vie.
C'est chantant et ça donne envie de retrouver de vieilles amies à qui tout pouvoir dire loin des réseaux sociaux... Autour d'un bon thé et d'une succulente pâtisserie...
(Pour moi, qui ait vécu à Marseille, il y a là quelque chose de déjà frôlé.)
Mais, c'est plus profond, tout n'est pas si rose.
Les liens, s'ils existent, sont parfois rudes.
Notamment avec sa mère, sorte de princesse froide, dont Arezou a toujours eu le sentiment de ne pas être aimée, et en miroir les relations fortes avec sa fille Ayeh, qui rêve de vivre avec son père à Paris...
Il y a aussi les personnages de l'agence, tous très riches en caractère et à qui Arezou fait toujours attention.
Et puis, une rencontre, un jour, qui ouvre une porte à l'amour, et le récit nous dira si malgré toutes les pressions et habitudes, Arezou se permettra cette douceur là...
Ou pas.
Au delà de l'histoire elle-même, j'ai tellement aimé dans ces couleurs, odeurs et sonorités autres découvrir un autre univers pourtant si proche, c'est un bonheur pur, et puis j'aime ces écritures de femme, avec beaucoup de finesse, où rien de sensationnel, de terrifiant ne se déroule, mais où la fluidité des jours qui passent et l'essence de la vie même, et les conséquences de nos choix et de nos milieux de vie, y sont finement dessinés.
Un bel univers sensible à découvrir.
Arezou la quarantaine, divorcée élève sa fille adolescente. Vivant à Téhéran, elle fait partie de ces femmes qui assument leur vie, elle a repris l’agence immobilière familiale, à la mort de son père.
Sa mère est une femme exigeante, vivant dans un monde où tous les caprices peuvent être satisfaits. Et elle comble sa petite-fille comme si l’argent tombait du ciel.
Ecartelée entre ces deux femmes, Arezou jongle avec un emploi du temps chargé où il y a peu de place pour elle. Heureusement elle peut compter sur sa meilleure amie, Shirine qui n’est pas avare de conseils.
« —Tu es comme une pile sur laquelle on tire tout le temps sans jamais la recharger. Tu dois penser un peu à toi. »
Elle va rencontrer Arezou sera-t-il le chargeur ?
Zoyâ Pirzâd, sans grandiloquence mais avec poésie et humour met en scène le quotidien. Elle fait réfléchir sans développer de théorie sur les choix que les femmes sont amenées à faire.
Une vie sous différents angles de prise de vues qui bout à bout révèle la vie d’une femme qui va de l‘avant avec détermination dans cette société iranienne.
Sans effets spéciaux avec des fondus qui laissent au lecteur le loisir d’imaginer.
Une plongée dans une civilisation en mouvement sous le prisme de trois générations de femmes.
La mère vit dans un monde doré, a-t-elle conscience que son mari est mort couvert de dettes et que sans sa fille Arezou qui a laissé sa vie pour reprendre l’agence familière et travailler à redresser la situation, elle serait en difficultés. Elle n’a de cesse de rabaisser sa fille avec une astuce assez particulière, lorsqu’elles parlent ensemble la mère met sa fille au même palier d’âge, coupant ainsi toutes velléités de lui accorder une vie de femme indépendante, la quarantaine séduisante.
Arezou est attentionnée, très active, et patiente. La fille se comporte en adolescente gâtée pourrie, mais finalement cela cache une angoisse.
Cette femme va en permanence essayer de combler les deux.
Elle a le sens des réalités mais encore plus avec sa rencontre avec Zardjou, qui lui a abandonné une vie qui aurait pu être plus facile, pour vivre dans un quartier assez populaire. Lui aussi est attentionné et à l’écoute des autres.
Les dialogues nombreux sont savoureux, justes et impriment un rythme particulier à l’histoire, celui du quotidien, celui des petits riens qui constituent la vie.
En arrière-plan la société est là, on y rencontre dans les lieux publics la police des mœurs qui veilles aux bons usages. Les transports en commun qui a sa section des femmes…
L’auteur nous montre par le quotidien la confrontation entre la tradition et la modernité en dressant de beaux portraits de femmes.
C’est un ressenti que peut éprouver le lecteur en suivant les protagonistes, il les voit, les écoutes, marchent avec eux dans les rues, assistent aux réunions de famille, aux fêtes comme s’il était lui aussi avec eux.
C’est une façon très agréable d’appréhender un pays.
Les livres de Zoyâ Pirzâd sont nourris de ce qu’elle voit, elle n’impose aucun jugement, elle montre. C’est peut-être ce qui déroute certains lecteurs.
L’écriture est fine, les dialogues justes, le texte est maîtrisé aucune envie de faire divaguer le lecteur, au contraire elle va à l’essentiel, en montrant comment ces petits riens sont importants, comme les fondations d’une vie, d’un bonheur.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 3 mai 2020.
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