Ils avaient été repérés par les libraires ou par nos explorateurs, ils sont reçu des prix à l'automne 2015
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Ils avaient été repérés par les libraires ou par nos explorateurs, ils sont reçu des prix à l'automne 2015
La critique de Sophie C et Plume nacrée pour "Les Prépondérants" de Hédi Kaddour aux éditions Gallimard
Professeur de littérature française d’origine tunisienne, Hédi Kaddour, pour son troisième roman, réussit une vaste fresque qu’il situe dans les années 1920, en Afrique du nord, ce qui ne l’empêche pas d’entraîner son lecteur aux États-unis mais aussi en France et en Allemagne.
À Nahbès, ville fictive du sud, en bord de mer, "Les Prépondérants" ne sont pas près de lâcher les meilleures terres, tous les avantages accaparés, et c’est avec beaucoup de subtilité que l’auteur nous montre tous les maux de la colonisation.
Tout au long du roman, nous partageons la vie de trois femmes. Rania (23 ans) est veuve. Elle aime les livres en français mais lit davantage en arabe. Elle dirige une propriété de 900 ha, contre l’avis de Si Mabrouk, son père, et de son frère, Taïeb qui ne pensent qu’à la marier.
Les deux autres femmes importantes du récit sont Gabrielle, une journaliste féministe qui n’hésite pas à écrire ce qu’elle pense, et Kathryn, actrice américaine qui débarque à Nahbès avec toute l’équipe de tournage d’un film : Le guerrier des sables.
Les Prépondérants n’apprécient pas du tout l’irruption de ces Américains avec ces femmes délurées à la terrasse des cafés et ce Francis Cavarro, star du film, qui fait rêver les épouses des colons. Ils veulent faire interdire le tournage mais le Souverain et Paris protègent le travail de Neil Daintree, le réalisateur.
Nous suivons aussi le jeune Raouf, jeune intellectuel imprégné de culture française et arabe, qui se lie avec Ganthier, un colon éclairé qui emmène son jeune ami en France où les stigmates de la Première guerre mondiale sont encore bien présents. Raouf se lie avec les nationalistes, suit beaucoup de réunions politiques mais reste sur la réserve pendant que son père, Si Ahmed, déjoue magnifiquement les chausse-trappes préparés par le sinistre Belkhodja.
Lorsqu’ils passent de l’autre côté du Rhin, l’auteur décrit très justement toutes les erreurs commises par la France qui veut à tout prix faire payer les vaincus alors que cela ne suscite que haine et soif de revanche. Le face à face entre les civils allemands qui chantent "La Marseillaise" dans leur langue et la troupe française, est impressionnant.
Autre grand moment du livre qui n’en manque pas : la première projection publique d’un film à Nahbès. « Raouf se sentait mal à l’aise, pris entre ses réactions de familier du cinéma et celles des ingénus dont se moquaient les autres familiers heureux de pouvoir pratiquer la condescendance du petit-bourgeois progressiste ou celle du colon… »
La situation se dégrade : « c’est pas bon ces discussions entre Arabes et Américains, ça rend nos Arabes prétentieux ! » Après un terrible orage, l’auteur note très justement : « le malheur avait cessé d’agir, il s’était laissé regarder, on appelle ça un bilan. »
Peu à peu, l’Histoire s’emballe. Hédi Kaddour décrit avec talent l’évolution du nord de l’Ifriqiya et son livre permet de comprendre pourquoi la colonisation était une voie sans issue, un éclairage bien utile pour les temps présents et à venir.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Au début des années 20 du siècle dernier, une production américaine se tourne dans une petite ville d'un pays du Maghreb, jamais cité, mais qui nous fait fortement penser à la Tunisie, ancien protectorat français. Américains, colonisés et colons ne sortiront pas indemnes de cette expérience où les cultures et les moeurs se télescopent. Hedi Kaddour décrit très intelligement les effets collatéraux de cet évènement des trois points de vue. Hollywood, la France et ses "prépondérants" et la population locale. L'intrigue monte en puissance et les personnages féminins rafflent la mise haut la main plaçant le lecteur sous la fascination de l'actrice hollywoodienne, la journaliste française et la jeune veuve redoutée par ses compatriotes. Il y a du Yasmina Khadra dans la description de ce pays au bord de la révolte, mais aussi du Paul Morand quand les personnages se retrouvent sur un navire de croisière ou un salon parisien. Et le grand écart est parfaitement assumé, faisant de ce roman un livre magnifique.
Au printemps 1922, une poignée d'Américains en provenance d'Hollywood, s'installe à Nahbès, ville imaginaire d'Afrique du Nord, pour y tourner une superproduction, Le guerrier des sables. L'installation durable de ces conquérants américains va quelque peu bouleverser la vie tranquille des prépondérants colons et des locaux arabes. Entre histoires d'amour, jalousies et autres conflits interculturels, le narrateur nous livre le quotidien d'un bel échantillonnage de ces personnages et nous emmène avec eux des sables du désert à Berlin en passant par le tourbillon parisien et la "bancale" Alsace de l'époque ! L'Europe des années 20 est alors sous tension mais la vie de nos protagonistes suit son cours malgré leurs extrêmes différences et parfois dissensions. Tous tentent de s'apprivoiser, s'adapter, s'aimer, se révolter ou se haïr dans un monde qui va bientôt basculer.
Hédi Kaddour a reçu pour ce roman, le prix des lecteurs Gallimard 2015 dont j'ai fait partie ! Je n'avais pas voté pour lui mais après la lecture de ce troisième roman de l'auteur, je reconnais qu'il était amplement mérité. Sa plume très littéraire nous transporte dans une fiction de haute-volée où l'imaginaire tutoie le réel !
La lecture des Prépondérants m’a beaucoup fait penser aux pâtisseries orientales qu’un ami tunisien nous offrait régulièrement. Parfumées, sucrées et si bonnes que nous en mangions jusqu’à l’indigestion. Le roman est de cette veine, à la fois très riche et très addictif, à condition de ne pas avoir peur de l’indigestion. Car le récit fourmille d’histoires centrées sur une tranche bien particulière de l’histoire. Nous sommes au sortir de la Grande Guerre, au moment où se redessine la carte du monde et où s’annoncent d’une part les mouvements de libération et d’autre part les nouveaux cataclysmes.
Ce roman-monde, comme le définit l’auteur, est découpé en trois parties. La première, intitulée «Le choc», est située au début des années 1920. Puis vient «Le grand voyage», qui se déroule de l’hiver 1922 au printemps 1923, et la troisième, titrée «Un an après», nous conduit en juin 1924.
Le choc dont il est question au début du livre, c’est celui que provoque l’arrivée d’une équipe de tournage américaine à Nahbès, cette ville imaginaire d’Afrique du Nord. Jusque là les rôles semblaient bien définis entre les «gentils colonisateurs» venus apporter prospérité et développement, civilisation et sécurité et les «gentils autochtones» prêts à accepter l’aide de ces blancs et à travailler pour eux, voire avec eux. C’est du moins l’opinion dominante au club des «Prépondérants», qui rassemble les plus aisés des colons et les autochtones. Seulement voilà, Hollywood-sur-Nahbès, c’est un peu le chien fou dans le jeu de quilles. Les belles règles établies jusque là vont voler en éclats. Les dollars et les «les rires et les cris trop libres de ces femmes d’outre-Atlantique» vont déstabiliser les Français avant de contaminer les Nord-Africains.
Les grands thèmes que sont le colonialisme et le droit à l’autodétermination, la place de la femme dans la société et notamment dans la société arabe, la montée des périls et la notion de progrès, y compris sur le plan politique son tici incarnés par une galerie de personnages particulièrement bien campés.
La première à entrer en scène est Rania, fille de Si Mabrouk, un grand bourgeois de la capitale. Cultivée, grande lectrice et curieuse de tout, elle entend s’émanciper des traditions séculaires. « Rania s’intéressait beaucoup à ce que faisait Kathryn, elle demandait à Gabrielle s’il était vrai que les Américaines avaient autant d’amants que leurs maris avaient de maîtresses. »
Face à elle, il y a Raouf, également fils de notable, qui va se chercher un avenir dans un nationalisme qui donnerait sa chance à tous. Même si cet engagement est avant tout rhétorique, car il lui faut d’abord conquérir le cœur de la belle actrice Kathryn Bishop. Du côté des progressistes on ajoutera Ganthier, un ancien officier, qui imagine un empire colonial de cent millions d’habitants, mais où chacun aurait les mêmes droits.
Une position qui hérisse la majorité des Prépondérants qui voient d’un très mauvais œil ce souffle de liberté, attachés qu’ils sont au respect des traditions et des valeurs : « Pagnon, Doly, Laganier, une demi-douzaine d’officiers, autant de fonctionnaires, beaucoup de colons, ainsi que des commerçants et artisans. »
La belle idée de l’auteur est de confronter à l’occasion d’un grand voyage – la seconde partie de l’ouvrage – quelques idées développées à Nahbès avec la réalité du terrain. Quand, par exemple, le groupe se rend en Allemagne en passant par l’Alsace et découvre à quoi peut ressembler un territoire dont l’occupant s’est retiré. Mais aussi combien le sentiment de revanche peut se développer auprès d’un peuple qui vit dans la misère et doit s’acquitter de réparations exorbitantes. Une époque charnière qui va annoncer les grands bouleversements à venir.
Rendons enfin à Hédi Kaddour une autre grande qualité, celle d’enrober ses pâtisseries d’un sucre fin, d’observations et d’anecdotes qui viennent enrichir la récit. L’histoire du stock d’huile ou de la chamelle en chaleur ou encore l’anecdote de la machine à écrire sans accents récupérée par l’administration française pour n’en citer que quelques vous amuseront autant que la description des tournages. Un régal !
http://urlz.fr/347V
J'avais ce roman dans ma PAL bien avant qu'il soit dans la liste des quatre finalistes du Goncourt et qu'il obtienne le Grand Prix de l'Académie Française 2015 et le Prix Jean-Freustié 2015. Je me suis réjouie de ces récompenses, m'attendant à lire une pépite et à me laisser emporter dans une histoire passionnante qui, située dans l'entre-deux guerres coloniale, avait tout pour me séduire.
Pourtant, j'ai assez vite décroché, lassée par ces personnages qui ne me plaisaient qu'à demi (pourtant Rania la jeune veuve, ou encore le marchand véreux, laissaient entrevoir une consistance intéressante), par des passages trop longs et ennuyeux (la débauche de Fatty Arbuckle à Hollywood) et peut-être aussi par un certain manque d'exotisme.
J'ai résisté jusqu'à la page 320 et abandonné cette fresque romanesque qui m'a donc profondément ennuyée...
Algérie, 1920 : ses colons français, ses algériens d’origine avec leurs us et coutumes encore très ancrées. Et puis au milieu, le jeune Raouf à l’esprit communiste, voulant changer les esprits et les façons de penser la gouvernance du pays.
Mais entrer dans ce roman, c’est aussi plonger dans une langue et un rythme : celui du récit à la limite de l’oralité du conte.
Les chapitres alternent les histoires, celle de Raouf ou celle de sa cousine Rania ; celle du procès à Hollywood ou celle du pauvre commerçant qui a voulu se jouer du fils de Si Ahmed.
Un roman qui nous plonge dans une Algérie entre deux guerres, et dont certains de ses enfants commencent à s’éveiller politiquement. Mais les Prépondérants sont encore trop puissants dans le pays.
J’aurais aimé toutefois suivre plus longtemps le personnage de Rania, veuve qui n’en fait qu’à sa tête en se retirant dans une des propriété de son père pour vivre sa vie comme elle l’entend ; mais qui respecte toutefois les coutumes et le quand-dira-t-on.
L’image que je retiendrai :
Celle du combat de deux chameaux pour la saillie d’une chamelle, et qui donne lieu à des paris.
http://alexmotamots.wordpress.com/2015/12/05/les-preponderants-hedi-kaddour
Un groupe d'Américains débarque à Nahbès en 1922 pour tourner un film hollywoodien.
J'attendais beaucoup de ce roman qui a frôlé le Goncourt et a reçu le Grand Prix de l'Académie française! La qualité d'écriture est au rendez-vous, le récit est une fresque vivante et travaillée, les personnages parfois inégaux, mais l'intrigue en revanche m'a laissée sur ma faim, elle a manqué à mon sens de direction, d'ambition. Cette lecture me laisse donc un sentiment en demi-teinte.
Ma critique complète est ici: http://viederomanthe.blogspot.fr/2015/11/les-preponderants-hedi-kaddour.html
Nous sommes dans une Afrique du Nord imaginaire, dans une ville nommée Nahbès au printemps 1922. Imaginaire, à ceci près que la description faite par l’auteur dans les premiers chapitres du livre ne nous laisse guère de doutes :c’est l’ordre colonial qui règne, avec ses dirigeants, ses potentats, ses lobbyistes que l’auteur nomme Les Prépondérants .
Pourtant, un événement vient bousculer ce décor empreint de conservatisme : c’est l’arrivée d’Américains venus tourner un film .On y découvre ainsi Katryn Bishop, une actrice prête à concurrencer ses consœurs d’Hollywood, Neil Daintree, le metteur en scène, Gabrielle Conti, une journaliste française, tous, à des degrés d'ivres, en recherche de réussite, d’émancipation, et de création artistique qui leur apporterait , bien sûr, la consécration . Du côté des Prépondérants, Ganthier, un propriétaire terrien, paternaliste à l’égard des indigènes qu’il faut tenir en respect, et auxquels il ne faut surtout pas accorder la moindre concession, sous peine d'apparaître faible, Pagnon, un chirurgien, autre soutien de cet ordre, sont irrités par la venue de ces Américains qui ne comprennent décidément rien aux réalités locales.
Du côté des indigènes, justement, le personnage de Raouf, jeune homme très cultivé, ayant bénéficié de la fréquentation de l’école française et capable aussi de citer des poètes arabes classiques dans le texte, tente, difficilement, le dialogue, la remise en cause de l’ordre établi .Cette démarche, sa cousine Rania Belmedjoub, veuve, qui traite une affaire pour vendre un terrain, une tâche dévolue en principe à un homme, fait de la résistance à sa manière ; elle s’instruit, lit des auteurs, elle aussi, imagine un autre rôle pour la femme musulmane que celui qu’on tente, en vain, de lui faire accepter.
Dans la seconde partie du livre, certains personnages, dont Raouf et Ganthier, font un voyage en Europe ; ils se frottent aux réalités de l’Allemagne de l’après-guerre, occupée par les Français, en proie aux pires difficultés qui annoncent déjà son futur tragique. Ces visites en Europe changent, presque à leur insu, leurs visions du monde.
Ce que ce roman illustre, c’est la capacité que donnent les armes de la culture, de l'ouverture vers les autres, de s'émanciper, d'accéder à la dignité et au respect, comme Raouf le montre en reconfigurant ses relations avec les Européens, sans passer pour un être servile , sans être assimilé à l’indigène de service .Ce roman met aussi en lumière les effets que peut procurer l’accès au savoir, quand ses bénéficiaires transforment cet outil à leur profit et le retournent contre leurs maîtres, les Prépondérants .
Un roman qui donne beaucoup de clés sur l’état de cette période, sur cette ville de Nahbès, résumé en miniature de l’ordre colonial de l’époque et de ses contradictions. Une autre raison très forte de le lire, c’est cet élargissement qui s’accomplit à l’échelle du monde, de plusieurs continents, dans la vie des personnages, comme pour nous suggérer que nos vies sont incluses dans ce monde, que ce dernier en change, parfois, le cours pour le meilleur comme pour le pire .
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