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" Les porteurs d'ombre travaillent dans l'infra-mince " : telle est l'énigmatique définition que Marcel Duchamp donnait de l'activité artistique.
L'ombre dont il est ici question est de celles qui s'opposent aux Lumières, c'est-à-dire qu'elle tombe depuis la pointe de l'archaïque, et l'art qui est pris dans son cône s'affranchit du cadre de la modernité. Les porteurs d'ombre - entendons les artistes - ne sont pas des fabricants ou des producteurs (qui feraient de l'art), mais des travailleurs qui font dans l'art (comme on fait dans la dentelle).
Cette immersion, qui définit plaisamment leur activité, invalide du même coup une approche strictement esthétique de ses résultats et renvoie bien plutôt à l'anthropologie, en tant qu'elle s'intéresse aux pratiques symboliques. L'infra-mince est un néologisme qui relève d'un humour typiquement nominaliste : il suggère que l'art construit sa poétique à partir de la coupure entre les mots et les choses.
Mais la définition a surtout valeur d'explication : elle nous dit que l'ombre et l'infra-mince sont portés par le même pli (on travaille dans l'infra-mince parce qu'on est porteur d'ombre et vice-versa). Catherine Perret nomme ce pli mimésis. En s'engageant ici dans une généalogie de la mimésis moderne depuis Vélazquez et Descartes jusqu'à l'art contemporain, elle dessine les contours des ombres que l'art fait tomber sur l'époque au moment où ses objets perdent leur aura.
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