"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
2017. June Mitchell, 51 ans, est avocate d'affaires spécialisée dans l'environnement. Entre les nouvelles lois Trump qui permettent à ses clients, des entreprises charbonnières, de polluer à tout-va, et sa fille Karyn, lycéenne en difficulté dont le père veut récupérer la garde, June ne contrôle plus rien.
Dans le cadre d'une mission « pro bono », elle doit constituer le dossier de demande de grâce d'un détenu noir, Maurice Da-Jon, natif du Bronx, condamné seize ans plus tôt à vingt-sept ans de prison pour un viol commis sur sa fiancée Alysa. D'abord très réticente à l'idée de voler au secours d'un violeur, elle se décide finalement, encouragée par un jeune confrère du cabinet, Nicholas.
En étudiant le cas de Maurice Da-Jon, June et Nicholas découvrent des incohérences dans le dossier d'accusation qui, seize ans plus tôt, n'avaient pas paru assez importantes face à la couleur de peau du détenu.
En lisant la quatrième de couverture, je m’attendais à ce que ce roman traite exclusivement ou presque de la demande de grâce d’un certain Maurice Da-Jon, un prisonnier noir condamné il y a seize ans pour un viol commis sur son ex-fiancée Alysa. Mais le récit ratisse bien plus large et je fus surprise, et je dois l’avouer un peu décontenancée, qu’une grande partie de celui-ci se développe finalement autour de la personnalité et du métier d’avocate de June Mitchell, en charge de cette mission pro bono.
En effet, Les Oiseaux du Bronx nous plonge clairement dans les méandres du cabinet d’avocats, de leurs dossiers en cours qui défient la morale au niveau environnemental, des relations entre collègues mais aussi avec les détracteurs auxquels ils devront faire face lorsqu’ils s’engageront dans cette mission de défense dans une Amérique en proie au racisme. Alors si cette thématique vous intéresse, vous adorerez le nouveau roman de Gilles Bornais ! Il est d’un réalisme sans borne et je reconnais l’immense travail en amont que ce livre a dû donner à son auteur. Cette histoire est fictionnelle mais on se demande si ce n’est pas basé sur des faits réels tellement le sujet est bien maîtrisé et une fois encore, ultra réaliste.
La relation entre June Mitchell et sa fille Karyn est également très développée. C’est assez horripilant d’être le témoin d’autant de désinvolture de la part de cette jeune fille qui ne fait fi d’aucune reconnaissance pour la vie de privilégiée qu’elle mène. Nous sommes dans le cas typique de la mère divorcée qui travaille beaucoup trop et qui a bien du mal à gérer l’adolescence révoltée et capricieuse de son enfant. Le manque de respect de Karyn est assez insupportable et nous n’attendons qu’une chose : que June cesse de tout lui céder.
C’est donc dans une atmosphère assez noire que nous évoluons, autant dans le domaine personnel que professionnel des personnages. Si tout cela tend à évoluer, il faudra attendre les derniers chapitres pour reprendre un peu espoir et d’entrain. Personnellement, je suis arrivée à bout de souffle, l’attente fut longue. L’action pro bono pour Maurice Da-Jon s’est éternisée, je n’ai eu de cesse de vouloir que l’affaire avance enfin, que l’on passe au vif du sujet. Quand ce fut enfin le cas, la flamme ne faisait plus que vaciller malheureusement.
En bref, je vous conseille ce roman noir si vous êtes particulièrement intéressés par le fait qu’il se positionne du côté des avocats et qu’il nous immerge dans l’atmosphère rude et sans concession de ce métier. Le récit est bien écrit et travaillé, il nous fait part d’une réalité crue dans laquelle les sentiments ont assez peu de place (il n’en est pas totalement dénué mais il est davantage tourné sur le factuel). Il faut être conscient que, même si l’affaire Da-Jon reste en toile de fond et qu’elle finit par être traitée, elle ne constitue finalement pas la majeure partie du roman.
Sur mon blog : https://ducalmelucette.wordpress.com/2024/02/17/lecture-les-oiseaux-du-bronx-de-gilles-bornais/
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