"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Alléger le vernis, dégager les repeints, combler les lacunes requiert de longues heures de concentration et de patience qui permettent à un tableau ancien de renaître. Peut-on faire de même avec le passé? Le jour où Marion décide de poser ses outils de restauratrice pour se rendre là où s'est nouée sa douloureuse histoire familiale, elle pense ainsi parvenir à se débarrasser des repeints dont sa mère a recouvert le drame qui les a frappées et l'image de son frère Léo, disparu sur l'île de Batz vingt ans auparavant. Mais dans ce lieu rude et envoûtant, où les algues brunes prolifèrent et le quotidien est rythmé par les marées, les langues se délient rarement et les secrets finissent emportés par les courants de la Manche.
Est-ce que Marion trouvera une réponse à la disparition de Léo son frère ?
Des circonstances familiales poussent Marion, la restauratrice de tableaux, à partir sur l’île de Batz, là où le drame de la disparition de son frère a eu lieu.
Elle y rencontre une famille d’insulaire dont Paul, qui fait des recherches sur les algues et dont elle tombe amoureuse.
Sans en parler à sa mère, elle passe de plus en plus de temps sur l’île « maudite ».
Les descriptions de la nature de l’île de Batz, les couleurs, la recherche sur les algues , l’évocation de la restauration des tableaux apportent de la matière à cette histoire de famille brisée.
Une mère perdue depuis la disparition de son fils. Il est question de destins de femmes mais aussi d’hommes et de violences.
Ce que j’aime chez l’auteure, c’est la minutie à nous faire découvrir des lieux en France dont la description nous les rend beaux et l’envie d’y aller, mêlés à des histoires de famille où l’héritage pèse. Ses romans sont emprunts de ces secrets de famille qui pourrissent les relations et la vie, ces drames avec lesquels il faut vivre. Et il y a ces métiers différents qui apportent un regard sur le patrimoine.
Un savant mélange dosé d’une histoire romanesque qui se transforme en enquête, et je n’ai eu qu’une envie connaître le fin mot de l’histoire et espérer que Marion, comme elle enlève les couches des tableaux trouve une réponse et allège sa relation avec Edith, sa mère.
Difficile d’en dire plus sans dévoiler le fil et la fin. Des personnages attachants et l'amitié que partage Marion et son amie Delphine, toujours prête à la soutenir.
Après Alto braco et les vaches de l’Aubrac et L’enfant parfaite, sur un fait de société, Les brisants m’a de nouveau happé sur d’autres territoires.
Alto Braco, le deuxième roman de Vanessa Bamberger, que j’avais apprécié, se déroulait sur le haut plateau de l’Aubrac. Les brisants, son dernier, comme le titre le sous-entend, évoque la mer et ses embruns et se passe principalement sur l’île de Batz, cette île bretonne au large du Finistère.
Ces deux romans ne sont pas aussi éloignés l’un de l’autre qu’ils ne le paraissent. Ils ont en commun la beauté rude des paysages et le cheminement d’une femme en quête de ses origines et de la vérité.
Dans Les brisants, Marion, restauratrice de tableaux, délaisse ses outils pour se rendre sur l’île de Batz où vingt ans auparavant, son frère Léo, alors âgé de quatorze ans a disparu une nuit, au cours d’une colonie de vacances. Il n’est jamais réapparu et son corps n’a jamais été retrouvé. Marion en avait sept au moment du drame et depuis, leur mère Édith est envahie d’une angoisse permanente.
C’est en débutant le travail de dévernissage sur Noli me tangere, tableau de Peter Paul Rubens et Jan Bruegel le Jeune, que le choc s’est produit pour Marion. Elle a eu l’impression de revoir quelque chose de Léo. Ajoutées à cette évocation plusieurs coïncidences troublantes, et l’idée de partir en Bretagne sur les traces de sa famille voit le jour. Élucider peut-être ce mystère qui plane sur la disparition de ce frère...
La restauration des tableaux, l’allègement des vernis (titre et thème, par ailleurs, d’un superbe roman de Paul Saint Bris), le comblement des lacunes requièrent tout d’abord un long examen de la toile puis de longues heures de concentration et de patience afin de redonner son éclat à ce qui l’a perdu, voir surgir les couleurs originelles et permettre ainsi à un tableau ancien de renaître.
Peut-on faire de même avec le passé ?
Le voyage qu’entreprend Marion pour tenter de soulever le voile de non-dits, de secrets de famille, de violences tues de génération en génération, dénouer les fils d’un passé qui la consume s’apparente beaucoup au métier qu’elle exerce.
J’ai aimé ce rapprochement fait par l’autrice et l’ai trouvé très pertinent.
Cette quête de vérité, cette enquête, elle doit absolument la mener à terme, quelles qu’en soient les difficultés si elle veut devenir une femme libre.
Vanessa Bamberger en utilisant ce parallèle montre bien la délicatesse et la grande patience qui doivent être utilisée dans les deux cas.
Si Les brisants est avant tout un roman psychologique, il est également un thriller et un roman d’amour dans lequel cette terre inconnue pour Marion qu’est l’île de Batz occupe une place prépondérante. La faune, la flore et ces fameuses algues brunes contribuent grandement à cette atmosphère très mystérieuse, inquiétante et souvent oppressante dans laquelle évolue l’héroïne.
Vanessa Bamberger, avec une écriture fluide, m’a emportée avec plaisir dans cette aventure qui conte le cheminement d’une femme vers elle-même, vers les autres, vers la liberté… Une renaissance dans laquelle les couleurs sont à l’honneur. « Du ciel couleur graphite », première image, nous nous retrouvons « en pleine lumière », les mots de la fin...
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2023/10/vanessa-bamberger-les-brisants.html
Une première pour moi, je n'ai lu aucun des romans de cette jeune femme dont j'avais pourtant entendu parler !
Voilà, c'est fait !
Je l'ai choisi pour la Bretagne, pour le titre augurant quelques tempêtes, et sur les recommandations d'une amie !
Bon choix ! L'histoire nous fait voyager, peu en fait, en Bretagne, sur l’île de Batz, aujourd'hui et il y a une vingtaine d'années en arrière et encore plus loin dans le temps, dans les méandres bien cachés de la vie d'une famille, liée et reliée à ce coin de France, battu par les vents, secoué par des traditions ancestrales de magie ensorcelante, de plantes endogènes et de crime enfoui au plus profond des âmes.
Marion, restauratrice de tableaux, a découvert que sa mère avait hérité d'un terrain à Carantec et décide d'y jeter un œil. Un œil qu'elle a bien aiguisé, son métier est des plus précis et son art, au service de celui des autres, bien affûté pour remarquer les détails qui échappent peut être à d'autres. De fil en aiguille, elle se retrouve sur l’île de Batz, à la recherche de son frère aîné, disparu là même lors d'une colonie de vacances et dont le nom est à la fois partout dans le cœur et le tête de sa mère, mais impossible à prononcer pour elle.
Si l'intrigue finit par se dénouer de façon un peu rapide et un deus ex machina aidant ! Le roman vaut surtout par la qualité des descriptions, aussi fines que le couteau à restaurer de Marion, précises et bruyantes que les vents tempétueux du lieu, les odeurs de varech et de goémon pourri. L'autrice a réussi la performance de nous faire vivre au cœur même du lieu choisi, le nez au vent et les yeux grand ouverts , en fait, nous y sommes, on s'y croit, on y vit aussi ! Bravo !!
La mer traîtresse a-t-elle englouti Léo à 14 ans lorsqu'il était en colonie de vacances sur l'île de Batz?Marion restauratrice d'art s'interroge 20 ans après:de magnifiques descriptions,une mère plongée dans la douleur depuis 20 ans...un petit bijou d'écriture,un roman très humain!
Ce roman, c'est un grand bol d'air sur l'île de Batz, en face de Roscoff, au large du Finistère.
J'ai immédiatement été intriguée par le mystère qui entoure la disparition du jeune Léo à l'âge de quatorze ans, alors qu'il était en colonie de vacances sur l'île. C'était il y a vingt ans.
J'ai beaucoup aimé pénétrer dans l'atelier de Marion et je me suis émerveillée sur son travail minutieux pour restaurer des tableaux en enlevant délicatement le vieux vernis et la peinture recouvrant parfois certaines parties d'un tableau ayant été ajoutée au fil des ans. On peut y voir une sorte de métaphore des secrets enfouis.
Lorsque Marion, vingt-six ans, découvre que sa mère a hérité d'un terrain à Carantec, en Bretagne, elle va sur place et en profite pour se rendre sur l'île de Batz. Il se trouve que Léo était son frère.
Elle veut lever le voile sur cette histoire familiale que sa mère lui a livré au compte-gouttes et de façon incomplète. Tout se passe comme si le fantôme de Léo s'interposait entre sa mère et elle. Qui était vraiment ce frère dont elle ne parvient pas à se souvenir ? Les non-dits l'empêchent de vivre pleinement... Ce frère merveilleux, d'après sa mère, s'immisce sans cesse dans la vie de famille. Marion se sent étouffée par sa mère, ça lui fera du bien de s'éloigner.
J'ai été fascinée par la solidarité qui lie les habitants de l'île et, jusqu'à la dernière partie du roman, tout comme Marion, je me suis posé bien des questions. Un long cheminement semé d'embûches sera parcouru par la jeune femme qui pataugera longtemps dans des paysages pas forcément rassurants.
Les romans situés sur une île ont tout pour me plaire. Ici, le jardin exotique, les blocs de granit, les hauts-fonds, les bourrasques, les tempêtes, les haricots de mer que l'on tisse, les laminaires qui rejettent de l'iode en cas de besoin, les goémoniers, tout cela forme un cadre en adéquation totale avec les traumatismes de Marion.
Une histoire tout en finesse, des personnages complexes, des non-dits aussi dangereux que les brisants qui entourent l'île. Un roman exceptionnel.
Il y a dans les romans de Vanessa Bamberger une alchimie entre la raison et les sensations qui me convient particulièrement. Dans les histoires qu'elle construit pas à pas, rien n'est gratuit, il y a un fil rouge autour duquel s'enroulent les événements, des échos qui se répondent parfois, et aussi une évidence dans la psychologie des personnages qui les rend immédiatement palpables. Mais depuis Alto Braco, son deuxième roman, il y a surtout une puissance d'évocation qui puise dans une immense panoplie de sensations, et que l'on retrouve avec bonheur dans ce nouveau livre. Son meilleur à mon sens.
Les brisants, un titre qui évoque la mer et les embruns. Après les rudes paysages d'Aubrac, ce sont d'autres ciels qui naissent sous la plume de Vanessa Bamberger, tout aussi tourmentés, à la lumière changeante, ceux d'une île bretonne au large du Finistère où son héroïne va tenter de dénouer les fils d'un passé aussi plombant qu'un ciel d'orage. Sur cette île, vingt ans auparavant, le frère aîné de Marion a disparu au cours d'un séjour en colonie de vacances. Il avait 14 ans, elle à peine 7 et ses souvenirs sont d'autant plus édulcorés que sa mère a banni toute référence à cet endroit. Pour la jeune femme, débarquer sur l'île c'est s'aventurer en terrain inconnu dans une quête dont elle ne percevra vraiment l'objet qu'au cours de son périple.
Marion est restauratrice de tableaux, une artiste qui prête ses yeux et sa science des couleurs à l'évocation des paysages qui nous sont contés ; une réparatrice minutieuse habituée à gratter, alléger les vernis pour redonner à une toile toute sa lumière et sa beauté. Le parallèle entre le métier de Marion et le voyage qu'elle entreprend vers son passé est évident, mais l'autrice parvient à le sublimer grâce à un équilibre délicat dans le choix des mots qui évoquent l'univers artistique et se fondent harmonieusement dans la narration. Le décor prend vie, l'océan omniprésent au rythme des marées, les îliens parfois hostiles vis à vis des étrangers, l'atmosphère quelque peu oppressante de l'île alterne avec l'éclatement des couleurs et l'on suit avec une certaine fascination le cheminement de Marion vers la lumière dans toutes ses dimensions.
Le résultat est tout simplement éblouissant. Un roman comme une toile de maître.
(chronique publiée sur mon blog : motspourmots.fr)
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Lu aussi et chronique prête... bientôt en ligne. J'aime bien ce que tu en dis.