"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Je rêve de chats qui tombent des rambardes, d'adolescents aux yeux brillants qui surgissent au coin de la rue et tirent en pleine tête, de glissements de terrain emportant tout Cihangir dans le Bosphore, de ballerines funambules aux pieds cisaillés, je rêve que je marche sur les tuiles des toits d'Istanbul et qu'elles glissent et se décrochent. Mais toujours ta main me rattrape, juste au moment où je me réveille en plein vertige, les poings fermés, agrippée aux draps ; même si de plus en plus souvent au réveil tu n'es plus là. » Autofiction, grand reportage, document politique, roman d'amour, Le Sillon est d'une richesse inclassable, porté par la lecture sensible et engagée de son autrice.
Le sillon de Valérie Manteau Le Tripode — Audiolib
Prix Renaudot 2018
Valérie Manteau a fait partie de l’équipe Charlie Hebdo de 2008 à 2013.
Elle vit entre Marseille et Istanbul.
Je comprends les lecteurs qui ont été déroutés par cette lecture et je l’en explique. Pour nous tous il nous est difficile de se glisser dans une pensée autre que la nôtre qui ne soit linéaire. En lecture papier c’est un exercice souvent douloureux.
Mais l’avantage du livre audio est indéniablement de vous faire exécuter ce cheminement, se couler dans la pensée de l’auteur au son de sa voix. De plus à la fin il y a un entretien avec cette dernière qui met en lumière ce parcours atypique.
Véritable coup de foudre pour Istanbul, la narratrice y construit sa vie amoureuse et sociale, elle n’est pas là en touriste et donc le regard n’est pas le même.
2013 voit la contestation de la place Taskim et les exactions qui suivent, les purges.
Cela signifie violence et mort.
Par son histoire d’amour, Valérie est entrée dans une communauté où elle puisse la matière de ses réflexions.
Eux ,Stambouliotes se sentent opprimés et ne comprennent pas son attachement à ce pays alors que son histoire d’amour se termine, rien ne devrait la retenir dans ce pays en feu.
Ses déambulations et ses errances nous font vivre Istanbul comme si nous y étions, le lecteur étouffe en constatant que la population est prisonnière de l’intégrisme et de la dictature. D’un autre côté, nous vivons cette ville où une autre vie subsiste celle de la flamboyance de l’ancienne Constantinople, les cafés, les artistes, les intellectuels, cette vie qui pulse malgré tout et qui nous l’espérons n’a pas dit son dernier mot.
Elle témoigne sur la vie de Hrant Dink assassiné en 2007, mais aussi sur Esli Erdogan.
Les errances de l’auteur sont autant d’éclairages de notre monde et de ce qui s’y creuse.
Si le lecteur doit creuser un sillon que cela soit le sillon de la connaissance pour une conscience libre et vigilante.
Valérie Manteau se dessine en femme libre.
Un livre qui permet de ne pas oublier les noms de ceux qui sont tombés.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 06 juillet 2019
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