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Avec son histoire, Julien Thèves nous amène là où vivent nos souvenirs : dans les entrailles de l'enfance. C'est le pays d'où l'on ne part jamais, même si l'on s'évertue à essayer de le faire, même si l'on a l'illusion de l'avoir fait.
Fin des années 70, le protagoniste s'installe sur la côte basque avec ses parents et son frère. C'est un endroit idéal pour les enfants, entre le village et la ville, ils sont heureux, ils jouent avec leurs voisins, avec leurs voisines, dans un quartier parfait. Il y a les montagnes, il y a l'océan, il y a la plage où les parents, encore plein de désirs de jeunesse, se baignent nus pendant que les enfants sont à l'école.
Le temps passe. Le cocon idéal se disloque. Alors, il faudra quitter la ville. C'est d'abord le lycée avant le grand départ.
On suit le protagoniste désormais parisien, il revoit la ville qui l'a vu grandir et constate qu'elle a changé. Évolution de la ville, évolution des gens qui y vivent, y ont vécu, la ville s'embellit, les gens deviennent moches. Il voit les voisins que le temps n'a pas épargné, il voit la voisine devenue grosse et traînant dans un bar non loin de la frontière.
Fuir la ville du malheur pour y revenir apaiser et la trouver belle, car elle a mûri, elle est presque parfaite aujourd'hui. Y revenir, c'est oublier le centre du malheur, comment les murs suintaient la peur, combien l'avenir était loin, comment la capitale pouvait être le lieu où l'on s'extirperait du malheur. Y revenir, c'est profiter pleinement de la beauté du site, connaître le moindre recoin, faire de cette ville un rêve photographique, vivre des sensations élargies.
Le Pays d'où l'on ne revient jamais est né de la beauté d'un paysage d'enfance.
Le pays d'où l'on ne revient jamais publié en avril dernier par Christophe Lucquin Editeur est un court roman rédigé à la première personne du singulier. Nous ne connaissons pas le nom du narrateur. On suppose qu'il est très probablement largement autobiographique et inspiré de l'enfance et l'adolescence de l'auteur. La ville de H. dont nous ne connaîtrons le nom qu'à la fin du livre est très présente. le roman est centré sur l'enfance du narrateur en Espagne et dans cette ville de H. ainsi que son adolescence puis son entrée dans la vie d'adulte lorsqu'il est étudiant, tout cela entre les années 1970 et 2000. le livre est divisé en cinq chapitres de taille plus ou moins importante. Certaines phrases reviennent comme des refrains dans le texte, ce que j'ai apprécié. Ce texte fait des clins d'oeil à Proust, notamment à travers "Nom de pays : le nom". Une poésie simple s'en dégage. J'ai trouvé que c'est un très beau roman sur la famille, la violence qu'il peut y avoir dans certaines familles, les souvenirs de manière plus globale. On a notamment une évocation régulière des photos et de l'effet qu'elles produisent des années après lorsqu'on les revoit. La culture d'une époque est bien sûr présente tout au long du roman. L'enfance est ce fameux "pays d'où l'on ne revient jamais" et j'ai trouvé cette idée très juste. Christophe Lucquin en publiant cet auteur m'a permis de découvrir un très beau texte, une plume intéressante.
Je signale par ailleurs que ce roman est en lice pour le prix Marguerite Duras.
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