"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Au Malawi, le «Kusasa fumbi» désigne une tradition suivant laquelle les vierges sont déflorées par des hommes que l'on appelle les hyènes. Dans ce roman qui questionne la figure du paria autant que l'oppression sexuelle subie par les femmes, Fabienne Juhel suit successivement une jeune fille nubile, Elia, et un homme-hyène, Ladarius, qui se découvre malade du Sida.
Les 1eres pages ne m'emballaient pas, mais l'histoire arrive et nous nous prenons a lire ce livre . Il relate la vie des petites filles d'Afrique, ou il vaut mieux naitre "Garcon"; Pas de corvée d'eau, ménage... pas d'instruction, les femmes doivent savoir tenir un intérieur et leur homme.
Une école clandestine est creer sur une ile pour apprendre aux jeunes filles, comment garder son mari, avec des jeux de séductions.. A la fin du stage , elle sera défloré d'accord ou pas par un homme que l'on appelle Hyène.
Elia est encore une toute jeune fille quand elle est confrontée à l'une des plus violentes traditions de son pays, le Malawi. Dans cette enclave d'Afrique du Sud, on pratique encore le Kusasa fumbi. C'est dans un camp retranché, caché de tous, qu'un homme qu'on appelle une hyène, est chargé de les déflorer, alors qu'elles sont à peine pubères. Ces jeunes filles, qui sont encore des enfants, portent la charge de la prospérité de leur famille, et n'ont pas le choix que d'accepter leur destin. Elia pourtant, ne veut pas de cette vie là...
Première découverte de la plume de Fabienne Juhel avec ce très beau roman, le festin des hyènes. Racontée comme un conte, avec une écriture poétique et détaillée, l'histoire d'Elia est terrible. Naître fille est une première punition : elles ne vont pas à l'école, elles partagent très tôt les tâches quotidiennes de leur mère et elles sont de corvée d'eau.
En grandissant, c'est une seconde injustice qui s'abat sur elles. Afin d'éloigner le mauvais oeil, et pour honorer leurs futurs époux, les filles sont envoyées dans un camp de vacances, sur une île isolée. Après une éducation sexuelle enseignée en quelques jours, elles attendent le fusi dans une case sombre, qui va le déflorer.
Au-delà de l'histoire de ces filles, celle de Ladarius n'est pas plus glorieuse. Cet homme, qu'on a écarté de la société, à qui on demande d'honorer les traditions, n'est pas à envier. Il est seul, il sait que sa vie ne dépassera jamais ces actes sexuels qu'il opère mécaniquement, qu'il ne pourra jamais être aimé. C'est un paria, un orphelin qui effraie et qu'on rejette.
L'histoire d'Elia est émouvante et révoltante. Penser que de telles atrocités se pratiquent encore de nos jours est tout simplement impensable.
Et puis regarder sa fille, son bébé, son tout-petit, et confirmer qu'on pourrait donner sa vie pour qu'elle puisse vivre la sienne librement...
Après avoir lu – et beaucoup aimé – "La femme murée", "La chaise n°14" et "La mâle-mort entre les dents", je viens de découvrir "Le festin des hyènes", dernier roman de Fabienne Juhel que j’attendais avec une grande impatience. J’en ressors profondément émue et totalement éblouie.
Profondément émue par l’histoire, par la vie de ces femmes Malawites soumises à leurs maris et reléguées aux seules tâches ménagères, éducation des enfants et portage de l’eau chaque jour. Elia en fait partie de ces filles qui chaque matin s’en vont par les chemins poussiéreux. Affublée de bidons dont le bruit scande ses pas elle marche ainsi jusqu’au marigot où elle retrouvera ses congénères. Elia ne veut pas de cette vie-là. Elle veut aller à l’école comme ses frères. Hélas, son destin est scellé depuis que, pour la première fois, du sang a coulé entre ses cuisses.
Profondément émue par cette coutume ancestrale qu’est le Kusasa fumbi, rite sexuel de défloration d’une jeune fille vierge par un homme appelé hyène. Dans un camp aménagé sur une île loin de tout, camp pompeusement appelé "CAMP DE VACANCES POUR JEUNES FILLES", les familles confient leurs filles à Tafadzwa, une vieille, pour la préparation à la vie maritale.
Profondément émue aussi par Ladarius, ce fusi, cet homme-hyène, que l’on pourrait imaginer heureux d’entrer en relation avec pléthore de jeunes filles vierges et d’en faire des femmes. Mais finalement, il n’est rien, privé d’amour et devant vivre caché, sorte de paria que chacun évite. Car d’amour, il n’en est pas question : une nuit, juste une nuit pour accomplir son travail, son méfait ? Un métier, juste un métier, bien rémunéré certes, mais un métier qui fait de lui un homme à part. Ladarius, un coupable aux allures de victime…
Profondément émue et totalement éblouie. Totalement éblouie pas l’écriture de l’auteur qui nous narre des faits réels à la manière d’un conte, une écriture particulièrement travaillée, aux allures de poèmes, une écriture imagée et d’une grande élégance tintée parfois d’une pointe de malice. Fabienne Juhel n’a pas son pareil, en effet, pour nous parler de sexe "J’ai senti qu’elle m’en voulait. Comme si elle m’avait catalogué, qu’elle avait compris que ça ne nous amusait pas d’emballer notre canne à sucre avec de la cellophane à chaque fois que nous prenait une envie de baiser." Elle a de la même façon un talent particulier qui décrit la beauté de la nature, des arbres, de la faune et de la flore, le rire des hyènes et le chant des oiseaux.
Entre bien et mal, beauté et horreur ce roman est absolument grandiose.
https://memo-emoi.fr
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