"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
A la faveur de la construction d'un barrage aux abords d'un village condamné par le nouvel édifice, le destin d'un homme au passé trouble entre en résonance avec celui d'une petite communauté isolée en pleine montagne. Dans des paysages dont la splendeur contraste avec la violence fruste des moeurs, un combat tellurique et intimiste à la fois.
Superbe
Le Japon: des hommes s'enfoncent dans la montagne pour y construire un barrage et sur sa trajectoire, un hameau hors du temps avec des habitants vivant en vase clos. C'est la confrontation entre le modernisme et le passé... Une belle histoire de deux mondes diamétralement opposés..
Une cordée d’humains grimpe le long d’un chemin à flanc de montagne. Cela tient plus du convoi de bagnards que de travailleurs volontaires. Et pourtant, ces hommes vont construire un barrage dans une vallée perdue où gît un hameau quasiment oublié et découvert lors des recherches d’un avion américain tombé pendant la seconde guerre mondiale. Bien évidemment, ce village sera englouti par les eaux du barrage et les habitants expulsés.
C’est le fond de l’histoire, mais la trame bous parle de la relation entre ces 2 entités : villageois et ouvriers que tout sépare et que l’incompréhension et la peur gagnent le monde du barrage.
Les dynamitages de la montagne commencent et ce sont les toits de mousse qui s’affaissent. Après chaque dynamitage, les ouvriers assistent ébahis et quelque peu goguenard au spectacle qu’offrent les villageois qui remontent cette même mousse sur les toits, et les regardent du haut de leur supériorité « de civilisé ». « Devant ces répétitions obstinées, les ouvriers commençaient à montrer des signes d’agacement…. Ces répétitions qui n’en finissaient pas avaient créé à notre insu une étrange atmosphère, comme si chaque camp rivalisait » Tous ? Non, un homme, le narrateur, les contemple.
Cet homme, récemment libéré de prison pour avoir tué son épouse infidèle, se promène avec, dans son sac à dos un talisman très spécial : quelques osselets pris dans le cercueil de la défunte !!! Il est là pour fuir ses démons, mais il sera le lien entre ces 2 entités
C’est lui qui dépendra le cadavre de cette jeune femme « suicidée » pendue à une branche d’arbre et qui pourrira jusqu’à ce qu’il décide de l’enterrer dignement ; Rédemption de son propre crime ????. « La posture de la fille disait bien qu’elle expiait sa faute. Couverte de moisissures, elle l’avait gardée, continuant à implorer pardon. Dans mon état d’esprit actuel, je me disais que sima femme avait eu la même attitude, je n’aurais pas pu ne pas lui pardonner…. »
En premier lieu, l’élégance de la couverture de ce livre donne envie de l’ouvrir avec douceur. Puis, au fil de l’ouvrage, l’atmosphère étrange et prenante, saturée d’humidité, nous encercle. Nous nous trouvons au cœur de cette dichotomie entre les ouvriers du barrage et les habitants de ce village perdu, une sorte de peinture en opposition, où les blancs ne sont pas si purs et les noirs si sombres. Le monde du barrage représente le « progrès » alors que les villageois qui ne peuvent ou ne veulent pas évoluer fuiront plus avant dans la forêt reconstruire un autre village avec les mêmes règles de vie, sans perdre une once de dignité.
Est-ce le parti pris d’Akira Yoshimura, que je lis pour la première fois ? En tout cas, ce livre m’a envoutée. J’ai été très sensible à la poésie qui s’en dégage. C’est un livre que j’ai dégusté.
La poésie est partout présente, c’est presque un livre-peinture tant l’évocation des couleurs et du végétal y est importante.
Un roman troublant par son atmosphère mystérieuse voire mystique qui va crescendo. On avance dans une ambiance brumeuse, humide, l'angoisse d'un sentiment de révolte sous jacent emprisonne le lecteur. L'auteur décrit une nature fascinante entretenue par une communauté respectueuse de son environnement qui préfère dignement transporter ses traditions ailleurs, sans heurts, laissant là le modernisme s'accomplir, l'âme de leurs morts comptant plus que tout. Une fable écologique qui donne à réfléchir sur le sens de la vie et de la mort, sur les conséquences de nos actes, sur nos relations avec la nature et l'humanité, à lire et à méditer…
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