"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
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C'est un manga tout en finesse et subtilité, parfois acide l'air de rien, non manichéen et pas non plus féministe en contre (c'est-à-dire en opposition aux hommes). Nous sommes bien loin de l'image du manga pour adolescente fleur bleue ou jeune garçon violent. Le dessin est fluide, précis, juste, détaillé sans surcharge. Le texte est tout en double sens ou il faut être bien attentif car il y a souvent un second degré. Il est à noter la qualité de la traduction qui nous permet de pouvoir le percevoir (traduit par Samson Sylvain).
Nous sommes dans les années 70 au Japon, juste après le "mai 68" à Tokyo (un peu comme à Paris mais en plus violent). Yuko a 25 ans, elle est divorcée, elle a une petite fille de 3 ans qui est en garde continue chez la grand-mère maternelle. Si elle a intégrée les codes sociaux notamment sur la place de la femme, elle n'en est pas pour autant résignée et tente de résister en essayant de maintenir son indépendance financière, professionnelle et familiale.
Michio, son ex-mari, erre comme une âme en peine entre alcool, spleen et désillusion. Elle tient un club à hôtesses (bar à hôtesses) dans le quartier de Ginza qui pourrait être l'équivalent du quartier du Moulin rouge.
Le manga est découpé en chapitres mais traversés par des thèmes profonds et peu évoqués sur la scène publique et sûrement encore moins dans les années 70 :
- la solitude
- le suicide des femmes avec un très bel extrait d'un poème : "les fantômes des poissons dorés / De solitude / De tristesse / Se jettent sur cet hameçon / Venu du ciel" - Bocho (l'hameçon représentant le suicide)
- le fait d'être mère tout en ayant une activité professionnelle atypique
- le fait d'être père et de ne plus avoir de droit en cas de divorce
- la sexualité féminine, le rapport à son corps et au désir
- la tristesse et la solitude des enfants de parents divorcés (qui n'ont pas voix au chapitre)
- la pression sur les hommes pour être performant sexuellement
- un #MeeToo avant l'heure dans le secteur de l'édition (p.326) avec une subtilité indéniable ?
Mise à jour de cette réflexion suite à la lecture de la post-face du tome 2 : c'est un #MeToo par... le bourreau lui-même qui s'en amuse. C'est malsain je trouve.
Une perle visuelle et émotionnelle, une chronique sociale contemporaine du Japon des années 70 tout en retenue, écrit par UN mangaka.
Reflet du Japon dans années 70 et des conditions de vie toujours difficiles auxquelles sont soumises les femmes divorcées à cette époque, ce manga est d'une beauté mélancolique sublime. On y retrouve le dessin fin et délicat de Kazuo Kamimura qui dépeint comme toujours des héroïnes malheureuses mais résignées à mi-chemin entre tradition et modernité.
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