Récompensée cette année pour "L'Ami du Prince", la romancière vous confie 10 lectures indispensables
Le narrateur, à la demande d'une psychiatre, raconte les événements qui, en l'espace de cinq jours, ont dévasté sa vie.
Tout commence lorsque ce vendeur de téléphones mobiles apprend le décès de son père, avec lequel il entretenait des rapports très lointains. Afin d'organiser les obsèques, le jeune homme se rend dans la petite ville où vivait le défunt et s'installe dans la maison paternelle. Il fait alors une découverte terrifiante qui le plonge, au fil d'un enchaînement insidieux de faux pas, dans une situation cauchemardesque.
On retrouve ici ce qui faisait la force du premier roman d'Alexandre Postel : une narration implacable et ironique, qui donne au récit la forme d'une tragédie. Le sentiment de culpabilité, au centre du texte, génère une atmosphère trouble et inquiétante : jusqu'à la dernière ligne, le lecteur hésite entre l'empathie, la révolte et l'effroi.
Récompensée cette année pour "L'Ami du Prince", la romancière vous confie 10 lectures indispensables
Il est vendeur en téléphonie mobile à Paris, il vivote entre ce job sans grand intérêt et Marion, cette femme du monde plus âgée que lui, mariée et avec qui il vit une histoire clandestine. Sa mère est morte il y a longtemps et il n’a plus réellement de contact avec son père qui habite dans le Puy de Dôme. Lorsqu’il reçoit un coup de téléphone lui apprenant que son père est mort d’une hémorragie cérébrale dans son agence bancaire, il prend le train pour aller organiser les obsèques et débarrasser la maison de son enfance avant de la mettre en vente. C’est en descendant dans la cave que sa vie bascule dans l’irrationnel.
Le tout petit roman d’Alexandre Postel (à peine 120 pages) raconte, sur 5 jours, le basculement vers l’horreur d’un jeune homme qui n’est jamais nommé. Le récit est raconté à la première personne et se déroule du 30 avril (jour de l’annonce de la mort du père) au 5 mai (jour où son destin se scelle pour le pire). Le récit est fait entièrement en flash back, c'est-à-dire que ce jeune homme raconte (à son psy ? A son avocat ?) ce qui s’est passé avec ses mots à lui, et il essaie d’expliquer l’inexplicable. La force de ce récit, c’est indéniablement la première personne. La même histoire racontée autrement n’aurait pas la même force et surtout on comprendrait encore moins ce pauvre bougre qui ne fait qu’enchainer les mauvaises décisions et les comportements erratiques. Sans trop en dire, on peut quand même préciser que dans la cave de son père, il trouve quelque chose d’abominable, de criminel. Alors qu’il pourrait sauter sur son téléphone et prévenir la police, il cède à la panique d’être incriminé « il faudra un coupable, et ce sera moi puisque mon père et mort, ils vont me coller cela sur le dos, jamais ils ne croiront que je ne savais rien ». Mais la peur est très mauvaise conseillère, à chaque fois qu’il a l’occasion de se sauver, il fait de mauvais choix, il avale trop de somnifères, il boit plus que de raison, il va trainer dans les bars louches de Clermont Ferrand pour s’abrutir et ne plus penser. En tant que lecteur, tout cela est à la fois incompréhensible et déconcertant, comme si ce jeune homme épousait inconsciemment le crime de son père, comme si le sang qui coule dans ses veines était maudit et que rien ne pouvait empêcher qu’il « devienne son père ». Je ne sais pas si la démonstration est ultra convaincante pour tout dire, ce qui reste du livre une fois refermé, c’est une incompréhension qui n’aura jamais été réellement dissipée. On n’arrive pas à être en empathie avec ce type, en dépit du désarroi compréhensible qui est le sien. Et d’ailleurs, on comprend mal les tenants et les aboutissants de sa relation avec Marion, qui semble anecdotique au départ mais qui s’avèrera cruciale pour le dénouement. La fin est assez morale, puisqu’il a épousé le destin paternel, il en épousera les conséquences. Ce roman a été adapté au cinéma au début de cette année sous le titre « Le Successeur », c’est d’ailleurs ce film qui ma poussé vers le roman d’Alexandre Postel. Le film a fait pas mal d’entorses au roman littéraire sur le crime lui-même et sur la fin (très différente). Mais l’esprit reste le même, celui d’un homme poussé au crime par ses gènes, en quelque sorte. Pas désagréable à lire, court et bien écrit, « L’Ascendant » laisse dans son sillage un vague sentiment de malaise. Si c’était l’objectif de l’auteur, c’est réussi !
Le successeur film de Xavier Legrand librement inspiré et très remanié à partir de l'ascendant d'Alexandre Postel
Un roman qui mêle aussi un thriller, où un homme de 36 ans vendeur à la demande d'une psychiatre, raconte les événements qui, en l'espace de cinq jours, ont dévasté sa vie. Tout commence lorsque ce vendeur de téléphones mobiles apprend le décès de son père, avec lequel il entretenait des rapports très lointains. Afin d'organiser les obsèques, le jeune homme se rend dans la petite ville où vivait le défunt et s'installe dans la maison paternelle. Il fait alors une découverte terrifiante qui le plonge, au fil d'un enchaînement insidieux de faux pas, dans une situation cauchemardesque.
Récit psychologique d'Alexandre Postel, un style simple, fluide, efficace et descriptif. Une histoire fascinante, des réflexions, plein de questionnement tourbillonnant. Chacun pourra interpréter le sens de se livre.
"La plupart des hommes perdaient leur temps à élaborer des fantaisies, des illusions qu'ils essayaient de faire accroire aux autres, et ils mouraient après avoir fait semblant de vivre"
"Pour la première fois je prenais conscience de l'importance que j'avais eue, peut-être, dans la vie de mon père. Je n'avais imaginé qu'il pouvait avoir besoin de moi sans doute est-ce une chose que tout enfant a du mal à concevoir. Si je m'étais comporté autrement, si j'étais resté auprès de lui, si seulement j'étais venu le voir plus souvent, y aurait-il eu la cage ? Absurde."
Le narrateur vient d'apprendre le décès de son père. Depuis quelques années, ces deux personnages ne se voyaient plus guère, l'entente était rompue. le fils se rend cependant dans la maison du père pour organiser les obsèques. Et là, une surprise de taille l'attend. Même si on la découvre dès le début du roman, je ne peux vous dévoiler cette surprise. Dans tous les cas, alors qu'on ressent une certaine pitié pour le narrateur au début de l'histoire, cela n'empêche pas celui-ci de s'identifier à son père et de devenir un être inhumain et cruel. On nage alors dans l'incompréhension. L'atmosphère devient vite étrange et étouffante. Une écriture hors du commun que je recommande vivement.
Un homme de 36 ans, plutôt discret et solitaire apprend la mort de son père, qu'il ne voit qu'épisodiquement.
Il se rend alors à son domicile afin d'effectuer toutes les démarches.
Mais là, dans la cave, il fait une découverte époustouflante.
L'histoire nous est racontée alors qu'il s'entretient avec un psychologue.
Quel étrange ovni littéraire !
Les réactions de l'homme sont plutôt étonnantes.
On a un petit goût d'insatisfaction en refermant le livre.
Il nous manque pas mal d'éléments de compréhension, pas mal d’explications.
C'est ce qu'on peut appeler une lecture ouverte.
Une histoire surprenante, hors des codes classiques.
C’est une entrée plutôt remarquée qu’avait faite Alexandre Postel en 2013 avec son premier roman, intitulé Un homme effacé (paru aux éditions Gallimard et disponible en livre de poche dans la collection « Folio »). Lauréat du prix Landerneau et Prix Goncourt du premier roman, ce roman mettait en scène un professeur de philosophie, veuf et menant une vie monotone et isolée, qui se voyait accusé par la police après que des images à caractères pédophiles aient été retrouvées sur son ordinateur. Sur un fait divers d’actualité, Alexandre Postel, professeur de lettres en classe préparatoire à Paris, nous livrait un thriller servit par une plume impeccable. Le deuxième ouvrage est, dans une carrière, une véritable épreuve, qui déçoit souvent après un premier coup magistral. Ici, il n’en est rien et confirme le réel talent de son auteur.
« Vous autres gens méthodiques, il vous faut toujours un début » [page 7]. C’est par ces mots que le narrateur, dont nous ne connaîtrons jamais le nom, débute son histoire, face à une psychiatre qui n’interviendra jamais dans le récit. Il entreprend de raconter ce qu’il s’est passé durant cinq jours, lors du week-end prolongé du 1er mai et qui modifiera en profondeur son existence. Cet incipit s’adresse directement au lecteur qui deviendra, dès lors, le réceptacle des confidences du narrateur et interprétera le rôle du psychiatre. Il y a une forme d’agressivité dans cette phrase et nous donne une première impression défavorable de l’individu. Cette impression n’aura de cesse de changer tout au long du roman.
Tout comme Damien North, le personnage principal d’Un homme effacé, le narrateur de L’Ascendant se retrouve bloqué dans une routine et une vie familiale assez conflictuelle : employé dans un magasin de téléphonie, il parle de ses projets pour le week-end prolongé qui arrive avec son patron. « Télévision, bières, jeux vidéo et […] Marion » [page 8]. Rien d’extraordinaire. Un appel téléphonique va chambouler son planning en lui apprenant le décès de son père, avec qui les rapports étaient quasi inexistants. Il va profiter de ces quelques jours de repos pour se rendre dans la ville où vivait son père et découvrira, dans la cave de la maison paternelle, un terrible secret qui le fera s’interroger sur son parent.
Il est difficile de parler de L’Ascendant sans révéler ce secret qui n’est pas dévoilé sur la quatrième de couverture et dans le résumé fourni par l’éditeur et que le narrateur découvre à la vingtième page. Des deux rebondissements que contient le roman, le premier n’est pas le plus important, c’est pourquoi j’inviterais le lecteur qui ne veut pas en savoir plus de ne pas continuer de lire mon compte-rendu et de se précipiter pour lire l’ouvrage.
« J’ai aperçu un visage que la surprise, la peur avaient figé à ma vue » [page 19]. C’est une cage avec une femme à l’intérieur que découvre le narrateur. Cette découverte va plonger le jeune homme dans une série de réflexions concernant son père, la relation qu’il entretenait avec lui mais aussi ces zones d’ombres qui l’entouraient. À travers de nombreuses suppositions sur la présence de la captive qui ne tiennent pas debout, une réalité va s’imposer au narrateur face à « cet imposant fardeau » [page 62] : « je ressemblais tellement à mon père ! » [page 65]. Il retardera son appel à la police, tout en cherchant un moyen de se débarrasser de la jeune femme, tandis qu’il plongera dans une routine, faite de repas de céréales et d’antidouleurs : « J’ai pris deux comprimés. C’était devenu une habitude. » [page 69].
Il y a, dans le personnage du narrateur, quelque chose de Meursault, ce narrateur de L’Etranger d’Albert Camus : les deux personnages sont en pleine perte de repères, paumés et dont les réactions et pensées sont finalement en décalage avec la réalité, le tout avec une écriture resserrée qui rappelle celle de Simenon et une plongée dans la psychologie d’un homme qui porte sur lui la culpabilité de son père, un héritage indésirable mais qu’il ne peut refuser. On pourrait souligner que le traitement de l’intrigue annexe concernant la petite-amie du narrateur semble être bâclée, mais celle-ci n’est qu’un prétexte pour permettre au monde extérieur de pénétrer dans cette maison et de découvrir l’horreur de la situation avec un second rebondissement qui donnera au titre du roman à la fois toute son ampleur et un nouveau niveau de lecture.
En délimitant le cadre du roman à une seule intrigue et à ces cinq jours qui suivent la mort du père, Alexandre Postel frappe un grand coup et nous plonge, en même temps que le narrateur, dans une histoire absurde où l’immobilisme du personnage principal nous entraîne dans les méandres de ses pensées, dans lesquelles le bon sens n’existe pas. Alexandre Postel livre un court roman puissant, troublant, dérangeant.
https://unepauselitteraire.com/2015/08/10/lascendant-dalexandre-postel/
Dans ce roman, parfois glaçant, l'auteur nous raconte la vie d'un homme ordinaire, vendeur de téléphones mobiles, qui, à la mort de son père, se retrouve dans une situation incroyable, situation qui n'a vraiment rien d'ordinaire.
Le lecteur croit lire un roman de plus sur la disparition d'un parent, sur le deuil, sur l'héritage peut-être. Mais, il est bien loin de la réalité.
Il se retrouve plongé dans une affaire inextricable. Il aurait envie de secouer le narrateur, de l'obliger à prendre la situation en main, d'essayer de le sortir de la léthargie profonde, dans laquelle il se trouve englué, renforcée par l'abus d'alcool et d'anxiolytiques.
Mais à la place du narrateur, qu'aurait-il vraiment fait?
L'écriture de ce roman est fluide, agréable.
De grands moments de suspense.
Un deuxième roman à découvrir absolument.
Extrait:
« Chaque fois que je repense à la mort de mon père, la première image qui me vient à l'esprit, la plus nette, la plus intime, ce n'est pas le visage aperçu plus tard dans la chambre mortuaire, ce sont ces fleurs de marronnier, spongieuses, blanchâtres, défraîchies, aux étamines recourbées comme de longs cils de femme. Je ne sais pas combien de temps je suis resté sur le boulevard. J'ai fini par retourner vers la boutique: un livreur à motocyclette, qui roulait sur le trottoir, a dû klaxonner pour que je m'écarte de sa trajectoire.
J'ai annoncé la nouvelle à Franck qui a posé la main sur mon épaule en murmurant qu'il ne savait pas quoi dire. Puis il m'a demandé si mon père était malade. J'ai répondu qu'à ma connaissance il était en bonne santé et Franck a eu l'air effondré. Comme je ne voulais pas qu'il se mette à pleurer j'ai abordé la question des jours de congé. Il m'a donné deux jours en plus du week-end, ce qui me laissait jusqu'au mercredi matin. »
128 pages pour transformer le destin d'un homme banal en une spirale infernale ! Alors que l'histoire commence simplement par le décès de son père, le narrateur embarque pour une série d'actes manqués, de quiproquos, de révélations sur son "ascendant" et s'enferme dans un scénario où il ne maîtrise plus rien et où, malgré la mort, son père le manipule, le contraint, l'enfonce plus profond dans l'irréparable.
La narration est impeccable, intelligente, l'ambiance habilement décrite, l'angoisse monte par crans et ferait de ce roman un très bon polar !
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