"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Lorsque Monseigneur envoie Jean Duperrier comme aumônier au couvent de Sainte-Hildegarde-du-Mont, on pourrait craindre qu'il introduise le loup dans la bergerie. Jean Duperrier a perdu la foi, mais Monseigneur est bien certain que la Supérieure, Marie-Anne, saura veiller à ce qu'il ne trouble pas, volontairement ou non, les âmes dont il a la garde. Jean Duperrier est le narrateur du présent récit. S'il ne croit plus au Dieu de son enfance, il appelle loujours «démon de la chair» le dieu des corps dont il éprouve la puissance. S'il essaie de séduire Marie-Anne, c'est par un sursaut d'orgueil et pour savoir si elle possède une certitude que le doute ne peut entamer. Le combat se déroule sur deux plans : pour Marie-Anne, entre l'amour sacré et l'amour profane, entre la nature et la grâce, mais aussi, pour Duperrier, entre les apparences et la réalité. Jean Duperrier, s'il ne croit plus à rien, connaît le pouvoir des rites. Il se demande quelle est en chacun de nous la part de la comédie et dans quelle mesure la comédie se confond avec l'être même. On retrouve ici les qualités du Clown ; mais ce n'est plus le théàtre du monde avec sa vie grouillante, la scène est réduite aux dimensions d'un couvent et le dialogue est plus tranchant. L'Amour profane, qui se prête à bien des transpositions, peut aussi se lire simplement comme une très singulière histoire d'amour.
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