Au XIIe siècle en Provence « apparaît » un ouvrage énigmatique : le Sefer ha-Bahir, un traité ésotérique anonyme en hébreu (« Le Livre de la Splendeur ») qui puise à la tradition juive des premiers siècles de l'ère chrétienne. Il inaugure un genre littéraire promis à un avenir autant radieux que funeste : la Kabbale (Qabbalah, « la tradition »). Car si les premiers kabbalistes élaborent une doctrine révolutionnaire - le Mal s'est « accidentellement » libéré lors de la Création et a envahi le monde -, ils inaugurent également une ère de suspicion et de proscription, tandis que les chrétiens cherchent à s'approprier « la science mystérieuse des Juifs », à laquelle ils prêtent des pouvoirs magiques. Au XVIe siècle, Isaac Louria enrichit la Kabbale d'une dimension « régénératrice » : il revient à l'humain - et à lui seul - de « réparer » ce monde imparfait où prolifèrent la peur, l'injustice, la souffrance et la mort. En « déconstruisant » l'image de Yahvé, divinité obscure et totalitaire, les kabbalistes vivifient un dogme figé et participent à l'avènement de l'Humanisme. Ils réhabilitent le vide primordial, évincé au profit du concept philosophique de néant (l'insondable et angoissant ex nihilo) et rendent ainsi à l'univers sa plasticité, préfigurant la théorie du Big Bang et l'expansion de l'Univers ! Quant à l'humanité, ils revendiquent pour chacun. e une identité propre et un cheminement personnel, tandis qu'ils affirment que l'individu, homme ou femme, peut être doté d'une âme d'un genre opposé...
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