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La fille qu'on appelle, c'est elle, Laura, vingt ans à peine, un corps qui attire le regard. Son père, Max, est le chauffeur du maire et également un boxeur professionnel, ancien champion.
Alors quand Laura revient vivre dans sa ville d'origine, près de son père, celui-ci demande à son patron de donner un coup de main à la jeune fille pour trouver un logement.
Mais les faveurs d'un politique véreux ne se bradent malheureusement pas.
Auprès de policiers pas toujours disposés à l'écouter, Laura fait le récit d'une emprise, de la mainmise d'un homme qui pense que tout lui est dû.
Le propos n'est pas rare ces derniers temps (l'emprise, les abus de pouvoir...) mais il fait toujours son effet et j'ai été touchée par la détresse de cette jeune fille qui ne sait comment réagir devant les avances déplacées d'un homme puissant ; et qui d'ailleurs ne réagit pas.
La prose de Tanguy Viel, que je découvrais, est belle et gracieuse. Il y a une beauté du verbe, de la phrase, que Marie du Bled met en valeur par sa voix douce et posée.
On sent dans sa lecture le rythme du texte, comme une mélopée.
Max, boxeur sur le retour, est le chauffeur du maire de sa commune. Sa fille Laura vient de retourner auprès de son père dans cette ville de bord de mer, pour retrouver une certaine indépendance, elle cherche un logement.
Grâce à l’intervention de son père, Laura a rendez-vous avec monsieur le maire, dans son impressionnant bureau. C’est un homme charismatique a qui tout semble réussir. Son père voudrait que Le Bars intervienne et fasse accélérer sa demande d’appartement. Mais c’est un autre arrangement qu’il lui propose, arrangement dans lequel il va pouvoir à loisir exercer son emprise sur la jeune femme et assouvir quelques envies au passage.
Car Laura est belle, Laura est impressionnable même si elle se croit forte et femme, et surtout Laura a fait des photos de mode pour lingerie fine, mais pas seulement. Et monsieur le maire, tout comme ses grands amis, sont au courant de bien des choses et savent manipuler ceux dont ils souhaitent obtenir l’obéissance.
Laura, que l’on retrouve pourtant au commissariat au moment où elle vient déposer plainte. Elle déclare avoir subi l’emprise du maire aujourd’hui devenu ministre.
Ce que j’ai aimé ?
L’analyse intéressante et maîtrisée de l’emprise, du rapport entre un homme charismatique qui se sait puissant et une jeune femme qui se laisse faire, sans réagir, jour après jour.
Sur le silence et les collusions, sur les petits accommodements pas du tout raisonnables des élus et des édiles, sur la force des puissants, leur cynisme et leur pouvoir.
chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2022/03/02/la-fille-quon-appelle-tanguy-viel/
Pour avoir déjà lu un roman de T.Veil, Article 353 du code pénal, le procédé ne m'a pas surprise. Ce roman prend la forme d'un procès.
Laura, la "fille qu'on appelle" dépose une plainte contre le maire Le Bars qu'elle accuse d'abus de confiance. C'est par le biais de cette plainte que le lecteur découvre l'histoire
.Presque un huis clos puisque peu de personnage sont impliqués dans le récit : Laura, Jeune fille de 20 ans; le maire Quentin Le Bars qui deviendra ministre; le conseiller municipal et ami de ce dernier, Franck et le père de Laura, Max ancienne gloire de la boxe, actuellement au service du maire en tant que chauffeur. Les 3 hommes sont liés par le passé et sont liés par les attaches nébuleuses du pouvoir.
L'action se passe aussi dans un seul lieu, le casino où Laura bénéficiant de l'aura de son père va chercher refuge, avec un travail et un logement. L'ensemble se révélera glauque : travail et logement contre bons services. C'est quasiment une histoire moderne, digne du mouvement #Metoo : Laura raconte l'emprise de cet homme sur elle, tente d'expliquer comment elle a été entrainée contre son gré dans ces pratiques, dans cette relation donnant-donnant, sexe contre services logement... Le roman audio d'Audiolib lu par une femme Marie du Bled renforce le tragique en permettant d'entendre la voix de Laura, d'écouter ses atermoiements, ses arguments, de saisir sa détresse. Laura qui sous la plume de Tanguy Vieil creuse, décortique les sentiments, dissèque l'âme des hommes, met au grand jour le fonctionnement de ces prédateurs, ces hommes de pouvoir, dénonce la fracture entre le pouvoir et les autres. Le récit est glaçant, la dénonciation d'un monde politique violent aux allures de mafia, et terrifiant d'impuissance, la loi du plus fort socialement s'impose avec force. J'ai éprouvé de la compassion pour Laura mais aussi pour son père qui subit, souffre en silence et qui réagit viscéralement. C'est un récit qui prend aux tripes. Tanguy Vieil sait utiliser les mots qui montrent la vérité crue.
"La fille qu'on appelle", presque un fait divers d'actualité,
3 heures d'écoute intense et dramatique.
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