"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Cette année, à Citéplage, là où devrait se trouver la mer, il n'y a que du sable et des rochers.
Depuis des mois, la mer reflue, aspirée sans fin et sans cause connue.
Dans cette cité balnéaire totalement vide, où les tortues s'échouent de désespoir, Élo tente de faire comme si rien n'avait changé. Mais sa relation naissante avec Hugo, le repli de sa mère et l'attitude ambiguë de son père la poussent à s'affranchir des attentes maternelles.
Comme tous les ans, Élo et ses parents partent en vacances à Citéplage. Sauf que depuis des mois, le sable et les rochers ont pris possession des lieux. La mer reflue, elle n’est plus la même, aspirée par un gigantesque trou au large. Une atmosphère de fin du monde plane au-dessus du peu de touristes présents. Cette mer qui disparaît est le seul lien entre Élo et sa mère. Sa fraîcheur d’ado vacille alors comment peut-elle faire face à cette fatalité ? Élo, qui ne pense qu’à lutter pour que la mer reprenne ses droits, se retrouve confrontée à sa propre histoire. Hugo, son ami de vacances, est là et bouleverse le peu de confiance qu’elle avait.
L’ambiance de ce roman est au départ assez étrange. Qu’est-ce que ce Reflux ? Et pendant quelques pages, la question me tient en haleine. Je me suis laissée porter par les courants marins de ce livre, au style à multiples facettes : fantastique, amour, anticipation. Tous les genres s’y mixent pour que je nage en eaux troubles. Et cela fonctionne.
La Dernière Marée est une plongée hors du commun en littérature ado. Ce premier roman d’Aylin Manço présente une atmosphère déroutante. Cette catastrophe naturelle, lente, considérée comme fin du monde, n’est pour Élo et Hugo qu’au second plan. Très vite ils se rendent compte que leurs parents ne sont pas là pour les protéger et leurs responsabilités sont mises à rude épreuve. Ils grandissent, deviennent forts, tandis que la mer faiblit de plus en plus.
« Quand on passe derrière la peur, il n’y a plus rien à voir : juste du bleu, sans nuance, sans profondeur. Ce n’est pas la mer, c’est l’idée de la mer, comme si elle avait plongé dans l’océan d’une mappemonde. »
Le roman évoque sept jours de vacances. Si peu et en même temps tellement. Élo subit le Reflux, qui lui plombe ses vacances, lui ouvrant ainsi les yeux sur la souffrance de sa mère face à cet événement. Elle se pose beaucoup de questions. Sa mère étant une ancienne grande nageuse, elle sombre dans la solitude, négligeant sa fille. Le pauvre père tente de maintenir sa famille à flot. Élo souffre de ce lien qui l’unissait à sa mère : la nage. Le récit est ponctué de souvenirs mère/fille émouvants, me faisant ressentir cette absence d’amour au sein du duo. Il n’est pas simple de s’identifier à sa mère. La voir comme une héroïne qui finalement présente ses faiblesses. L’admiration que l’une porte à l’autre est peut-être toxique. Je me pose la question.
« Parler quand on pleure, c’est comme crier à travers des milliers de bulles. Certaines d’entre elles éclatent, mais d’autres se multiplient, vous emplissent la bouche. »
La Dernière Marée c’est ce va-et-vient entre l’enfance et l’adolescence. Des doutes et des interrogations que l’on peut avoir face à l’inconnu. Des choix et des décisions qui nous font grandir et ainsi nous émanciper. Évidemment je n’ai pu m’empêcher de penser à l’écologie en le lisant. Il nous sensibilise sur la protection de l’environnement. Sur le rôle que nous avons à jouer pour préserver la faune et la flore. Un premier roman à la construction intéressante, à la maîtrise impressionnante. Aylin Manço ayant été conseillée par Clémentine Beauvais, autrice, je ne serai pas étonnée de voir dans peu de temps un second roman tout aussi fort.
http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2019/10/15/37713461.html
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