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Comme souvent, dans ses derniers livres au moins, Michel Manière est parti d'une expérience intime, infime et vertigineuse où quelque chose s'entrouvre que « la vie ordinaire » s'empresse de refermer mais qu'un roman est idéal pour explorer. A savoir ici, cette question que chacun de nous s'est entendu poser, et qui, effectivement, peut ouvrir sur un gouffre : « Qu'est-ce que c'est que ce silence ? » Dès lors qu'on n'y répond pas immédiatement, qu'on laisse précisément un silence s'étirer - parce que les circonstances s'y prêtent, qu'on est dans une vacance, une vulnérabilité qui nous y poussent -, dès lors qu'on descend dans ce silence, on peut arriver à une profondeur où il n'y a plus de réponse.
Michel Manière a estimé que l'expérience est si radicale pour son personnage, et celui-ci si fragile - il vient de perdre son enfant -, qu'il s'ensuit ce que les psy nommeraient peut-être une « décompensation psychotique » qui le rend mutique et, après l'avoir mis à la merci de la psychiatrie, l'ouvre à un retrait radical par rapport à tout ce qui constituait jusqu'alors sa vie et ses obligations d'adulte responsable.
C'est la raison pour laquelle la forme de ce roman est celle du journal intime. Car si le personnage de cette histoire est mutique il s'exprime tout de même à travers l'écriture.
Nous nous trouvons donc, lecteurs, au coeur d'une crise existentielle, et plongés aussi, par voie de conséquence, dans celle d'un couple. Comme nous le sommes dans un deuil où l'auteur va déjouer le plus possible les ressorts, les situations, les sentiments et les discours habituellement de mises dans de telles circonstances. En effet, par son silence et son exil, le héros ajourne l'affrontement, le désamorce, en change la nature-même. Il tend à ce « neutre » cher à Barthes qui lui permettra peut-être d'inventer pour son couple un « lieu de rencontre » inédit (même si on ne suit que le parcours de l'homme, on imagine, puis constate à la fin que la femme a eu le sien de son côté), un langage nettoyé des clichés qui nous enferment et, finalement de porter sur la nature de ce qu'on appelle « amour » un éclairage un tant soit peu nouveau.
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