"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Retour sur l'affaire, qui depuis deux siècles, divise la France. Mais ni plaidoyer idéologique, ni relation historique, ce livre consiste dans une véritable instruction juridique selon les critères mêmes de la justice internationale. La réparation d'un trou béant dans notre mémoire.
Pourquoi c'est un génocide.
Pourquoi il n'est pas reconnu.
Pourquoi et comment il devrait l'être.
Mars 1793 : la Vendée se soulève pour défendre ses bons prêtres et se bat pour le retour d'un roi qui protégerait cette religion que le nouveau régime persécute. Au cours de la guerre qui suivra, 21 à 23 % de la population de la région (170 000 personnes environ, surtout femmes, enfants et vieillards) périra.
Utilisant la méthode du droit pénal international telle qu'elle s'est développée dans l'analyse des génocides commis en ex-Yougoslavie, au Rwanda, au Cambodge, sans négliger l'expérience du tribunal de Nuremberg, Jacques Villemain démontre que ces massacres entrent parfaitement dans la définition de ce crime des crimes .
Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi a-t-on tant de mal en France à regarder ces faits en face ? Pourquoi serait-il bon de mettre derrière nous cette tragédie en reconnaissant enfin la nature de ces crimes, et comment le faire dans des conditions qui honorent notre attachement aux droits de l'homme et notre unité nationale ?
Une enquête sans précédent.
Qu’est-ce qu’un génocide ? En quoi diffère-t-il d’un crime de guerre ou d’un crime contre l’humanité ? C’est qu’il relève d’une volonté politique claire et nette de vouloir exterminer tout ou partie d’une population en raison de sa race, sa religion, ses idées politiques ou autres prétextes. Que l’on peut constater l’existence de textes, lois ou décrets dans ce sens (ou non), d’une chaine de commandement allant du sommet de l’état jusqu’aux exécutants qui, bien sûr, diront qu’ils ont obéi aux ordres s’ils doivent un jour répondre de leurs crimes. Les guerres de Vendée (1793-1794) ont vu toute une population se voir tout retirer jusqu’au statut d’êtres humains parce qu’elle était catholique et royaliste, refusait la conscription et la constitution civile du clergé. La Convention et particulièrement le comité de salut public tenu par Robespierre donnèrent les ordres d’extermination en toute clarté. Des délégués nationaux veillèrent à ce qu’ils soient exécutés scrupuleusement par l’armée bleue (aux ordres de Carnot, Turreau, Carrier et autres…) Comme la Vendée ne se soumettait toujours pas, on passa par les armes les révoltés et même quelques patriotes au passage, et on déporta femmes, vieillards et enfants, passant ainsi du crime de guerre au crime contre l’humanité. Et quand la Convention, à bout d’arguments, ordonna la mise en place des colonnes infernales, brûlant, gazant (sans succès) et tuant tout ce qui était encore vivant sur son passage, il est difficile de ne pas admettre qu’on en arriva au génocide, même si le terme peut sembler un brin anachronique vu qu’il ne fut officiellement condamné qu’en 1948 alors que le fait avait déjà existé malheureusement dans l’histoire de l’humanité (Carthage, Arménie, Shoah…).
« Génocide en Vendée » est un essai très bien étayé et parfaitement argumenté dans lequel l’auteur ne se pose pas en historien, mais en juriste de droit international et donc en défenseur de la liberté d’opinion qui est la base de toutes les autres. Il se demande pourquoi ce génocide historique doublé d’un « mémoricide » n’a toujours pas fait l’objet d’une reconnaissance officielle par la République, ce qui aurait permis de réconcilier les mémoires tout en veillant à ce que pareilles dérives mortifères ne se produisent plus jamais dans notre pays. Il semble que nous en soyons assez loin vu le négationnisme d’essence robespierriste toujours présent dans l’université et les médias et que l’on peut même en constater d’autres formes plus atténuées de tous les côtés de l’échiquier politique. La République est l’héritière de 89 sans aucun doute, mais la Démocratie ne l’est pas de 93 bien évidemment. Dans cet ouvrage intéressant, le lecteur découvrira toutes sortes d’aspects peu évoqués du problème, comme l’étrange attitude de Louis XVIII qui décora le boucher Turreau de l’ordre de Saint Louis ou celle, non moins discutable, de Louis-Philippe de faire graver son nom en compagnie de celui de Carnot sur l’Arc de Triomphe de l’Etoile, tout en faisant détruire des monuments du souvenir en Vendée même. Un désir de réconciliation poussé sans doute trop loin. Mais génocide ou « populicide » restent là et bien là comme une tache de sang indélébile sur le fronton de la révolution. À noter, en fin d’ouvrage, plusieurs documents (textes de lois, arrêtés, décrets, correspondances, preuves accablantes indiscutables) et une abondante bibliographie permettant de creuser un peu plus la question.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !