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«Marguerite-des-Oiseaux et maman ne sont plus désormais que deux grands sacs de larmes. Et l'enfant que je suis se dit qu'il devra peut-être, bientôt, à l'aide de cette pince à linge, les accrocher toutes deux, les suspendre comme deux tissus humides entre les draps, les taies, les culottes et les slips, afin que le vent les ballotte et en les ballottant, parvienne à les sécher.»
Nés sous les feux de la forge, ils étaient destinés à briller. Mais l'un des deux frères meurt trop tôt. Comment grandir avec une mère qui borde chaque jour un lit depuis longtemps vidé? Pourquoi ne pas plutôt entrer dans cette danse où la gaieté renaît?
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"Fils du feu", un premier roman court, fulgurant, coup de coeur !
Quelle lecture !
D’une écriture puissante, imagée, évocatrice et magnifique, le narrateur évoque son enfance de fils de forgeron. Celle irrémédiablement marquée par la mort prématurée du petit frère, qui provoqua à colère du Père et la folie de la mère ...
« Fils de feu » est le premier roman de Guy BOLEY. Cet auteur écrit comme il a boxé. Qu'ils soient de coeur ou de rage, d'espoir ou de regret, les coups sont directs. L'auteur s'expose, esquive, explose mais toujours en vérité . Il écrit comme il a dansé la vie et pris les risques des funambules de haut vol. Avec brio, la musique des mots choisis par l'auteur rend admirablement le son du souffle de la forge, le rythme des enclumes, la nostalgie à fleur de peau d'un métier d'artisan, sans compter la puissance et la fragilité des corps qui déterminent les genres et les modes de vie d'alors. Par ses mots à la portée de tous, chargés d'émotion et d'auto-dérision, Guy BOLEY met en scène, donne à voir, à écouter, à deviner , à redécouvrir le métier de forgeron qu'exerçaient son père et Jacky, l'apprenti. Lui, gamin, il observait et remplissait son âme de ce souffle de vie qui émane de la forge, des corps musclés luisant d'efforts et du chant des enclumes qui rythmait la cadence, la vie, le bruit et même le silence annonciateur d'une pièce finie, maîtrisée, unique, encore auréolée des étincelles que faisaient naître son père et Jacky, tous deux , à ses yeux, Maîtres du feu et Seigneur des masses.
Et puis, l'auteur nous raconte sa mère et le travail des femmes, le combat quotidien pour vaincre la crasse, tordre le linge, l'étendre à sécher et donner au gamin de quoi rêver lorsqu'il observait les culottes de Marguerite-des-oiseaux, pièces de tissu aussi grandes qu'un drap de lit pour enfant ! Avec une écriture chargée de tendresse, il nous dit la valeur simple du travail bien fait, la joie de vivre en famille, son horreur aussi quand la mort d'un enfant s'immisce comme un grain de folie au coeur d'une mère qui n'acceptera jamais la mort accidentelle de son petit.
L'enfant de la forge, subjugué par l'attrait du corps luisant de l'apprentis, dépassé par la puissance de frappe de son vulcain de père et la fragilité à fleur de coeur des larmes de sa mère ne saura jamais comment grandir, être lui, trouver sa place sans prendre, perdre ou tuer celle des autres. Il deviendra peintre pour devenir lui et se demandera de manière récurrente s'il faut, pour grandir, renier son passé resté présent ou le sublimer? S'il faut s'atteler à faire le vide autour de soi ou, au contraire, faire le plein de ces vides qui scandent la vie et, peut-être lui donnent sens.
Ayant trusté pas moins de six prix littéraires, « Fils du feu » est un très agréable premier roman, né à maturité et offert en partage par une plume qui s'enracine dans l'expérience d'une vie féconde, même si, à son époque, elle semblait aller à contresens du socialement correct. Guy BOLEY, un auteur dont il faut lire aussi « Quand Dieu boxait en amateur ».
C’est un enfant de 5 ans qui regarde son père et Jacky travailler à la forge : « Papa et Jacky, ferronniers d’art, ils maîtrisaient le feu mais ignoraient Vulcain, Prométhée et Wotan, Zeus ou Héphaïstos. Les dieux du Walhalla, d’Olympe ou de l’Iliade leur étaient inconnus. » Par contre, ce qu’écrit Guy Boley ne laisse aucun doute sur la fascination exercée par ces deux hommes « incultes mais intelligents ».
Le fils du feu, titre si bien choisi, est le premier d’une trilogie que l’auteur construit peu à peu avec une ferveur filiale sans concession où l’admiration côtoie l’ironie ou la critique, le style parfois emphatique contribuant bien à entrer dans ce monde simple mais tellement riche d’amour.
Fascination, interrogations, l’enfant qui grandit dans ce quartier de Besançon est persuadé que les adultes jouent un rôle tout en étant lucide sur lui-même : « J’étais en quelque sorte, avec tout cet orgueil dont est bouffie l’enfance, le docte souverain d’un royaume des médiocres. » Une grand-mère, une voisine qui parle et nourrit son fils mort à la guerre comme s’il était encore là, c’est là que grandit l’auteur, tout près du dépôt des locomotives qui imprègne tant la vie du quartier.
Certaines pages sont magnifiques et je comprends pourquoi ce livre d’un écrivain qui se révèle sur le tard, a tant séduit, décrochant quand même six prix littéraires. Il décrit, fait vivre le quotidien d’un enfant au contact des adultes ou de camarades plus âgés, à l’école mais c’est lorsque son père, ivre, frappe sa mère, que je ressens encore plus tout ce que peut éprouver cet enfant et qui donne l’occasion à l’auteur de revenir sur la naissance en termes très crus.
Guy Boley qui fut maçon, ouvrier, chanteur de rue, funambule, directeur de cirque, dramaturge, cascadeur… est profondément marqué par ce qui se passe sous ses yeux et… « soudain, tout brutalement se justifie : les crimes du passé, la violence des hommes, l’injustice du monde, Attila et ses hordes, les grenouilles décérébrées alors qu'elles sont vivantes, les guerres et leurs charniers, les chairs des femmes qui se déchirent afin de mettre au monde des enfants que la vie, d’un coup de dents broiera quand bon lui semblera… »
C’est un livre plein de vie mais dont la mort marque forcément de nombreuses pages. Son frère, Norbert, a disparu et sa mère ne s’en remet pas alors que le feu de la forge a dû s’éteindre et le père s’adapter jusqu’à devenir représentant de commerce. Puis il y a la maison vide, le fils du forgeron qui va en fac de lettres, s’adonne à la peinture et retrouve sa sœur, enfants du peuple partageant des moments intenses et profondément émouvants.
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Une belle plume que celle de Guy Boley , une émotion certaine pour l'enfant qu'il était ...un voyage dans un univers âpre et dur où la parole n'avait pas sa place ...
Jérôme, fils de forgeron est fasciné par le feu. La vie est un peu rustre à la campagne, mais il est tellement émerveillé lorsqu’il regarde son père et l’ouvrier travailler à la forge que la vie s’écoule tranquillement.
Malheureusement, un drame les frappe, son petit frère meurt.
La descente aux enfers pour les parents, seul, Jérôme s'efforcera de vivre et de grandir au sein d'une famille brisée.
Un premier roman vraiment réussi qui aborde des thèmes essentiels de la vie (la mort, le deuil, la maladie, la différence) d’une manière pudique, poétique et sans noirceur. Étonnamment en lisant ce livre, on a cette impression d’être protégés et entourés d’un halo lumineux tant l’histoire qu’on nous conte est belle, émouvante et d’une grande sensibilité.
Une fois la dernière page lue, l'émotion nous submerge et en refermant ce roman où tout prend son sens, où l’intensité des mots de l’auteur nous bouleverse encore inévitablement.
À lire doucement, en le savourant le plus longtemps possible….
https://leslecturesdeclaudia.blogspot.com/2018/08/fils-du-feu-mille-petits-riens-poupee.html
J’ai ouvert ce livre et je suis restée abasourdie, littéralement emportée, un roman rare et précieux que j’aurai bien du mal à chroniquer. Je crains en effet que mes propos ne dénaturent mon ressenti. Aussi, je serai brève, citant modestement Charles Bukowski à la lecture de « Demande à la poussière » de John Fante :
« Un jour j’ai sorti un livre, je l’ai ouvert et c’était ça. Je restai planté un moment, lisant comme un homme qui a trouvé de l’or à la décharge publique. J’ai posé le livre sur le table, les phrases filaient facilement à travers les pages comme un courant. Chaque ligne avait sa propre énergie et était suivie d’une semblable et la vraie substance de chaque ligne donnait sa forme à la page, une sensation de quelque chose de sculpté dans le texte… »
La dernière page refermée, j’ai éprouvé une sensation de manque et ai relu une seconde fois ce roman exceptionnel pour mieux encore saisir le texte, la poésie des mots, l’humanité et l’émotion ce roman incandescent.
" Et puis la vie reprit son cours. Ce n'est qu'une expression bien sûr : la vie ne pouvait pas reprendre son cours, puisque son cours ne s'était jamais arrêté; la vie ne s'arrête que pour celui qui meurt."
Jérôme, le narrateur est "fils de feu", c'est à dire fils d'un forgeron ferronnier d'art. L'enfance de Jérôme est ainsi bercée par l'activité de son père.Jérôme nous raconte son enfance, une vie de village dans les années 50. Son petit frère meurt précocement. Face à la peine, chacun s’invente sa parade : si le père s’efface dans les vagues de l’ivresse, la mère choisit de faire comme si rien ne s’était passé. Elle continue de dresser le couvert de son enfant décédé et de le border chaque nuit dans un lit depuis longtemps vide et Jérôme accepte, par amour, d'entrer dans ce jeu .
Guy Boley évoque la vie quotidienne d'un gamin dans les années 50 avant que le souffle de la modernité n'emporte tout. L'impossibilité de faire le deuil d'un enfant, la douleur d'une mère qui se transforme en folie, l'histoire d'un amour filial porté par une langue splendide, travaillée, riche et d'une poésie rare. L'auteur forge ses mots, cisèle ses phrases et c'est simplement magnifique. Ce roman est un pur bijou.
Récit touchant servi par une faculté d'écriture captivante. La richesse des mots ou des tournures de phrases plonge le lecteur au cœur de descriptions palpables, sonores, visuelles. La force du vocabulaire amplifie l'impact de la langue. On reste saisi par la capacité de l'auteur à donner tant de puissance à son récit.
Loin de toute surcharge linguistique ou littéraire, l'écriture de Guy Boley est efficace, forte, pure, simple, toute droite tendue vers la mise à nu des émotions.
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