Ces textes et entretiens menés par Antoine de Baecque (ancien rédacteur en chef des Cahiers du cinéma dans les années 90 et historien) pendant plus de vingt ans aux Cahiers du cinéma puis à Libération, définissent une certaine idée de l'écriture sur le cinéma, qui prône le mélange des genres et des influences. Antoine de Baecque fait partie de cette génération qui a le sentiment d'arriver après l'âge d'or de la cinéphilie, que tout s'est déjà joué avant. La critique des films, savoir en parler, les désirer par l'écriture, les attaquer ou les défendre, est toujours aussi nécessaire mais ne suffit plus à dire le cinéma dans son ensemble. C'est l'écriture de la biographie de Truffaut qui lui indique une manière singulière de traverser le cinéma en lui apportant un autre regard, celui de l'historien et celui de son siècle. Il faut chercher à rendre compte des façons dont quelques générations parallèles d'écrivains, d'historiens, de philosophes, d'artistes, ont été traversées par certains films, jusqu'à en faire la matière de leurs pensées et de leurs mots. Il s'agit de comprendre ce qui, de la littérature, de la philosophie, du théâtre, de l'histoire, peut nourrir le cinéma, peut ressurgir dans les films. Car si le doute est désormais bien présent sur la toute puissance de la critique, la passion demeure de faire exister le cinéma plus fortement encore à travers ces discours venus d'ailleurs.
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