"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le dernier élément de ce triptyque, Alors j´ai dit au Maigre, a été mis en ligne sur publie.net en octobre 2008. Les visiteurs qui ont eu la confiance de le télécharger auront bien sûr accès à l´ensemble tel qu´il se présente désormais.
La même démarche, où la voix et le corps sont premiers, où les figures qui hantent sont celles des grandes symboliques, la mort faisant passeur - pour les deux autres textes qui désormais précèdent et constituent l´architecture de l´ensemble, Morte et Migraine.
Les proximités esthétiques, de Christian Gabrielle Guez-Ricord à Celan, restent affirmées dans ces deux textes où l´enracinement lyrique se fait plus violent, reste plus près de ce qui ronge le corps et la mémoire.
Il y a tant de grandes ombres. Elles viennent à nous par les textes, parfois par un seul mot. La poésie est un geste de tout repousser du coude : il ne reste rien. Il y a de la nuit, il y a ces bribes qui témoignent que les grandes ombres ici ont passé, ont creusé, se sont heurtées.
On y vient à son tour. Il y a une pratique intentionnelle, volontariste : aller dans ces livres de risque (Artaud :
Un filet d´eau sur un volcan / la chute mince et ralentie de l´esprit), parce que ceux qui ont traversé là n´en sont pas sortis indemnes. Les morts de Celan, celle de Gherasim Luca, ou Collobert, ou Günderode, mais pourquoi pas Janis Joplin aussi, comment on s´en débarrasserait ?
Et dans cette requête volontariste, ce qui bascule on n´en est pas maître. Cela vient de la nuit et vous assaille. Il y a ici des rêves, il y a des phrases venues des fonds de nuit et qui hantent le jour, il y a ce par quoi on souffre, et se saisir de la douleur qu´on ne maîtrise pas est un nouveau biais pour s´en aller jusqu´au mur, où on va avec les ongles.
Et puis, de tout cela, le flux. La prose est un charroi, la narration, celle qui emporte, quel que soit le livre et l´histoire, le requérir aussi pour le poème. Alors cet emboîtement qui pourrait passer pour présence lyrique, mais n´est que restreindre le territoire de l´intensité, et qu´elle gagne en champ.
Alors, dans la poésie même, surgissent ces silhouettes, qui, depuis Don Quichotte, sont à la fois des fictions et l´ombre des grands morts. Le récit se fie au personnage pour tenter un autre côté. L´allégorie ici n´est qu´une majuscule sur une spécification du corps.
La poésie c´est la langue comme expérience, définit Maurice Blanchot.
FB On peut suivre l´écriture de Michèle Dujardin, textes inédits, lectures, textes sur films ou peinture, sur son site abadon.fr.
Elle a publié dans Déplacements un récit qui témoignait des étapes de cette marche, Abâdon. Dans les formes brèves de publie.net un texte sur New York, Centre du monde.
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