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Quel regard pouvons-nous poser sur l'oeuvre d'Eugène Delacroix dont le 200e anniversaire a été célébré en 1998 ? Pour répondre à cette question l'auteur interroge les tableaux sous l'angle de leur modernité, en les situant dans leur contexte européen. Privilégiant l'imagination, Delacroix a libéré la force créatrice de l'individu et ouvert des voies entièrement nouvelles. Comme l'écrivait Baudelaire, il est le chef de l'école moderne.
Dans cet ouvrage, il n'est pas seulement question de ses principaux tableaux et peintures murales, mais aussi de son activité de graveur, de ses dessins et croquis, ainsi que du processus de son travail artistique. Vie et oeuvre sont ici mis en relation, de manière à montrer les interférences des différents thèmes, et à mettre en évidence les évolutions. L'auteur dégage des correspondances qui font apparaître Delacroix comme un critique engagé de son temps. Les recherches sur les rapports de l'esthétique et la violence, de l'érotisme et du pouvoir, de la civilisation et la barbarie, de la révolution politique et de la révolution artistique, se reflètent avec une grande intensité dans ses tableaux.
En posant sur Delacroix un regard neuf et étranger, Peter Rautmann dévoile l'oeuvre de ce grand peintre. Le lecteur découvrira ici de nouvelles facettes de l'artiste, à travers l'iconographie exceptionnelle : oeuvres méconnues, rarement photographiées, provenant de collections publiques ou privées, françaises ou étrangères. Un très grand et beau livre, pour l'un des plus grands noms de la peinture.
Pourquoi commenter cette monographie sur Eugène Delacroix et non une autre ? Probablement, parce qu’en 1998, année du bicentenaire de la naissance de l’artiste, elle apportait un regard nouveau sur l’œuvre de ce superbe romantique. De premier abord, nous pourrions nous demander ce qui a pris à l’auteur, Peter Rautmann, un chercheur allemand, de s’atteler à la tâche tout en prenant l’ampleur de la difficulté de son entreprise. Qu’apporter de nouveau à l’imposante « hagiographie » de celui que les historiens d’art ont consacré comme étant LE peintre de ce début de XIXe siècle, aux dépens de son éternel rival, Jean-Auguste-Dominique Ingres ? Ce superbe ouvrage de très grande qualité (ce qui est rare parmi toutes les publications qui lui sont consacrées) nous apporte les éléments d’une nouvelle réflexion. En premier, l’iconographie est … époustouflante. Evidemment, rien de nouveau : chaque œuvre est archiconnue mais vue générale et détail alternent, ce qui renouvelle notre regard sur … la peinture. Oui, voilà, LA qualité de cette monographie, de ses illustrations, de ses textes : un retour à la peinture, presque au détriment de la biographie, de la littérature, bref, de l’anecdotique. Immédiatement, l’intérêt se recentre sur l’œuvre. Et de toile en fresque, de dessin en gravure, Peter Rautmann rédige le récit de l'art de Delacroix, mais sans aucun formalisme pour autant. L’auteur convoque, seulement quand c’est nécessaire, l’histoire contemporaine, la science, la politique, la musique ou la photographie, et, évidemment, la peinture d’artistes contemporains (l’Anglais John Constable, l’Allemand Caspar David Friedrich). Ainsi il insère Eugène Delacroix au sein de cette communauté exaltée et exaltante : le romantisme. Par ailleurs, il ne fait guère allusion à Charles Baudelaire (le Salon de 1846) ou aux théories de la couleur du chimiste français, Michel-Eugène Chevreul. Si bien que le père de la modernité en art, pour certains, sort donc de ce milieu strictement français, si ce n’est parisien
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