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« Le bateau est un monde en soi, reclus. L'instruction, la culture, autant de luxes qui ne nous arrivaient, nous gens d'à-bord que par bribes. Le grand-père Kléber t'avait envoyé à l'école communale à chaque fois que le bateau avait été immobilisé.
Tu étais toujours de passage, trop grand par rapport aux autres, ignorant de leurs rites. Tu te bagarrais souvent et les instituteurs disaient «C'est un petit dur...» À treize ans, tu conduisais le bateau de ton père, tu aurais aimé que tes anciens camarades te voient, debout devant le macaron, commandant à un monstre de tôle long comme quatre salles de classe».
Puis le temps a suivi son cours... au fil de l'eau...
Et, bien des années plus tard, la vitesse s'est imposée, le fret est passé sur le bitume ; il t'a fallu débarquer et emporter les souvenirs d'une vie passée à flotter hors du temps.
Aujourd'hui, les péniches ont pratiquement disparu des canaux ombragés, emportant aussi dans leur sillage les rêves de ceux d'à-terre.
C’était une famille, pas tout à fait comme les autres. Des mariniers ; ceux qui vivent dans leur péniche tout au long de l’année. Le grand-père Kleber et sa femme tous deux mariniers, les parents et leurs deux enfants un garçon et une fille (la narratrice), ont, eux-aussi leur péniche : c’est la famille « d’à-bord » et puis il y a les grands-parents maternels, des paysans : la famille « d’à-terre ».
Après le décès de son père, elle (sa fille et narratrice) range le grenier et découvre un carton plein de souvenirs, particulièrement des photos et c’est à partir de ces photos que se construit le livre.
Elle s’adresse à son père tout au long de ce récit en le tutoyant : « J’ai trouvé la photo dans le grenier, après ton départ » etc….
C’est dans un style très particulier qu’Eve Chambrot a écrit son livre, il est construit comme un puzzle, au fur et à mesure de la découverte de photos qui lui évoquent des souvenirs d’enfance « à-bord » mais aussi « à-terre » où elle a vécu chez ses grands-parents maternels, de modestes paysans, ce qui lui a permis de suivre de longues études.
Elle nous fait découvrir la vie à bord d’une péniche et surtout l’amour que son père vouait à son dur métier, son attachement à la navigation, aux canaux et voies navigables.
On ressent chez Eve Chambrot la parfaite maîtrise de l’écriture, son vocabulaire est recherché et adapté au récit. Son livre ne ressemble pas à un roman puisque ce sont des anecdotes plutôt qu’une histoire. Malgré tout ça se lit facilement et j’ai beau apprécié ma lecture.
Ce livre de 108 pages est paru aux éditions Gérard Louis en 2018.
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