"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
La Ville engendre, le plus souvent à ses marges, d'extraordinaires bâtiments qui sont le fruit de circonstances foncières et industrielles particulières. C'est le cas de ce bâtiment majeur, long de 612 mètres construit à la fin des années 1960 sur un terrain de plus de 5 hectares. Lors de sa réception, en 1969, les qualificatifs ne manquent pas pour vanter la plus importante réalisation en Europe en matière de réception, stockage et distribution de marchandises. Pour sa part, son architecte, Marcel Forest, parle de « socle pour des constructions futures », posant son bâtiment sur une trame de poteaux massifs, « alignés comme des soldats qui font leur travail » pour paraphraser Le Corbusier. De leur côté Floris Alkemade et Milena Wysoczynska, les architectes qui ont opéré la reconversion, parlent d'une structure sans fin et intemporelle qui les faisait halluciner.
Tout est donc hors-norme dans cette histoire, y compris la complexité de passer d'une génération à une autre, de changer la destination des lieux, pour que le bâtiment soit le socle d'une aventure contemporaine et la clé de l'urbanisation d'un territoire déshérité. Cette aventure peu commune est l'objet du texte de Camille Picard qui a porté le projet jusqu'à son aboutissement pour la Caisse des dépôts. L'auteur livre les clés, côté maîtrise d'ouvrage, de ce que peut être une aventure urbaine, depuis la redécouverte des potentialités du lieu jusqu'à l'aboutissement d'un nouveau quartier, relié à la ligne de tramway qui court le long des boulevards des Maréchaux, et équipé d'une nouvelle gare, Rosa Parks, pour relier les quartiers de la Porte d'Aubervilliers séparés par les importantes coupures ferroviaires du faisceau de la gare de l'est. Pour la première fois, sur une opération d'une telle envergure, l'histoire est racontée de l'intérieur, comme une enquête, et met en scène la panoplie des innombrables métiers et des personnages (politiques, financiers, juristes, aménageurs, promoteurs, urbanistes, architectes) qui sont nécessaires à la réalisation d'un projet urbain d'envergure.
Le texte de Camille Picard est accompagné d'un texte des deux architectes, en forme de manifeste sur l'héritage culturel et le modernisme en architecture. L'ouvrage est également illustré de photographies qui racontent l'avancement du chantier. En fin d'ouvrage, l'écrivain Claude Eveno propose une visite du quartier, une ballade de jour et de nuit, à la rencontre des habitants qui se sont installés, à la découverte des cafés et des lieux marchands. Comment un territoire des limites s'est intégré au coeur de la ville.
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