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Il s'agit d'une longue lettre d'amour très poétique, rédigé par un narrateur au sexe indistinct plongé dans une mélancolie terrible et qui découvre à travers le personnage de Roger Federer une envie de se battre.
Comment j'ai couché avec Roger Federer ? est un premier roman au titre volontairement provocateur dans le suspens du fantasme. Le narrateur est en proie à une dépression qu'il nomme mélancolie sévère.
Une amie lui propose de l'accompagner à un match à Roland-Garros.
« Arrivé au stade, je l'ai vu ».
C'est la révélation.
Il fantasme sur Federer et oublie sa mélancolie. Il entre alors dans le vague des passions, tente de comprendre « où se niche sa volonté », apprend de lui « ce qui me fait défaut ». C'est aussi le manque tant que le joueur demeure une image lointaine, sans odeur. Le narrateur est « vampirisé » par une image, devient sa « chose ». Il parvient à l'approcher au prétexte d'un autographe, lui dit écrire un livre sur lui, lui donne un numéro de téléphone.
Et Federer appelle. Ils se rencontrent dans la suite londonienne du joueur.
Ce très court texte (une cinquantaine de pages) se déroule comme un match de tennis. À la fin, « Jeu, set et match, Roger Federer », évidemment.
Publié dans la collection « Fantasmes » son objet est le désir. Le fantasme, dans son sens étymologique, de construction imaginaire, mécanisme d'invention, production d'un récit, ou fantôme, spectre.
Un roman court (55 pages) vraiment décalé et drôle et totalement inattendu. Une rencontre improbable entre le narrateur et le joueur de tennis qui sert de traitement anti-déprime. Un texte aux phrases courtes, précises, qui vont droit au but (j'aurais dû dire au filet, mais au tennis, dans le filet, c'est pas bon), construit en petits chapitres : "Roger assène ses coups puis il s'en retourne. Ma pièce principale est désormais tapissée de photos prises pendant ses tournois. Dessus il y a son visage, ses jambes, ses jambes à nouveau et ses lèvres. Il y a son torse poilu, le jeu de ses jambes, l'attraction de ses coups. L'alignement parfait de ses épaules face à la balle. On dirait un félin prêt à bondir sur sa proie. Roger m'a eu mais pas sur le court. Il m'a eu sur le cœur." (p.18). Un texte qui sait se faire sensuel lorsque l'homme amoureux décrit l'objet de son désir. Un texte qui sait aussi rester léger et totalement dans le fantasme délirant.
Un très bon roman qui saura plaire, surprendre et étonner sans doute Roger Federer en personne (le livre lui a été remis en mains propres lors d'une conférence de presse : ici), ses aficionados, les amateurs de tennis et tous les autres qui aiment l'originalité et la découverte. Un roman court, rapide comme un match gagné par Roger Federer lorsqu'il est en grande forme (je dis ça mais je n'y connais pas grand chose en tennis, enfin en sport en général).
Deuxième livre-contrepartie de mon obole à la demande de l'éditeur sur kisskissbankbank et premier opus de la collection Fantasmes, qui prône : "Parlez-nous de vous au travers de personnalités que vous aimez ou détestez et vous serez davantage dévoilé." (p.9, préface) Exercice troublant de lire les fantasmes ou délires des écrivains avec des personnes qui existent vraiment, comme ici Roger Federer ou récemment JoeyStarr, et finalement très réjouissant, lorsque, comme c'est le cas pour ces deux livres, ils sont bien écrits.
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