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J'ai à nouveau été conquise par le dernier roman de Daniel Berthet Comme un oiseau sur la mer.
Celui-ci débute en décembre 2001, à Khan Yunis, ville palestinienne du sud de la Bande de Gaza, par un bombardement sur le camp de réfugiés Al Amal, dans lequel Mounir va perdre les membres de sa famille, sauf son frère Jamal et voir sa maison détruite. Ils devront dorénavant vivre sous une tente. Jamal s'était engagé dans le mouvement de résistance depuis la mort de son père, il y avait à peine plus d'une année, avant tout pour faire vivre sa famille. Il va alors financer les études de Mounir qui va réussir le baccalauréat, et son master, rencontrer Hadda qui vit dans le camp de Jabaliya.
Jamal sera tué, en 2012 par une balle tirée par un snipper du poste garde-frontière. Dans l'attente d'un visa pour l'Europe, pour fuir l'enfer de Gaza, Mounir et Hadda se marient et ont une fille Amal. Mais Hadda est tuée en même temps que ses parents par un bombardement sur Jabaliya.
En 2016, alors qu'Amal souffre d'une dermatose sévère, Mounir doit la conduire en Égypte pour y être soignée. Il décide alors de ne pas rentrer. Il va atteindre la Tunisie et embarquer avec d'autres migrants pour traverser la Méditerranée, avec son enfant, ayant pris soin de transformer le sac dans lequel elle dormait en véritable mini canot de sauvetage. "Ne pas mettre sa fille en danger, c'était devenu une obsession pour le père". Mais une chose plus qu'importante est à noter : Mounir a pris soin de glisser dans la poche intérieure du sac une enveloppe plastique contenant la clef rouillée et la photo jaunie de la maison de Burayr, village détruit lors de la Nakba. Jamal les avait confiées à son frère pour les transmettre à ses enfants. Cette petite fille sera retrouvée sur une plage française et un long chemin mouvementé l'attend.
C'est donc une véritable épopée avec beaucoup d'aventures et beaucoup de suspense que nous livre Daniel Berthet. Mais c'est avant tout l'histoire de ce peuple palestinien, ce peuple éclaté pour qui la liberté de circuler n'existe pas. Ils doivent chaque jour résister pour tenter de sauver leurs terres face aux colons toujours plus envahissants, sous l'œil indifférent des autres nations. Ce sont les souffrances, les insultes, les attentes sans fin aux checkpoints, les bombardements subis depuis plus de soixante-dix ans, depuis la Nakba en 1948 qui a vu l'expulsion de plus 700 000 palestiniens de leur terre et de leurs villages par les troupes sionistes, processus continuant encore aujourd'hui, qui sont la trame de ce roman.
Ce roman permet de façon simple mais extrêmement bien documentée de comprendre la lutte que mène le peuple palestinien entré en résistance, qui exige que justice lui soit rendue et que cesse enfin l'apartheid.
Comme un oiseau sur la mer, l'histoire de cette petite palestinienne naufragée nous raconte la lutte menée dans ces territoires occupés pour sauver l'espace qui se réduit de plus en plus. Tout en sachant que le combat sera long, les palestiniens ne baissent pas les bras et même si les anciens meurent, les jeunes n'oublient pas ! C'est donc, à la fois un constat de combat voué à l'échec et en même temps un entêtement et une volonté qui ne se démentent pas et qui espérons-le seront finalement entendus. Comme le dit si justement Patrice Saunier dans sa préface : « Comment un peuple peut-il assujettir un autre peuple quand il a été lui-même tant persécuté ? » Je dirais même comment un peuple peut-il en assujettir un autre ?
Ce livre, une fois ouvert, ne peut se refermer tant on est happé par ces personnages que l'auteur a su parfaitement rendre vivants et attachants et à qui il a su donner une force remarquable. Par des histoires croisées, de femmes principalement, ce sont l'amour, l'entraide, le courage, la ténacité, la souffrance souvent mais aussi l'espoir qui sont mis en lumière et qui illuminent ce récit tout en sensibilité que je recommande chaleureusement.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2020/05/daniel-berthet-comme-un-oiseau-sur-la-mer.html
Courageusement, fort de ses convictions humanistes, Daniel Berthet, pour son huitième roman, s’est lancé dans un récit essentiel, absolument nécessaire pour contrebalancer les versions officielles des grands de ce monde qui ne font même pas respecter les résolutions des Nations Unies. D’ailleurs, nous avons vu, en avril 2020, où ils nous conduisent, où leurs choix de société mènent notre monde si fragile…
Tout là-bas, de l’autre côté de la Méditerranée, un peuple est brimé, terrorisé, martyrisé par un autre peuple qui a, lui aussi, subi les pires atrocités. Est-ce juste ? Est-ce normal ? Comment ne pas penser à ce qu’a écrit Janina Hescheles Altman dans son livre paru en 1946, Les Cahiers de Janina ? Elle l’a écrit alors qu’elle avait douze ans et se trouvait dans le ghetto de Lvov, en Ukraine, ajoutant ceci en 2015 : « Notre passé tragique ne nous donne pas le droit, en Israël, de confisquer des terres, de détruire des maisons, d'arracher des champs d'oliviers entretenus pendant des générations. »
En écho à cette phrase essentielle, l’histoire que conte Daniel Berthet est d’un réalisme terrible. Elle débute en 2001 pour se terminer en 2048, en une dystopie avec, tout de même une petite pointe d’espoir. Prétendant se défendre contre des attaques terroristes, l’État d’Israël n’hésite pas à bombarder, détruire hôpitaux, écoles, immeubles, dans cette bande de Gaza où tentent de survivre plus de deux millions de Palestiniens, réfugiés ici depuis 1948. Cette année-là, s’est produit la Nakba, la destruction de quatre cents villages palestiniens et l’expulsion de plus de 800 000 personnes après la création de l’État d’Israël. Puis, de provocation en représailles, Gaza est devenu une prison à ciel ouvert.
Dans son récit, l’auteur ne masque aucune des contradictions opposant les factions palestiniennes. Il s’attache avant tout au côté humain, ce qui est la base de toute vie possible sur Terre. Comme le reconnaît Rachel, un personnage du roman, j’ai longtemps pensé nécessaire la création de l’État d’Israël, indispensable après l’atroce Shoah. Hélas, le souci sécuritaire primant tous les droits de l’Homme, c’est le sionisme qui s’impose et n’hésite pas à chasser les Palestiniens, nommés Arabes de façon simpliste et méprisante. Comme Élisa qui découvre Hébron cadenassée par les colons et Éléonore, avocate franco-israélienne, il faut déconstruire les idées reçues à propos de la création de l’État d’Israël.
L’attitude de ces colons, juifs orthodoxes ou pas, qui n’hésitent pas à s’installer de force sur des terres attribuées par l’ONU aux Palestiniens, est un scandale absolu. Ce livre permet d’en prendre conscience en suivant l’histoire de la famille Belhadj. Si tout débute et revient à Gaza, quelques échappées m’ont emmené en Roumanie puis en France avant de partager la fuite de Mounir qui conserve précieusement la clé et la photo de la maison de Burayr dont sa famille a été chassée, village détruit et remplacé par le kibboutz Bror Hayil. Une partie du livre se passe aussi à Hébron, en Cisjordanie, où la pression des colons n’a pas de limites.
Quand il réussit à sortir de Gaza, côté égyptien, Mounir n’est pas seul car il emmène avec lui sa fille, Amal qui, Comme un oiseau sur la mer, dans sa nacelle sur laquelle est brodé Gaza Libre, va connaître une aventure incroyable et très complète, profondément révélatrice du sort terrible réservé à tout un peuple qui trouve quand même la force de résister mais qu’il faut absolument aider comme le fait l’Association France-Palestine Solidarité : http://www.france-palestine.org/.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2020/05/daniel-berthet-comme-un-oiseau-sur-la-mer.html
https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2020/04/daniel-berthet-comme-un-oiseau-sur-la-mer.html
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On sent dans cette chronique la volonté de "dire le livre" et, tout à la fois et de manière aussi forte, le cri du lecteur qui dénonce le scandale humain de la politique mondiale vis-à-vis de ces territoires. Bravo, interpellant, booster de réflexion humaine! Merci.