Récompensée cette année pour "L'Ami du Prince", la romancière vous confie 10 lectures indispensables
La force de ce roman qui raconte l'histoire de Srebrenica tient dans le choix narratif. Marco Magini fait parler les consciences humaines avec une finesse et une humanité déroutantes. Des consciences humaines qui vont devoir renoncer à la notion même de justice. Le choix d'un des passages les plus dramatiques de l'histoire européenne récente, ainsi que le style, dont l'aridité porte en creux la puissance émotionnelle, font de ce récit un texte à part.
Drazen Erdemovic est un jeune homme d'une vingtaine d'années lorsque la guerre éclate dans son pays, la Yougoslavie. Il doit alors participer à un conflit décidé par une autre génération et faire des choix irréversibles pour sa famille et pour lui-même. Des choix qui vont mettre son âme à nu.
L'évocation du massacre et du procès qui s'est ensuivi au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie est confiée à trois voix qui alternent dans une partition bien rythmée.
La voix du magistrat espagnol Romeo Gonzalez évoque le déroulement du procès et met en évidence les motivations, souvent bien subjectives, des juges à l'heure de rendre leur verdict.
La voix de Dirk, casque bleu néerlandais en garnison à Srebrenica, parle au nom du contingent de l'ONU, coupable de ne pas avoir empêché le massacre.
Et la voix du soldat serbo-croate Drazen Erdemovic, véritable protagoniste de l'histoire, volontaire dans l'armée serbe, est celle du seul soldat ayant avoué sa participation au massacre, le seul jugé et le seul condamné.
+ FInaliste du prix Calvino, mention spéciale du jury + Finaliste du prix Stregga + Lauréat du prix Un roman pour le cinéma + Lauréat du prix du Premier Roman de Chambéry
Récompensée cette année pour "L'Ami du Prince", la romancière vous confie 10 lectures indispensables
Ce roman est un cri à trois voix. Trois protagonistes qui vont être impliqués dans la guerre de Yougoslavie et le massacre de Srebrenica.
- Un serbe qui s'enrôle malgré lui
- Un casque bleu
- Un juge au Tribunal de la Haye.
On y voit les viols, les bébés tués à bout portant, les fosses communes, les fusillés dans le dos/mains attachées, les vieillards tabassés.
On entend les cris, les hurlements, les pleurs.
On sent le sang, la puanteur, l'urine, la saleté.
Pour survivre, le soldat serbe ne va pas pouvoir s'opposer à l'effet de groupe, de meute.
"A Srebrenica, la seule façon de rester innocent était de mourir".
Tout cela est affreux ; c'est efficacement écrit.
Comment cela a pu se produire, à l'aube du XXIème siècle en Europe, sans que cela ne cause pas plus d'émoi, de révolte que cela ?
C'est la prise de conscience que tente d'éveiller ce récit.
Par les différents acteurs/personnages de cette affaire, Marco Magini donne l’occasion de beaucoup réfléchir sur les circonstances (atténuantes, la part de contrainte) ; le contexte des faits et surtout la part de responsabilité de chacun, de tous. Bien qu’assez court et de structure « désorganisé » au premier abord, j’ai trouvé ce roman finalement finement construit.................................................
https://libre-r-et-associes-stephanieplaisirdelire.blog4ever.com/marco-magini-comme-si-jetais-seul
Je vais être honnête, ce fut une lecture parfois éprouvante mais avec un tel sujet, il me semble difficile de faire dans la dentelle. Éprouvante pour plusieurs raisons : deux scènes le sont par l’horreur qui s’y produit. L’armée serbe se comporte en conquérant avec haine et bestialité. L’ensemble du roman est aussi violent politiquement. La gestion par l’ONU est désastreuse et les casques bleus en seront également les victimes. Certaines scènes de passivité totale semblent complètement irréalistes. L’auteur a ajouté à la fin quelques notes sur « l’après-conflit » et ces dernières finiront de me sidérer. De même, les coulisses de la Cour pénale internationale ne feront pas remonter le baromètre du moral.
L’alternance des points de vue des trois personnages est vraiment intéressante et permet d’appréhender les différents angles d’approche de la situation. Ces trois hommes font preuve de beaucoup d’humanité malgré le contexte et leurs actes, dans le sens où nous n’avons pas affaire à des héros mais à des personnes tout à fait communes. Cela ajoute encore à l’émotion parce qu’il est évident que nous pourrions être à leur place. Dražen n’est pas un soldat de carrière, il cherche simplement un travail pour nourrir sa famille. Celui qui m’a le moins touchée est sans doute le juge du fait de sa distance par rapport à l’affaire au début du roman et de ses réflexions assez égocentriques. Mais je pense que c’était le but recherché par l’auteur aussi : montrer que nous restons tous des hommes et que beaucoup de détails peuvent influer l’Histoire.
À la fin de cette lecture, je me suis faite la réflexion que nous en savons très peu sur cette guerre. Je n’ai pas souvenir de l’avoir abordée en cours d’histoire et cela ne fait plus l’actualité. Elle fait pourtant partie de l’histoire de l’Europe et elle révèle beaucoup sur la politique, la diplomatie, la justice internationale mais aussi sur les hommes pris dans des engrenages qui les dépassent. Ce roman ne peut pas vous laisser indifférent. Il vous bouscule, vous questionne, vous choque. C’est une lecture qui m’a beaucoup marquée et qui me semble essentielle si l’on souhaite en apprendre davantage sur notre histoire.
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Le livre a l'air intéressant mais ce qui est étrange c'est que la (belle) photo de couverture a été prise pendant la première tchétchène pas pendant les guerres yougoslaves...