"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
De Erich Maria Remarque à Pierre Lemaître, la Grande Guerre a été tant racontée, mais elle nous remue encore. Pourquoi ? Parce que dans cette période de cauchemar précipité, la vie semble plus dense : les amitiés, les trahisons, les amours rêvées, la jeunesse perdue.
Laurence Campa imagine un personnage de poilu tout juste sorti de l'enfance, qui semble tombé là par hasard, comme un Fabrice del Dongo transporté en 1915. Thomas part à la guerre. Thomas a fui Colombe, une jeune femme dont il rêve, à qui il parle au fond de lui, sur qui il compte comme échappatoire, comme douceur, comme rêvasserie heureuse. La réalité, elle, revient à lui, et comme le jour suit la nuit, la nuit gagne en retour du terrain ; Thomas doit résister, il va s'abîmer et grandir. Par ces pages qui révèlent un talent de reconstitution impressionnant, on éprouve ses « orages d'acier », qui détruisent tout sur leur passage. Il y a la boue des tranchées que les jeunes soldats ont appelées L'Etoile de mer, les trous d'obus, les tactiques muettes, mais aussi le silence de l'attente, l'espoir minuscule. Et le retour à la vie. Un roman court et soufflant, porté par une atmosphère lunaire.
Lu dans le cadre de la Rentrée Littéraire Cultura.
D’emblée le lecteur se retrouve dans les tranchées, dans ce qui est la vie des poilus de première guerre mondiale entre deux attaques.
Mais si vous croyez avoir tout lu ou vu sur cette période le livre de Pierre Lemaître notamment il n’y a pas si longtemps, et plus anciennement le magnifique « Un long dimanche de fiançailles » de Sébastien Japrisot et sa belle adaptation cinématographique, ainsi que le film « Joyeux Noël », je peux vous assurer que vous serez surpris.
C’est Thomas qui raconte et il est vraiment très jeune, il a devancé l’appel, la tête pleine d’aventures qu’auraient vécues ses ancêtres, il est l’ordonnance du capitaine Dupray.
Ce jeune homme est rempli de rêves et de chagrins, il s’est jeté dans la guerre comme on se jette à l’eau. Il se retrouve dans un monde d’hommes, il est apprécié, mais c’est la vie des tranchées où la réalité ne laisse pas de place aux rêves et peu à l’espoir.
C’est avant tout la boue des tranchées que l’auteur appelle « l’étoile de mer », les tactiques, les morts, et l’attente longue très longue pour savoir ce qui va ressortir du no man’s land. Ce sont des ombres, des bruits et surtout des odeurs, celle de la mort qui rode.
C’est l’histoire d’une jeunesse perdue, des femmes qui ont fait rêver et de celles qui seront là si l’on revient de l’enfer.
C’est aussi cette vie qui se fait dans ces tranchées, celle du compagnonnage, de la fraternité « compter les morts et guetter les vivants ».
C’est cette vie d’une densité extraordinaire sous ces « orages d’acier ».
Un roman court et compact où l’auteur a fait un remarquable travail de reconstitution en sachant garder une plume littéraire et poétique.
Les métaphores sont à ce roman ce que les rimes sont au poème, une respiration.
Une belle émotion.
Chantal Lafon-Litteratum Amor 22 août 2017
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