"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Est-ce que Théo est avec toi ? Pour le lieutenant Dapper, le malheur a commencé avec ces mots-là, ce jeudi noir où sa femme l'a appelé parce que leur fils n'était pas rentré à la maison, après la classe. Il enquêtait alors sur la disparition de deux garçons. Peu de temps avant, un événement avait horrifié les habitants de la petite ville : tous les animaux d'un cirque installé pour Noël avaient été décimés à la hache.
Depuis que Théo n'est pas rentré, depuis tout un hiver, Dapper, dessaisi de l'enquête, ne parvient pas à se résigner. Parce qu'un enfant disparu n'est jamais un enfant mort. Alors, puisqu'il n'a rien d'autre, il décide de suivre la piste que lui offre une lettre anonyme. Elle mène au centre hospitalier où sont accueillis de jeunes psychotiques. Dans ce lieu étrange, un adolescent, Ilyas, prétend avoir été l'ami de Théo. Dapper reprend espoir, puis comprend qu'il ne savait pas tout de son fils. Et comment en parler à sa femme, dire : J'ai rencontré un garçon qui a des visions et j'ai foi en lui ?
Dans ce roman singulier et oppressant, Gilles Sebhan nous emporte sur les pas d'un homme dont peu à peu l'enveloppe se déchire. Dapper est prêt à tout pour retrouver son enfant, y compris à ne plus incarner la raison et la loi comme il a accepté de le faire quinze ans durant.
Un roman noir et à une atmosphère très particuliere, que ce soit au niveau des décors et des personnages.
Nous sommes en hiver, de la brume, une ville taiseuse. Dapper est un commissaire de police, son jeune fils Théo a disparu et cela fait trois mois qu'il espère le retrouver. Il y a eu d'autres disparitions d'adolescents. Il reçoit une lettre anonyme qui l'entraîne dans un centre pour enfants difficiles, autistes, dirigé par un étrange professeur. Ce lieu a une histoire étrange et des mystères l'entourent. D'hôpital pour les mutilés de la première guerre, d'hôpital pour jeunes délinquants, puis centre pour les jeunes "fous", handicapés. Des fantômes, des mystères planent dans ses murs, dans ses cagibis, dans les caves.. de plus, la veille de Noël, les animaux d'un cirque ont été sauvagement tués à la hache et l'ensemble de la population et des enfants qui allaient à l'école ont pu voir ce massacre sanglant. Ce qui a troublé, traumatisé la petite ville.
L'auteur nous entraîne dans ces méandres, dans les questionnements de Dapper qui essaie de retrouver son fils, de comprendre le comportement du directeur et des enfants adolescents de ce centre. Il y a aussi le portrait de la mère de Théo, de l'institutrice de l'école communale, la secrétaire du professeur.. Et cet étrange professeur qui "utilise", étudie les comportements de ces enfants et de leur rapport à la vie, au bien, au mal.
Oppressant dans la brume de la ville, dans les couloirs de cet hôpital, ce texte nous questionne, nous interpelle sur les autres, sur l'handicap, sur la vie réelle, contée, imaginée, fantasmée.
Nous ne sortons pas indemne de ce texte et de nos rapports à l'autre et surtout quand l'autre est un peu décalé, vit dans son monde et hors des normes. Des pages terribles mais aussi un portrait d'un homme qui se questionne, essaie de se connaître et de connaître l'autre, que ce soit son fils ou ses enfants dits anormaux, mais n'est ce pas eux qui sont normaux, comme le pense tragiquement le docteur Tristan. Il fallait oser traiter de l'handicap mental de jeunes enfants dans un polar. de parler de violence, de bien, de mal, de la part sombre de chacun de nous et de la façon ou pas de la canaliser. du rapport des pères et mères face à leurs enfants et leur découverte de la vie avec du rose mais aussi du noir.
Trois enfants disparaissent. Le jeune fils d'un policier est le plus jeune d'entre eux. L' enquête piétine.Une lettre va entraîner le père obstiné à la découverte d'un hôpital psychiatrique pour enfants. Des personnalités dérangeantes et instables, une atmosphère angoissante, et un médecin chef persuadé que notre futur sera le royaume des enfants névrosés.
Ce roman policier déconcertant, oppressant est une réussite.
Le roman est court mais on entre de suite dans l’action, sans préliminaires. Cela débute comme une enquête sur une disparition des plus classiques, puis on dérive rapidement sur du fantastique, on passe par du thriller psychologique et aussi du roman noir. Les sentiments de lecture évoluent au fil du livre parce que le récit alterne constamment entre ces différents genres. On ne sait jamais sur quel pied dansé. Seul point commun : La noirceur, qui traverse le récit et que l’on retrouve en permanence. Tel un brouillard sombre, elle recouvre les évènements pour oppresser le lecteur. L’ambiance est anxiogène et à chaque page, on recherche de l’air. En nous secouant entre réel et fiction, entre drame et folie, l’auteur nous entraîne dans les chemins sombres de façon à mieux nous déboussoler.
Les personnages sont très peu détaillés mais marquants. L’écriture de Gilles Sebhan est exigeante. Par conséquent, je ne conseille pas ce livre pour la plage ou les transports en commun. Je pense qu’il faut être concentré et se livrer entièrement à sa lecture pour entrer dans la bulle. Afin d’apprécier cette expérience, il ne faut pas non plus craindre les scènes macabres et les actes morbides. On croise dans ce livre des meurtres et des enlèvements d’enfants, des massacres d’animaux, autant dire qu’il n’est pas recommandé aux âmes sensibles.
Emporté par l’histoire, on veut connaître la fin, même si on ne sait pas trop où l’auteur veut nous mener, tant les pistes se brouillent progressivement. Je me suis laissé déstabiliser de bon cœur par Gilles Sebhan et son enquête malsaine. Comme les personnages, je me suis un peu perdu parfois, mais le plaisir de lecture a toujours été au rendez-vous. Ce « Cirque mort » est un petit OLNI (Objet Littéraire Non Identifié) à découvrir !
Un roman noir, sombre, dont il est difficile de se détacher. Quel lien entre Ilias, le jeune psychopathe qui se prétend l'ami et qui a des visions, et Théo, enfant disparu depuis plusieurs mois ? Bien que retiré de l'enquête officielle, le lieutenant Dapper, père de Théo, ne peut que se raccrocher à ce lien ténu, et, hors cadre, continuera ses recherches jusqu'au dénouement. Une ambiance parfois glauque, oppressante, dans un monde psychiatrique hors du commun, l'auteur tient le lecteur en haleine, âmes sensibles s'abstenir, ce court roman se lit d'une traite tant on a hâte d'arriver au dénouement.
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