"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Lily Bart, 29 ans, fait tourner bien des têtes, et du meilleur monde. Quoique issue d'un milieu modeste, elle a toujours frayé dans la haute société. Incapable de vivre sans argent, trop honnête pour monnayer sa beauté, Lily le sait et l'admet : « façonnée pour être un ornement délicieux », quel autre destin pour elle que d'épouser un riche mari ?
Rien ne serait plus simple à satisfaire que cette ambition, si la jeune femme n'était dotée d'un caractère farouche, qui lui interdit de céder au séduisant Lawrence Selden. Et si ses charmes ne suscitaient la jalousie des femmes. Son indépendance d'esprit détonne dans l'univers codifié, superficiel, de la bourgeoisie new-yorkaise. Et son désir de réussite se heurte aux règles d'un jeu sauvage dont elle refuse d'être le pion.
Déchirée entre ses principes et ses aspirations, Lily Bart est-elle aussi libre qu'elle le pense ? Dans le New York de l'Âge d'or, Edith Wharton peint la satire d'une société étouffante qu'elle connaît mieux que personne, mais qui vit ses derniers instants.
Lily Bart (vingt-neuf ans) tente depuis la ruine (et la mort) de son père, survenue dix années auparavant, de trouver un juste compromis entre l’indépendance financière qui lui fait terriblement défaut et l’obligation d’un « beau mariage » pour y accéder … Elle rêve de pouvoir vivre à sa guise, tout en évitant d’être prise en flagrant délit de « non respect » des maudites conventions sociales, imposées aux femmes célibataires (ou non d’ailleurs …) Ne pas se mettre à dos la bourgeoisie New-Yorkaise « bien pensante » n’est pas chose aisée …
Sa mère est morte à son tour, avant de voir son plus grand désir se réaliser : l’ascension de sa fille chez « les heureux du monde », auprès d’un mari très fortuné qui aurait succombé à sa grande beauté … C’est donc sa tante paternelle, Mrs Penniston, qui lui ouvrira sa porte et lui apportera un semblant de stabilité …
Malheureusement, les langues vont bon train en ce début du XXème siècle, la mesquinerie et les manigances des uns et des autres ne connaissent pas de limite et il n’est pas certain que l’ambitieuse Lily Bart saura y faire face … Ni même qu’elle fera les bons choix … Elle pourra toutefois s’appuyer sur les liens d’amitié et de fidèle complicité qui l’attachent au séduisant Lawrence Selden …
Un roman magnifiquement rédigé ! Une société fort brillamment analysée par l’auteure. Un récit particulièrement lucide et sans pitié, qui ne peut qu’émouvoir le lecteur. Et vraiment, il est fort dommage que le talent incontestable d’Édith Wharton ne soit pas plus souvent mis en exergue dans le milieu littéraire … Bref : un gros plaisir de lecture !
« Chez les heureux du monde« , ou une illustration parfaitement cynique de ce que l’argent fait le bonheur.
Au début du siècle dernier, Lily Bart est une jeune femme de 29 ans, issue d’une famille de la bonne société new-yorkaise. Désormais orpheline et ruinée, elle vit aux crochets d’une vieille tante pingre et peu sympathique. C’est là toute la tragédie de la vie de Miss Bart : élevée dans l’idée que le but de l’existence est de ne rien faire, qu’il « était de la plus haute importance de garder les apparences de la prospérité« , et que sa beauté sublime lui permettra de compenser la maigreur de sa dot pour faire un riche mariage et ainsi satisfaire son besoin d’argent et de luxe, elle n’a de cesse de fréquenter la haute société oisive et hypocrite à la recherche du parti idéal. De New York à Monte-Carlo en passant par les stations chic de la côte est des USA, on apprécie sa compagnie, et la jeune femme est très demandée. Ce qui ne va pas sans entamer dangereusement son petit budget, dilapidé en riches toilettes, bijoux et dettes de jeu. Vivant constamment au-dessus de ses moyens, la situation de Lily s’aggrave encore lorsque la rumeur – que la « bonne » société susnommée accueille avec gourmandise – lui prête des faits et gestes scandaleux. De plus en plus isolée, maladroite dans ses tentatives pour redresser la situation, elle s’enfonce dans la précarité jusqu’à se voir contrainte à travailler, à sa plus grande honte et à son encore plus grande incompétence : « Puisqu’elle avait été élevée pour être purement décorative elle pouvait à peine se blâmer de n’avoir pu servir à aucune fin pratique ; mais cette découverte ruina l’illusion consolante qu’elle avait de sa capacité universelle« . Une déchéance évidemment mal vue, qui la bannit à jamais de son milieu d’origine. Et la pauvre Lily de se victimiser : « Était-ce sa faute s’il peut arriver que cette mission [d’ornement délicieux] soit traversée par des nécessités matérielles ou compliquée par des scrupules moraux ?«
Lily Bart ne brille pas par sa lucidité, ni par le niveau d’empathie qu’elle a suscité chez moi, proche de zéro. Rodée aux codes et manigances de la société qu’elle fréquente depuis si longtemps, elle est intimement convaincue de la supériorité que lui confère sa beauté, et de l’attraction qu’elle exerce sur les hommes. Snobant ses semblables en son for intérieur, calculatrice et pourtant parfois tellement irréfléchie, elle a déjà laissé passer de beaux partis. A mesure que sa situation devient « urgente », elle a cependant le chic pour s’auto-saboter chaque fois davantage, incapable de résister aux impulsions plus ou moins justifiées moralement, qui la détournent du but de sa vie. Et dire que l’amour se trouvait sous ses yeux depuis le début, qu’elle en était vaguement consciente mais que décidément l’argent brillait d’un éclat beaucoup plus puissant aux yeux de Lily…
Une tragédie, donc, mais aussi une satire cruelle de cette riche et vaine société américaine du début du 20ème siècle, une société dans laquelle le mariage semble le seul ascenseur social pour les femmes, et dont les valeurs sont fondées sur les apparences, où l’hypocrisie semble être la principale caractéristique, avec le goût du luxe : on se snobe, on se poignarde dans le dos mais on recherche sans cesse la compagnie de ses semblables (ou qu’on croit tels) pour être vus au bon endroit au bon moment, pour être acceptés. C’est cette peinture sociale qui m’a le plus intéressée. Pour le reste, l’histoire de la pathétique Lily n’a éveillé aucune compassion en moi, son inconséquence, ses atermoiements et tergiversations m’ont agacée. Quant au style, je ne sais pas si c’est parce qu’il y a (trop) longtemps que je n’avais plus lu de « classique », mais j’ai eu du mal avec les dialogues elliptiques (je n’étais jamais sûre d’avoir compris les conversations). L’analyse psychologique est certes ciselée, mais se perd en longueurs et lourdeurs ennuyeuses et creuses, à l’image de la vie des personnages.
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