"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
C'est une histoire qui commence en 1889 à Soro, au Danemark. Et qui se termine en 1931, au même endroit : la « maison » Matthisen, demeure ancestrale d'une vielle famille de la noblesse.
Trois femmes occupent les rôles principaux : Mama Trude, la grand-mère ; Kristina, la mère, qui épouse un officier français, René de Maisonneuve ; leur fille, Rose. A 20 ans, Rose quitte le manoir familial et part vivre à Paris. C'est elle l'héroïne de ce roman mené tambour battant, et qui la conduit d'une fumerie clandestine d'opium à un appartement bourgeois de la rue Delambre où elle vit en couple avec une femme, Louise, avant de recueillir une enfant trouvée, Ida, qui deviendra sa fille.
C'est le début du siècle - l'affaire Dreyfus, la guerre de 14, les années folles, les voitures Panhard-Levassor, le féminisme - qui défile en accéléré, mais sans jamais tomber dans la reconstitution historique. Car le vrai sujet de ce formidable roman, c'est le destin de Rose et la manière dont elle parvient, petit à petit, à en déchiffrer le sens. Porté par un style d'une grande vivacité, une écriture sensuelle et colorée, ce livre est celui d'un écrivain au sommet de son art. Magicienne des mots, Agnès Desarthe nous émeut et nous fait rêver comme jamais.
Depuis Mangez-moi, Agnès Desarthe n'avait pas produit de fiction d'une telle ampleur narrative.
Quand Rose débarque à Paris en 1909, elle a 20 ans. Enfant mal aimée, elle a rompu avec sa famille et n'a pas un sou en poche.
« Elle ne savait rien de l'argent, des hommes, de la politique et du sexe ». Ignorante et candide, mais pleine de courage, elle va découvrir la capitale et ses dangers.
Alternant périodes de misère et de répit, de désarroi et de bonheur, elle rencontrera sur son chemins mauvais anges et bons samaritains. et sa vie sera pleine de rebondissements, avant de retrouver paix et aisance en 1931.« Fallait-il qu'elle ne connaisse que les extrêmes, châtelaine ou gueuse, grande bourgeoise ou va-nu-pieds »
Le schéma classique du roman d'initiation !
Péripéties, nombreux retours sur l'enfance et le passé familial, réapparitions de personnages donnent à l'ouvrage un petit air de roman feuilleton, qui n'a rien de désagréable pour le lecteur qui aime être surpris.
Il y trouvera matière à découvrir le quotidien du Paris, de l'avant guerre aux années folles, celui du petit peuple comme celui des nantis, passant d'une fumerie d'opium à un phalanstère d'artistes, des véhicules hippomobiles, aux voitures Panhard Levassor.
Un roman qui évite le piège du pathos, à la fois concentré sur l'intime et ouvert sur un monde révolu .
Son titre CE COEUR CHANGEANT, emprunté, comme l'indique l'exergue, au poème MARIE de Guillaume Apollinaire, désigne une faiblesse de Rose, mais place aussi le roman sous le signe de la poésie.
C'est d'ailleurs un poète amoureux de Rose qui lui proposera de tenir la rubrique poésie d'un magazine et lui offrira ainsi une certaine stabilité.
La lecture du roman m'a remis en mémoire quelques vers d'un poème de Louis Aragon (mis en musique et interprété par Georges Brassens) et qui me semblent pouvoir servir de morale à cette histoire
"Rien n’est jamais acquis à l’homme Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d’une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce
Il n’y a pas d’amour heureux "
J'ai beaucoup aimé ce livre. La vie de Rose est pourtant très noire. Mais la poésie et une forme de légèreté, nous emporte, nous élève aussi. On aimerait que ce livre ne s'arrête jamais. ...et déguster quelque pages chaque jour.
Dotée d’un père militaire, philosophe, handicapé de la décision et d’une mère excentrique, hystérique, Rose pourrait passer pour simplette or elle est très intelligente et très sensible.
Candide la définirait mieux.
A vingt ans, de sa propre décision elle se retrouve seule à Paris en 1909.
S’ensuit une vie difficile et à rebondissements.
C’est un véritable travail de vrai écrivain que nous propose Agnès Desarthe.
Tant au niveau des personnages qu’au niveau de l’intrigue.
Cette histoire a du l’habiter un long moment.
C’est fouillé, précis, cohérent.
J’ai beaucoup beaucoup aimé cette Rose petite fille, jeune fille, femme.
Quel beau portrait original d’une femme originale.
Lien : https://livresselitteraire.blogspot.fr/2017/01/ce-coeur-changeant-agnes-desarthe.html?showComment=1484945005153#c6817782905402956822
Avec ce très joli titre tiré du poème « Marie » (recueil Alcools) d'Apollinaire, on s'attend à vivre un beau et grand moment de lecture ... Et pourtant ...
Née en 1889 à Sorø au Danemark, Rose a vécu une enfance tumultueuse auprès d’une mère névrotique et d’un père militaire et effacé. Rose a beaucoup voyagé entre son pays d’origine, la France puis l’Afrique, mais jamais seule. Toujours sa gouvernante, Zelada, qu'elle aimait tant la veillait. Alors lorsqu’à vingt ans, la tête remplie d’idéaux et sans un sou, elle débarque à Paris elle pense pouvoir vivre la grande et belle vie dans ce Paris rêvé.
Mais d’aventures en illusions, la jeune fille va vite tomber de son petit nuage pour tenter de se faire une place dans cette société bousculée du tout début XXe siècle.
Ainsi, la jolie jeune femme va bien vite tomber dans les affres de la misère et la pauvreté. Petit à petit, elle fera la connaissance de personnes qui lui viendront en aide mais causeront aussi sa perte. Car Rose suit son cœur, coûte que coûte, au risque de perdre pieds.
Agnès Desarthe nous livre ici du romanesque, et même du trop romanesque où le lecteur suit les quelques bonheurs et les grands malheurs d’une jeune femme en quête d’émancipation. Elle dresse le portrait d’une jeune femme puis d’une femme naïve mais forte à la fois tel un arbre qui plie avec le vent mais jamais ne se rompt.
Ainsi Rose trouvera des bras tendus qui lui fourniront un logis tout en l’exploitant, bien loin de son confort familial.
Puis Rose découvrira les plaisirs de la chair grâce à Louise, la sauvage, la passionnée, la féministe. A ses côtés, elle vivra une vie de bohème sans se soucier de l’argent. Louise la protégera de tous les dangers, la gardera au chaud dans une prison dorée jusqu’au jour où le passé de Rose la rattrapera…
Lecture en demi-teinte pour ce roman sélectionné pour le prix du meilleur roman des lecteurs de Points car si Ce cœur changeant porte haut et fort de grandes valeurs, notamment dans la construction de la vie d’une femme au XXe siècle avec cette part d'émancipation et de féminisme assumée, il n’en reste pas moins que l’on peut rester en retrait de cette héroïne assez niaise. Même si elle arrive parfois à nous attendrir, il est difficile, en effet, d’avoir de l’empathie pour un personnage que l’on a sans cesse envie de secouer en lui hurlant d’ouvrir les yeux et de prendre son destin en main plutôt que de le subir.
Néanmoins, on ne peut retirer à Agnès Desarthe cette faculté de conter admirablement le début du XXe siècle, ses difficultés puis la guerre et enfin les années folles, le tout avec une plume alerte, charnelle qui permet au lecteur de se projeter dans cette période en pleine métamorphose. On y retrouvera d’ailleurs des similitudes avec Zola : la découverte sexuelle, l’affaire Dreyfus, la vision du monde bourgeois, la vie de bohème et les changements structurels du siècle, n'en sont que quelques exemples.
Même si, personnellement j’ai trouvé la dernière partie du roman bâclée et qu’il ne me restera pas grand-chose de l’héroïne, Ce cœur changeant est un roman qui respire la liberté, le déterminisme et la volonté de s’assumer en tant que femme.
Rose est née au Danemark, d'une mère fantasque et si peu maternelle, et d'un père militaire et aimant. Rose les quitte pour vivre sa vie à Paris, mais comment une jeune fille de 20 ans, sans le sou, peut-elle s'en sortir toute seule en ayant pour référence les romans de Dumas, les poèmes de Shakespeare?
Rose évoluera dans les méandres de la vie parisienne ; elle fera le ménage dans un cabaret, vivra d'amour de d'eau fraîche avec un précepteur puis une aventure passionnante avec une femme. Elle vivra dans la misère puis dans le milieu fantasque des artistes des années. Elle se laissent emporter par les événements, sans pouvoir les expliquer, les appréhender ou les anticiper. Ainsi, on a du mal à la suivre comme elle-même : savoir qui elle, ce qu'elle désire et quel but elle vise.
Ce coeur changeant est un roman d'apprentissage qui nous emporte au XXeme siècle où son héroïne traverse cette période si importante pour le devenir des femmes et l'ordre social : le procès Dreyfus, les années folles, la 1ère guerre mondiale, …
C'est un roman qui mêle le romantisme à l'historique et le philosophique, où il est question de liberté et de déterminisme (influencé par Spinoza).
Agnès Desarthe utilise le ton de cette époque en empruntant le style romantisme pour décrire ses personnages, ses paysages tout en amenant de la modernité, de la poésie dans son récit et ses dialogues.
Très belle écriture qui nous fait voyager du Danemark à Paris, qui nous fait rêver comme Rose et réfléchir sur les thèmes de l'époque (esclavagisme, la place de la femme, du droit social et des inégalités).
J’ai eu un peu de mal à entrer dans l’histoire contée, à cause du style si particulier de l’auteure. Et pourtant. Après quelques pages et un bon galop d’essai, je fus ferrée.
Une lecture exigeante, qui montre que le temps est circulaire : le roman débute sur le lac et fini au même endroit.
Une triple histoire triste : celle de Rose, au premier plan, qui découvre la vie avec ses yeux d’enfants et se laisse porter par elle jusqu’à la mendicité ; celle de sa mère qui engage une meurtrière pour s’occuper de son enfant ; celle de la grand-mère qui se sépare de ses enfants pour les protéger. La séparation et ses conséquences est un des thèmes central de ce roman.
Seul personnage masculin, le père s’en réfère à Spinoza.
La Grande Histoire est toujours très proche, qui influence leurs actions jusqu’à la folie.
Enfin, l’auteure fait elle aussi référence aux portraits du Fayoum.
L’image que je retiendrai :
Celle de Rose et Ida sous l’escalier, dernier refuge pour cette mère perdue.
http://alexmotamots.fr/?p=1901
Personnellement, je n'ai pas accroché aux personnages ni au style du roman. La vie de Rose, une jeune fille de bonne famille, ballotée pendant sa jeunesse entre le Danemark, la France et l'Afrique, m'a paru bien farfelue, Je n’ai pas trop compris comment l’héroïne en était arrivée là, son père semblait pourtant l’aimer ! Sa mère quant à elle, était folle…
Non l’histoire n’est pas à la hauteur que j’attendais, les émotions manquent, je n’ai pas été emportée par le romanesque, récit brouillon, les histoires glanées de-ci delà ne m’ont pas emballées. J'aime d'habitude me plonger dans un roman historique mais impossible cette fois de m'attacher à un quiconque personnage, même si Rose n’a pas su prendre son destin en main, des surprises ou rebondissements auraient pu étoffer le roman.
J'ai dévoré ce livre! J'ai été subjuguée par Rose, son caractère, sa force tranquille.... Une belle leçon de morale qui montre que la gentille triomphe de tout.
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