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En 1996, paraissait un numéro des Cahiers ayant pour titre Les conditions de l'analyse. Vingt ans plus tard, Question de cadre poursuit et relance la réflexion, dans une continuité dont témoignent, comme tremplin à l'élaboration actuelle, les références à des articles de 1996. Plusieurs fois cité, le bel article de Monique Salzmann, « Un cadre pour quoi faire ? », semble avoir posé durablement les bases d'une conception du cadre propre à une pratique jungienne de l'inconscient et de l'analyse.
Dans les pages de ce Cahier, l'hommage d'Aimé Agnel à Henri Duplaix qui nous a récemment quittés, évoque la plénitude de son engagement et le cadre d'une chaude humanité qu'il ménageait à ces explorations communes avec ses analysants.
Nous avons été surpris par l'intérêt que suscitait ce thème, somme toute classique, à tous les étages ; dans les contributions de jeunes praticiens comme chez les plus chevronnés. Le cadre y apparaît, en plus de sa figuration comme contenant, comme une surface de questionnement particulièrement vive. Surface de contact, de heurts, de dévoilement, surface d'émergences, où se manifestent des intensités relationnelles fortement génératrices d'altérité et de présence à l'autre.
Si le fil rouge demeure la question de l'articulation entre le cadre et le processus, dans une dynamique aussi souple que possible, l'évolution des demandes et des vulnérabilités exprimées dans nos cabinets pousse à reconsidérer les modalités de l'implication de l'analyste. Au fil des pages, l'accent semble se déplacer avec plus d'insistance vers les formes changeantes que revêt, non pas la dyade analytique mais, pourrions-nous dire, un trio ; l'analysant, l'analyste et leurs créations, dont on pourrait déduire in fine que le cadre relève tout autant.
Jung, qui excella à investir les cadres pour en repousser les limites jusqu'à l'incartade, parlait déjà de « coparticipants » pour désigner les partenaires de l'opus. La relation, le jeu intersubjectif, sont au coeur du dispositif, avec un souci prononcé d'ajustement aux formes inédites que revêt l'aventure, formes dont l'analyste évalue et assure les contours au gré de ses avancées.
Les thérapeutes d'enfants sont coutumiers de ce qui parfois s'impose comme torsions voire contorsions, pour simplement permettre à un cadre de se constituer ; cadre-abri, cadre-fenêtre, susceptible d'ouvrir sur un monde aux horizons éclaircis.
Il semble enfin qu'autre chose, dans la façon de s'avancer de l'analyste, plus à découvert de sa condition humaine, à l'affût des paradigmes propres à son époque - notons combien l'intersubjectivité est aujourd'hui convoquée dans les arts contemporains -, se fasse jour et se dise au fil des différents écrits.
Comme une liberté qui ne fait pas, loin de là, l'impasse de la rigueur, portée par un désir et une curiosité renouvelés, toujours vigilante aux pièges de l'inceste.
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