"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Depuis que j'ai refermé Au bout du rêve, l'histoire me reste en tête, tout autant que les personnages. Au début, je suis restée un peu perplexe, me demandant ce que faisait l'auteur et pourquoi je n'étais plus face au même schéma. Il y avait quelque chose de différent, dans l'atmosphère, dans l'écriture, quelque chose de pesant et d'oppressant. Pourquoi ? Ce serait vous spoiler que d'en parler dans cette chronique... Passé l'étonnement, j'ai simplement glissé dans le roman, incapable de me défaire de ma première impression, mais aussi complètement accrochée/écorchée à chaque page.
Sarah Dessen nous prouve qu'elle n'écrit pas seulement de belles histoires d'amour, qu'elle peut emmener son lecteur - avec autant de finesse et de justesse - dans un récit plus sombre, plus violent. Qu'elle peut aussi le surprendre en l'entraînant là où il ne s'attendait pas à aller. Personnellement, c'était une surprise totale. La couverture comme le résumé ne laissent pas à penser qu'on pourrait découvrir autre chose entre les pages. Mais une fois la lecture commencée, plus rien ne sera pareil.
C'est au matin de l'anniversaire de Catlin que sa soeur Cass disparaît, laissant juste un mot dans la cuisine. Cass qui prenait déjà tant de place, non contente de bouleverser le quotidien familial, choisit en plus de partir ce jour-là. Pour Catlin, le choc est dur à encaisser et d'emblée on se sent pris à parti par sa situation. Cela peut sembler idiot, voire futile, mais c'était touchant. Cass et Catlin n'ont pas vraiment de relation fusionnelle, leurs liens se sont détériorés avec les années, Cass est un modèle que Catlin n'atteindra jamais. C'est une relation difficile, qui prend aux tripes, et qui m'a immédiatement accrochée à Catlin. Puis vient Matthew... Ses yeux verts, l'assurance inébranlable qu'il dégage, c'est le coup de coeur pour Catlin comme pour le lecteur.
Au bout du rêve se découpe en trois parties, extrêmement révélatrices quant à la construction du personnage de Catlin : « Cass », « Matthew » et « Moi ». La narration, à la première personne, évoque tantôt le présent de Catlin, tantôt son passé. Elle nous raconte ce qu'elle vit, ce qu'elle ressent, comment elle se sent par rapport aux autres. J'ai découvert un personnage délicat, en retrait, effacé, marqué par ce qu'elle ne sait pas faire et le peu qu'elle pense mériter. Je crois que c'était la partie la plus douloureuse du roman, la culpabilité de cette jeune fille, fragile, en quête d'elle-même mais sur le mauvais chemin pour se trouver. Et ne pas être en mesure de l'aider était tout aussi difficile/insupportable.
En finissant ce roman, je m'en suis voulu à moi-même de ne pas avoir pu aider Catlin, à Sarah Dessen de m'avoir fait vivre une histoire si percutante. Surtout, j'en ai encore plus apprécié l'auteur - ce que je ne pensais pas possible. Elle a su garder toute sa maîtrise et tout ce que j'aime dans sa plume - finesse, justesse et émotions. Je n'ai pas eu l'impression d'être spectatrice, comme je l'avais un peu reproché à un titre dans la même vaine l'année dernière. J'étais en plein dedans, et ça m'a plu autant que ça m'a fait mal.
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