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Si pendant longtemps, le Touloulou désignait une personne déguisée et masquée défilant de jour dans les rues aujourd'hui, il est plutôt associé au bal paré-masqué. Personnage énigmatique, qui se caractérise par son anonymat, cette figure emblématique des dancings interpelle, notamment sur les questions de patrimonialisation dans le contexte d'une société plurielle et mouvante. Le bal paré-masqué, rencontre culturelle entre le bal travesti bourgeois et la danse traditionnelle populaire et endiablée, appelée le « kasékô », fusion de deux espaces festifs (salon de bal bourgeois et salle de bal populaire) a connu lui aussi quelques évolutions au fil des années. Le bal paré-masqué suscite un certain nombre d'interrogations : fondements historiques, description et rôle des acteurs qui s'y engagent, évolution et enjeux dans un contexte socio-économique, politique et culturel, spécifique. Ces questionnements sont valables pour toute autre forme de bals masqués saisie hors du territoire guyanais. Aussi, le dénominateur commun pour ces bals masqués, est avant tout celui d'être un espace populaire et libre, un lieu de rêverie et d'exaltation où des rites sont parfois mis en place. La dimension théâtrale de ces bals, renforcée par la magie qu'opère le masque, favorise moult jeux et notamment ceux de la séduction et de l'illusion. Le visible est caché et le caché devient visible (Bakhtine, p. 199). Les bals masqués sont-ils source de création ou de libération de tensions ? Favorisent-ils un surinvestissement de l'imaginaire ? Sontils l'expression de cycles et de liens sociaux à décrypter ? S'imposent-ils comme spectacle ou performance d'identités revendiquées, réaffirmées ou parfois réinventées ? Dans ce jeu sur les identités, il faut prendre en compte les renversements, les glissements, les bascules qui se produisent dans le rapport entre espaces profane et sacré, ou encore dans la relation homme/femme, dans la définition des identités sexuées et de la sexualité. Le colloque Bals masqués de Guyane et d'Ailleurs. Identités et imaginaires carnavalesques en question, en 2017 sur le campus Troubiran à l'Université de Guyane, puis les rencontres-performances en 2018, Carnaval de Guyane, regards croisés sur un patrimoine immatériel, à l'Université Paris-Sorbonne 1 et La Guyane et le mystère Touloulou, à l'Université Paris-Diderot ont permis de croiser les regards pour interroger les imaginaires, les discours et les représentations qu'a fait naître le Touloulou avec son infinie complexité.
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