"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Clarence fait les courses avec son papa au supermarché. Il aimerait voit sa maman plus souvent, mais elle est coincée sous un respirateur à l'hôpital. Son père, lui, ivre de douleur, devient acariâtre, s'enferme.
Une fois rentrés, il s'énerve sur cette fichue haie de pyracantha qui pousse plus vite qu'il ne la taille ! Ni une, ni deux, il se met à l'ouvrage. Par dessus la haie, il aperçoit sa voisine qui prend le soleil.
Dans ses bras, un nouveau né.
Curieux... Il ne savait pas qu'ils avaient eu un enfant !
La jeune femme l'aperçoit, et fuit précipitamment à l'intérieur.
La petite gazouille. Elle s'apaise.
Mais la jeune mère s'inquiète. A t-il vu la jolie feuille qui pousse du nez de sa fille ?
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La nature reprend ses droits ici, et d'une manière assez... inhabituelle.
Luxuriante, envahissante, elle reprend la place qu'on lui a dérobée à coups de sécateur et de bétonnière. Et pour bien faire, elle s'invite... chez nous. Au premier sens du terme.
L'humanité confrontée à une nouvelle espèce, puis à une pandémie ? Tout est une question de prisme.
Ceux qui l'acceuillent, ceux qui la combattent. Ceux qui ont peur, ceux qui ont confiance.
Le propos est d'actualité, entre écologie, biodiversité et racisme, fleurtant avec les contours du Sweet Tooth de Jeff Lemire en mode végétal, où l'avenir de l'humanité, une nouvelle humanité, dépendra de sa capacité à s'ouvrir au renouveau.
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Et si l'histoire de Patrick Lacan, sa galerie de personnages et son dénouement sont poignants, intelligents et d'une finesse envoûtante, que dire du dessin Marion Besancon qui signe ici son premier album ?
C'est juste sublime.
Le noir et blanc va bien à dame nature tant elle offre la finesse de son trait d'encre au foisonnement de feuilles et de fleurs, entremêle les lianes et les âmes pour éclore en couleurs et nous en mettre plein les yeux dans un final éclatant, comme un retour à l'état naturel nécessaire et inévitable plein d'humanité et de poésie.
Cet album somptueux. Point.
L'auteur prend le contre-pied de l'évolution actuelle de notre société et nous propose un récit distopique où cette fois ci c'est la nature qui va s'étendre et recouvrir le béton. Cette étrange manifestation va pousser les hommes à réagir, et comme souvent face à l'inconnu les attitudes sont bien diverses.
Si certains prennent ça comme une incroyable opportunité d'apprendre à vivre et à redecouvrir la nature. D'autres extrémistes vont eux employer tous les moyens pour lutter contre l'envahisseur...
Ou comment traiter du sujet de l'écologie à travers un récit post apocalyptique qui sort des sentiers battus. Avec Verts un vent de fraîcheur souffle sur la BD.
Graphiquement, pour son premier album Marion Besançon met la barre très haute. Grâce à un trait fin et précis elle nous propose des paysages époustouflant, des personnages vivants et expressifs et une réelle évolution au grès des saisons.
Si je veux être tatillon je dirais que les quelques couleurs qui nous sont proposées sont tellement dingues que j'en aurais voulu plus. Cependant l'impact et l'évolution quelle propose n'aurai pas eu la meme portée si cela avait été le cas.
En bref, Verts une belle et poétique fable écologique poussant à la réflexion et qui mérite toute notre attention!
Au commencement, il y a une terre qui s'essouffle, des êtres humain•es qui ne savent plus respirer, qui angoissent et qui ne savent plus regarder. Au renouveau, il y a cette enfant, Adèle, qui rentre en communion avec son ami, le Cèdre, et puis toute cette "pandémie" des enfants-plantes et la nature qui envahit tout, même les corps.
Un scénario d'une très grande poésie, on s'émancipe du poids du monde, on apprend à devenir léger. La nature, enfin, reprend ses droits et s'immisce jusqu'aux tréfonds de nos tripes. Avec elle, la jouissance, le lâcher prise, la vivacité des corps et la symbiose des êtres. Et puis au milieu, la violence qui persiste avec celles et ceux qui prônent le "pro-vivant", les mêmes qui s'effraient des changements et les nient en bloc.
Une fable aux allures de dystopie qui se révèle bien plus utopique que la société contemporaine.
Marion Besançon excelle dans son art, cette toute jeune autrice mêle avec brio le travail des corps, des entremêlements et des émotions. Avec maîtrise et talent, elle livre des planches d'une très grande beauté. Tantôt figé sur un détail, tantôt explosant de mille traits, de son dessin émane une grâce infinie.
Une fable onirique qui dénonce une société morose, une humanité qui ne s'entend plus et une nature qui souffre. Un récit qui invite à se défaire de l'emprise sociétale et à se reconnecter au vivant. Un vent de liberté et de douceur flotte au long de ses pages et, nous aussi, on voudrait pouvoir fleurir...
Et si la nature réagissait ? Si elle reprenait ses droits ? Un phénomène étrange prend de l'ampleur: des bébés naissent avec une excroissance végétale au creux de la narine. Une épidémie ? Un danger ? Certains voient ça comme une menace. C'est le cas du père de Clarence qui réalise que le bébé de ses voisins est concerné. Mais ce n'est que le début, les villes commencent elles aussi à se recouvrir de vert....
Le scénariste (et dessinateur) Patrick Lacan crée une fable écologique prenante. Entre dystopie et conte, il imagine un monde où le vert recouvre nos vies, nos villes et même nos corps. De nombreuses situations font écho avec l'actualité mais le sujet est surtout traité avec un apport poétique et onirique essentiel ce qui fait de Verts un récit vraiment à part...
Pour son premier album de BD, Marion Besançon fait forte impression. Le récit est découpé en quatre saisons, l'automne, l'hiver et le printemps sont en noir et blanc. Le trait est fin, précis et on sent bien dans les personnages des influences manga. La couleur fait son apparition en été et c'est magnifique, contemplatif, calme, admirable !
Ce très beau livre est une divine surprise ! Plus qu'un simple récit écologique, il convoque nos sens et nous touche par ses moments de grâce... on est tout près d'un coup de cœur...
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