"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans la moiteur de l' été en pente douce d'une morne bourgade ordinaire, l'éveil aux sens d' un adolescent ingénu de 14 ans, pris sous le charme d'une Lolita de 2 ans plus âgée, vive, coquette, délurée, qui a su déjà faire les délices d'hommes adultes .
Lui, c'est Félix, hébergé chez les cantonnier près duquel il est en stage ; elle, c'est Gil, la fille de ce cantonnier, celle qui tient la maison, tout en étant vendeuse dans la superette de la commune.
Pour elle, Félix « est encore une sorte d'enfant , quelque chose de doux, comme un ours en peluche ». Mais elle deviendra progressivement l'objet du désir de celui qu'elle considérait d'abord comme "une sorte de petit frère qu'elle prenait sous son aile »
Un roman d'initiation amoureuse, un roman d'atmosphère à l'écriture sobre qu'on pourrait qualifier d'écriture blanche mais suggestive, qui sait concilier érotisme et retenue et dont le charme provient paradoxalement des non-dits.
Un court roman de 104 pages, qui a reçu en 2019 le prix Goncourt du premier roman .
150 pages de poésie partagées entre Félix qui devient un homme et se perd dans ses ressentis....l'amour peut-être...cette Gil qui ne cache pas son habitude quasi mécanique de rencontrer les hommes. Félix deviendra t-il sa cible ou l'inverse ? J'ai aimé ce joli roman que j'ai lu avec douceur.
Ce premier roman vous enveloppe dans la moiteur dès le début.Félix atterrit pour un stage chez le cantonnier d'un village;logé chez le "père au mégot",il partagera leur vie:Gil, abréviation de Gilberte,sa fille initiera cet adolescent de 14 ans aux mystères de la vie.Beaucoup de silence,d'observation,de sensualité!Un rythme très lent suit les découvertes visuelles et olfactives de Félix.Très intimiste,le récit s'écoule ...Gil a tout de l'adolescente-femme,libre et attirante:les hommes se succèdent,jeunes ou vieux,elle reste indifférente...J'évoquerai Bernadette Laffont dans "la fiancée du pirate".
"Félix...allait profiter de n'avoir plus de passé.Sa vie commencerait maintenant.Il voulait sortir de l'enfance,se détacher de ceux qu'il avait connus jusque-là,défaire les liens."
Un roman certes bref,mais qui s'étire sensuellement jusqu'aux dernières pages où la situation évolue.
Pas vraiment déçue,ni captivée,suis restée dans l'observation externe de cette évocation méticuleuse des premiers émois d'un adolescent contemplatif.
Le Prix Goncourt du Premier roman attribué à Marie Gauthier aura été un choix judicieux! Cette quête amoureuse mettant aux prises un garçon de quatorze et une fille un peu plus âgée, mais bien plus expérimentée est en effet un beau roman d'initiation.
Pour son premier roman Marie Gauthier a choisi une belle histoire d’amour. Belle, parce qu’il s’agit de la première, belle parce qu’elle marquera à vie les amoureux. Encore que je n’en sois pas sûr en ce qui concerne Gil. Car la romancière a réussi pour son premier roman le tour de force de marier l’eau et le feu, l’innocence et la perversité, le rêve et le cauchemar.
Dans le rôle de l’innocent pur et sensible, on trouve cette fois Félix, 14 ans. Du côté de celle qui a déjà perdu cette innocence, on trouve Gil, de quelques ans son aînée. Gil, diminutif de Gilberte, est la fille d’un cantonnier qui a accepté d’héberger le jeune homme pour lui apprendre les rudiments de son métier. Cette première expérience hors du cocon familial lui insuffle un vent de liberté. C’est avec les yeux gourmands de celui qui a tout à apprendre qu’il s’engage dans cette nouvelle aventure. Il voit Gil comme une sorte de paradis inaccessible, comme l’incarnation de LA femme, comme un mystère à explorer. Avec passion, il va épier Gil, tenter de l’approcher, de la comprendre. Et voir au fil des jours, sa passion croître.
Marie Gauthier réussit fort bien à décrire cette sorte d’état second qui donne aux yeux énamourés une sorte de myopie particulière transformant le réel, une sorte d’amnésie particulière qui fait disparaître tous les obstacles et nie ce qui pourrait entraver la quête de l’être cher.
Car Gil est d’un tout autre calibre. Elle veut savoir ce que cela fait de faire l’amour et choisit la première occasion en suivant un employé dans une chambre d’hôtel. «Ce qui devait se passer avait eu lieu. Elle n’avait pas vraiment le souvenir des mains sur son corps, son corps entier s’était donné. Quelque chose d’elle avait été pris, elle ne savait pas trop ce que c’était mais elle en était allégée, débarrassée. Il avait suffi de s’en remettre aux mains propres d’un employé de passage pour être allégée de sa condition. Pour trouver la légèreté. Les mains de l’homme, son corps, avaient réussi ce prodige-là.»
Elle a alors compris que sa fraîcheur, sa beauté, son corps excitaient la convoitise, que tous ces hommes qui se retournaient sur elles voulaient tous lui faire l’amour, à commencer par le patron de la supérette où elle travaille: «Pendant les heures creuses, dans la réserve à marchandises, le gérant prend Gil. C’est mieux quand la supérette est fermée, mais alors ils manquent de temps, lui à cause de sa femme, Gil parce qu’elle doit préparer le repas.»
Mais entendons- nous bien, si elle s’offre ainsi, ce n’est pas par amour, c’est pour le satisfaire, éventuellement pour ajouter une expérience supplémentaire à sa connaissance des hommes, à la manière dont les mâles de différents âges et conditions se comportent. Du coup, elle ne comprend pas – au moins au début – que Félix brûle pour elle d’un amour sincère, entier, exclusif. Car si elle fait l’amour, elle n’est pas amoureuse. Mais va finir pas être troublée par l’innocence de ce garçon.
À l’image de l’été caniculaire, la passion va monter en température jusqu’à l’explosion.
Ce court roman, à la lecture très plaisante, est idéal pour les vacances. Sous des airs de romance, il cache une analyse fort intéressante des perceptions très différentes qui peuvent exister au sein du couple. Quand le fragment du discours amoureux rencontre L’Été meurtrier !
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