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Roman lu dans le cadre de l'Opération Masse critique de Babelio.
L'odyssée de Livia, de Laura Iapadre aux éditions Le Chant des Voyelles
Quand Nathan de Babelio m'a confirmé la réception de ce roman de Laura Iapadre, j'étais ravie. Enchantée. D'une part parce qu'il répondait à mon choix de lecture, et d'autre part parce qu'il aborde la douloureuse et sensible histoire de l'immigration des Italiens en France au début des années 1960. Date qui correspond à l'arrivée chez nous de ma belle-famille.
L'illustration de couverture, comme un appel à prendre le large, à s'évader vers de nouveaux horizons m'a également séduite et son titre "L'odyssée de Livia". Livia, prénom de l'éternelle fiancée de mon cher commissario Montabano et l'odyssée, pour tout ce que ce terme sous-entend d'aventure, de rythme, d'intensité, d'histoire de vie.
Après ce préambule, vous avez compris, je pense, que ce roman m'a beaucoup plu. L'auteure Laura Iapadre est la petite-fille de Livia et elle nous conte ce que fut la vie de sa grand-mère, telle qu'elle lui l'a racontée.
Livia nait dans cette région italienne aride et rurale des Abbruzzes à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Le pays est exsangue, la misère profonde. Très tôt la fillette doit aider sa famille en allant vendre les fromages de brebis sur les marchés voisins et parcourt la campagne avec son âne pour seul compagnon.
Mariée à un maçon qui travaille en Allemagne, Livia n'a d'autre solution pour se rapprocher de lui que de partir. Installée à Paris où le couple se retrouve finalement, la jeune femme exerce successivement plusieurs emplois tout en rêvant de revenir en Italie, retrouver sa famille, sa langue, son pays. Une attente qu'elle partage avec la communauté italienne qui ne cesse de s'agrandir en France où le besoin de main d'oeuvre s'intensifie.
Ce roman, porté par une très belle écriture, sensible et attachante, a l'avantage de mettre en avant la question de l'identité, de l'appartenance. Qui est-on vraiment quand on est étranger à la fois dans son pays d'origine et dans son pays d'accueil? J'ai bien apprécié la façon dont Laura Iapadre l'aborde, tout en simplicité, par la voix de Livia, son vocabulaire singulier, ses mots qui viennent du coeur et qui parlent à notre propre sensibilité.
Livia n'a aucune culture. Ce qu'elle sait, c'est sa vie qui lui l'a enseigné. Ce qu'elle transmet, c'est son histoire, dans toute sa détresse, son drame et ses joies, plus ou moins grandes. Sur cette analyse, on pourrait penser que c'est un récit simpliste. Or il n'en est rien. On se laisse emporter par ces confidences, ces évocations, ces souvenirs, ces constats. Nulle fioriture, nul agrément dans ce récit, c'est la vie à l'état brut, dans ce qu'elle a de plus fort, de plus délicat, de plus intime.
C'est un récit rempli d'affection et de tendresse que nous offre à lire Laura Iapadre, un merveilleux hommage à cette femme comme tant d'autres, Livia. Un hommage tout en générosité et amour.
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