"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un très beau livre qui commence comme ça…
« Il y avait des jours, sur l’Atlantique, où l’horizon s’étendait à l’infini, où la mer et le ciel étaient du même bleu clair et profond. Ces jours-là, un soleil acéré éclairait des masses d’eau en fureur, le vent frangeait d’écume la crête des vagues, blanche comme de la craie, le bateau était balloté sur ces énormes montagnes aquatiques et la tempête soulevait à la surface de la mer une vapeur qui faisait briller des arcs-en-ciel fugitifs autour de la proue…Sundgren regarda le capitaine comme s’il le voyait pour la première fois. Il avait rencontré bien des hommes, au cours de sa longue existence de marin, mais il n’avait encore jamais vu quelqu’un paraître aussi insouciant que Marcel. Comment pouvait-il faire, bon sang ?
Que possédait Marcel qui fit défaut aux autres, se demandait Sundgren en regardant ce dernier, debout en bras de chemise au bout de l’aile de la passerelle, pour être capable de faire accoster leur navire au plus fort d’une tempête sans donner le moindre signe d’inquiétude ou de nervosité ? »
Il est attirant ce capitaine ! Un phare dans la grisaille, une bouée de sauvetage pour accidentés de la vie. A chaque escale son sourire réchauffe le cœur de ceux qui l’approchent, quatre en particulier, rencontrés dans quatre ports différents : Une orpheline de Gallice, une veuve inconsolable de Bretagne, un divorcé danois coupé de ses enfants et un solitaire (!) irlandais vendeur de pierres précieuses (!), espérant se réchauffer auprès de lui, décident de le retrouver lors de l’une de ses escales.
Quel meilleur endroit que Kinsale, magnifique havre de paix, à quelques encablures du terrible Fastnet tant redouté des marins, pour retrouver ce capitaine qui n’a jamais peur, sur cette terre d’Irlande où les gens ont tant souffert et sont, parfois, si gais !
Voilà un magnifique roman qui pose de grandes questions sur la vie («qui ressemble au sillage d’un navire. Un instant après notre passage, c’est comme si on n’avait jamais existé»), les rêves, les désirs, la mort, Dieu et l’espérance d’un au-delà. Pas très gai tout ça ! Mais le capitaine finira par nous livrer son secret et « après le dîner, (il) proposa que tous, passagers aussi bien que membres de l’équipage, aillent à Baltimore écouter de la musique, Frances Black devait chanter au Baltimore Pub.
_ C’est la sœur de Mary Black, expliqua O’Brian. Mais je trouve que Frances chante mieux qu’elle».
Personnellement je préfère Mary et si vous avez idée de lire ce « capitaine et les rêves » je vous conseille de le faire en musique (par exemple « A song for Ireland » ou « schooldays over »liens ci-dessous). Ensuite courrez visiter Kinsale ou Baltimore et faites le tour du Kerry, en bateau, à pied ou en vélo…si ça vous semble trop loin allez donc, sur les traces du capitaine, à Tréguier chercher la paix dans la cathédrale Saint Tugdual ou arpenter, en allant vers l’ouest, la côte de granit rose.
Quant à moi, je vais garder longtemps (j’espère) en tête l’émotion de cette lecture et boire tout de suite une gorgée de whisky à la santé de Björn Larsson, de son capitaine et de ses lecteurs !
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !