"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le résumé ne donne pas une bonne idée du contenu, même s’il est correct dans la liste des éléments importants. On est ici dans un récit un peu décousu qui cumule plusieurs récits, qui semblent indépendants à première vue, mais qui sont en fait tous liés entre eux. La fin m’a laissée un peu perplexe, mais j’ai l’impression que c’est parce que j’ai dû passer à côté de quelque chose sans savoir vraiment ce que ça peut être.
Le plus grand intérêt de cette lecture pour moi a été l’immersion dans le quotidien des personnages et la découverte, à travers eux et leurs expériences de vie, de cette petite portion de la Jamaïque, de son Histoire et de sa culture.
Une bonne lecture, bien que j’y ai trouvé quelque chose de tout à fait différent de ce que je pensais y trouver.
Pearline Portious est une jeune jamaïcaine qui se fait embaucher dans une léproserie où elle ramène avec elle vie et couleur. Mais elle décède en couches et c'est Mman Lazare, déjà 90 ans au compteur, qui va élever la petite Adamine. C'est elle qui raconte son histoire, elle la Crieuse de Vérité, et l'écrivain bien sûr, qui cherche à remettre les éléments du puzzle de sa vie dans le bon ordre...
A Kingston, Jamaïque, un grand drame est survenu : l'instituteur a coupé les dreadlocks du petit Kaia. On ne coupe pas les cheveux d'un rastafari. Jamais !
Et Ma Taffy, la grand-mère, sait que c'est un jour de malheur, un jour où l'autoclapse va advenir.
Aussi, en attendant l'arrivée de la mère du petit et la menace qui gronde, et aussi pour sécher les larmes de celui-ci, elle entreprend de lui raconter l'histoire de Marcus Garvey, celui à qui on a aussi coupé les cheveux, puis celle du révérend Bedward qui s'est mis à s'envoler vers le ciel...
« c'est juste une histoire comme plein d'autres dans cette foutue île de Jamaïque ; juste un homme qui lutte et que ce maudit pays a décidé de mettre à terre. »
Ce sont tous les faits marquants qui ont fondé ce quartier de Kingston (depuis ce premier août 1838) qui prennent place ici. Mais c'est aussi la discrimination entre noirs et blancs, entre riches et pauvres, qui y est révélée, ainsi que la tension palpable qui règne entre les habitants et les forces de l'ordre.
C'est un récit très oralisé avec un parler de la Caraïbe qui prend toute sa place et toute sa force ici, et qui rend toutes les anecdotes vivantes et colorées. C'est un cri contre les injustices, la pauvreté, l'oppression. C'est aussi un hymne à l'amour et aux croyances populaires.
Un livre sur la culture mystique jamaicaine. Un livre sur l'exil et la différence de perception d'un côté à l'autre de la terre. C'est l'histoire d'un ti moun ka pas toujours eu vie facile là. La légèreté du ton n'enlève en rien la gravité de l'histoire.
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