"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans ce roman écrit en 1927 et publié en France en 1947, on suit le déroulement d’un procès pour meurtre. L’auteure s’est librement inspirée d’un procès lié à l’affaire criminelle Hall-Mills dans lequel les faits diffèrent légèrement. On est vraiment comme dans la salle du tribunal : tout y est consigné : les échanges entre les témoins et les avocats, les conversations entre reporters, observateurs présents dans le public, qui nous aident à comprendre parfois les coulisses du procès et des enjeux des interrogatoires.
En revanche, nous n’avons pas la vision du jury. Si bien qu’en réalité, on peut tout à fait se prendre au jeu et se rendre compte combien le rôle du jury est pesant : avec tous les arguments de la défense et de l’avocat général, il est très difficile de se faire un avis.
L’histoire en 2 mots : une femme adultère, Mimi Dawson a été tuée : son mari et la femme de l’amant de Mimi Dawson sont soupçonnés de l’avoir tué. Ils plaident tous les 2 non-coupables. Le pitch du livre est somme toute assez simple de prime abord mais la journée au cours de laquelle Mimi Dawson a été tuée, a été une journée particulière : beaucoup de témoins ont assisté à des allers et venues des suspects. Et tous ont plus ou moins leur avis sur ce qu’il s’est passé ce jour-là.
En réalité, malgré la simplicité apparente du pitch, le roman est assez difficile à suivre au départ tant il y a de nombreux personnages. Dans mon édition, les personnages apparaissant sont listés au début de livre, en fonction de la chronologie d’apparition, et leur identité est déclinée pour que le lecteur s’y retrouve plus facilement Chaque personnage a vécu la journée du meurtre différemment. Tout semble s’emboîter mais le diable est dans le détail et on le comprend bien à la fin du roman. Ce qui est particulièrement intéressant dans ce roman, c’est que chaque personnage a un caractère propre et qu’en fonction de ce caractère, ils ont leur propre attitude non seulement, le jour du meurtre mais aussi pendant les interrogatoires. Ce sont tous des personnages charismatiques, même si d’autres, un peu plus discrets, nous donnent parfois à réfléchir également. Tout cela rend le roman profond, complexe et très agréable à suivre.
Très prenant, le suspense nous tient éveillé jusqu’à la fin. Je n’ai pas vraiment été surprise par le délibéré du jury mais les plaidoiries étaient une excellente manière pour le lecteur de récapituler les différents arguments de la défense et du procureur. Il y a un ultime rebondissement qui fait réfléchir sur l’institution judiciaire mais on reste dans la fiction.
Il faut quand même recontextualiser le roman dans son époque, même si, à n’importe quelle époque, cela pourrait être répréhensible. Malgré le fait que ce roman soit écrit par une femme, on a des passages qui confinent à la misogynie : elle voulait sûrement se rapprocher de la réalité mais c’est à s’interroger si elle-même considérait les femmes un peu émotives ou non, comme des personnages faibles ?
En bref, une bonne lecture plaisante, prenante, avec une écriture que l’on pourrait considérer comme désuète mais qui me plaît particulièrement. Il est très difficile de trouver ce roman, même en occasion. Je suis tombée dessus sur Vinted avec une collection de romans polars datant du début du XXème. On peut quand même retrouver une interprétation sonore de ce roman sur Youtube. Les intonations et l’interprétation des acteurs sont un excellent moyen de découvrir cette histoire. Parmi les acteurs, il y a notamment Michel Bouquet.
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