Une histoire subtile, drôle et délicieuse.
Une histoire subtile, drôle et délicieuse.
Bon, je dois avouer que comme tout amoureux de la nature, je préfère les animaux en liberté.
Toutefois, je me suis laissé prendre par le quatrième de couverture de ce livre qui nous conte une journée un peu folle dans un parc animalier.
Notre écrivain Daniel Fohr est né en Algérie puis a vécu sous divers horizons, Viêtnam, Italie, Venezuela et de nos jours à Paris. Il est l’auteur entre autres de « Retour à Buenos Aires » (2018) et plus récemment de « La Vague qui vient » (Editions Inculte, 2023).
De ces différents lieux de vie, il a dû observer attentivement la faune et compléter par de nombreux renseignements auprès de professionnels (directeur de zoo en Equateur, et en France Thoiry et du Parc de La Tête-d’Or à Lyon) pour écrire « Vies sauvages ». Les descriptions des comportements des animaux sont remarquablement retranscrites. Nous devenons animal-acteur, nous pensons animal, pour mieux comprendre leurs attitudes, leurs inquiétudes.
Cette analyse est complétée par l’étude de l’Animal Supérieur (avec ses failles, comme nous le verrons tout au long de cette lecture) qui gère ce petit monde, je veux parler, bien sûr, de l’humain. Entre un guichetier, près de la retraite, qui pense avoir gâché sa vie, d’une Cheffe soigneuse au lourd passé, d’un vétérinaire amoureux éconduit, d’un directeur hors-sol et j’en passe.
Une journée d’été, torride, se profile. Le parc animalier ouvre ses portes. Les premiers visiteurs se pointent à la guérite de notre guichetier. Deux garnements « Le Blond » et « Le Brun », qui commencent leur visite par la boutique « souvenirs » et dérobent une perche télescopique et que l’on aura envie de gifler tout au long du récit de par leur comportement insupportable. Un groupe de trois personnes âgées inséparables et une jeune femme qui n’en est pas à sa première visite, les animaux semblent reconnaître son odeur, elle aura un rôle majeur dans cette journée folle.
Avant que les déboires ne commencent, nous aurons eu le privilège de faire la connaissance de Jad-Bal-Ja, le Roi des animaux et de son harem, de Roméo et Juliette, deux marabouts qui se tiennent tête contre tête tels les amoureux mythiques, de Darwin, le chef babouin à la suprématie contestée, d’Emma la femelle orang-outan, au passé tragique, Jennifer, la philosophe tortue plus que centenaire, Anil le yak qui provoquera, malgré lui, la première alerte, sans parler des habitants du reptilarium qui auront leur mot à dire et bien d’autres dans une profusion de détails savoureux.
Une vraiment plaisante lecture, teintée d’ironie, de dérision et d’un style littéraire tout en fluidité. Notre romancier nous promène dans les allées du parc, mais on sent monter, crescendo, une fin tragique.
Une idée originale, une atmosphère particulière pour ce sympathique roman sorti le 21 août.
Grands mercis aux Editions Inculte.
Très bonne surprise que ce roman, car au départ en lisant la 4ème de couverture (la vie d’un parc animalier et de ses animaux), je freinais un.
Or, je l’ai lu d’une traite !
On suit à la fois les employés du parc, ainsi que les bêtes plus ou moins sauvages qui y demeurent.
Je m’attendais, aussi, à de l’anthropomorphisme. Toutefois, il n’en est rien.
L’histoire est certes un peu farfelue, mais celle-ci a un ton agréable et nous tient en haleine jusqu’à sa fin, avec ce qui ne gâche rien une écriture fluide.
J’ai donc passé un très bon moment de lecture.
La quatrième de couverture avait tout pour me plaire : un artiste exilé sur une île ; son regard décalé sur les habitants ; des situations cocasses.
Cette lecture aurait pu être un moment réjouissant si il n'y avait pas eu : des descriptions trop longues ; la volonté de jouer sur les mots tout le temps (jamais un moment de répit pour le lecteur).
J'ai fini par ne m'intéresser qu'aux dialogues, en diagonal.
Ça commence fort et donne le ton dès le début. Un homme qui se déguise en femme pour s’octroyer le droit et le temps de lire. Parce que lire c’est typiquement féminin. Dit-il…
« …j’en suis réduit à me déguiser en femme pour aller lire dans un parc. J’ai toujours aimé lire à l’extérieur, n’importe où, mais ça devient difficile. »
J’ai été séduite par cet homme, par ses mots et son humour, par ses sentiments qu’il exprime vis-à-vis des livres. J’ai été emportée au gré de ces pages, par cette histoire burlesque, en me laissant prendre au jeu… me disant « Et si c’était vrai ? » Et alors, pourquoi pas ? J’ai aimé ses citations, ses références littéraires, j’en ai marqué des pages, j’en ai coché des extraits.
Et voilà l’état d’esprit dans lequel j’ai découvert la merveilleuse histoire du dernier des lecteurs. Le seul homme. L’unique.
« Je suis le dernier lecteur de livres sur cette planète. Tous les autres sont des femmes. »
J’aime les livres qui parlent de livres et de lecteurs. Imaginez. Avec celui-ci, me voilà servie. Il nous raconte son histoire, lui, l’anonyme. Comme lui, mes doigts ont filé sur le papier granuleux. Ce plaisir de le toucher, le livre papier.
« De même que l’arbre qui tombe ne fait de bruit que si quelqu’un est là pour l’entendre, un livre n’existe que si quelqu’un est là pour le lire. »
Être le dernier des lecteurs c’est pour lui aussi être le responsable de cette espèce masculine en voie de disparition… il faut donc tenter de passer le flambeau, assurer le relai, quoi qu’il en coûte… plus facile à lire qu’à faire !
« La littérature est un jardin secret qui demande à être partagé. »
« Un livre c’est de la magie blanche. On ne sait jamais ce qui sortira du cube de papier et l’effet qu’il produira une fois ouvert. »
Je peux vous certifier que la magie de celui-ci a bien eu l’effet escompté. Il est hors du commun. De ce cube de papier est sorti un excellent moment de lecture, addictif et divertissant, pour lequel je remercie infiniment les Éditions Slatkine et Cie et son vénérable auteur.
Et quant à vous, Daniel Fohr, pour répondre à votre chaleureuse dédicace (encore merci pour cette délicate attention), je vous confirme que j’ai passé un très agréable moment en compagnie de votre dernier lecteur, je m’associe bien volontiers à sa cause de défenseur du roman et du papier. Au plaisir de vous lire à nouveau.
https://littelecture.wordpress.com/2021/06/02/lemouvante-et-singuliere-histoire-du-dernier-des-lecteurs-de-daniel-fohr/
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