"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Lorsque ce livre est sorti en 2005 aux éditions Hors Collection, les White Stripes venaient de sortir Get behind me Satan, leur cinquième album studio. Résolument différent de ses prédécesseurs, ce disque se distinguait par son approche de la guitare et une ouverture musicale qui allait laisser la porte ouverte aux side-projects de Jack : The Raconteurs et The Dead Weather. Avant de jeter l'éponge en début d'année 2011, les White Stripes sortiront un ultime album en 2007 intitulé Icky Thump. Moins expérimental, celui-ci s'inscrira dans la lignée d'Elephant et comptera quelques morceaux de bravoure comme la reprise du "Conquest" de Corky Robbins. S'il manque donc six années à Florent Mazzoleni pour reconstituer dans son intégralité l'histoire des White Stripes, la construction de cette biographie suffit largement pour que le lecteur adhère à ce qu'il lit. Ceux qui ont lu Les racines du rock prendront un malin plaisir à retrouver le charme des écrits de Florent Mazzoleni, biographe qui inscrit toujours la musique dans un contexte social et historique. Comme l'indique l'accroche du livre - ... et la nouvelle scène de Détroit -, la première chose à laquelle s'attache l'auteur est de dresser un portrait de la ville dans laquelle ont grandi Jack et Meg. Capitale mondiale de l'automobile pendant de nombreuses années, Detroit possède sur chacun des musiciens qui s'épanouit artistiquement dans ses rues une emprise évidente qui s'en ressent dans la construction musicale comme dans les textes. Marquée par une criminalité importante et une pauvreté galopante, la ville a donné vie au son garage et révélé au monde The Stooges, MC5 ou John Lee Hooker. de son enfance dans une banlieue latino où écouter du rock'n'roll tenait de la marginalité à ses premiers émois musicaux en passant par sa rencontre avec Meg, Florent Mazzoleni décrypte chacune des étapes marquantes de la carrière du fondateur des White Stripes en s'attachant à détailler le plus exhaustivement possible son hyperactivisme musical. Impliqué dans de nombreux groupes avant que le sien ne décolle réellement, le chanteur/guitariste a hissé - comme Kurt Cobain l'avait fait avec Seattle - la scène de Detroit à un rang international. Producteur de la compilation Sympathetic sounds of Detroit, Jack White a contribué à la reconnaissance des Dirtbombs, Paybacks, von Bodies et autres Detroit Cobras en parlant abondamment d'eux dans la presse ou en les invitant à assurer leur première partie à l'étranger. Au-delà de ce que l'homme a fait pour la scène musicale de Detroit, il laisse derrière lui six albums, plusieurs DVD et un souvenir marquant pour quiconque a tâté de la furie de Jack et Meg sur scène. Caractérisés par une dualité perpétuelle - couleur, musique, versatilité - The White Stripes doivent leur nom à une sucrerie que Meg adore et a toujours conservé une approche minimaliste, presque enfantine dans ses compositions. Peu soucieux des exactitudes techniques de Meg à la batterie trop souvent décriées par la presse spéclialisée, le groupe a marqué le début des années 2000 par son intégrité artistique, son refus de céder aux impératifs commerciaux et sa foi inébranlable en son art. du rock garage des débuts qui conférait au premier album une homogénéité imperturbable, le duo a progressivement laisser entrer dans son univers musical des influences issues du blues, de la country, du rock'n'roll. Ce faisant, il propose une mixture singulière où se croise l'esprit de Led Zeppelin, de Son House, du Gun Club, de quelques légendes du blues comme Robert Johnson ou Blind Willie McTell mais également des grands-frères de Detroit que sont The Gories ou le MC5. Dithyambiques à souhait, les propos de Florent Mazzoleni insistent lourdement sur les prédispositions légendaires du duo mais celui-ci atténue toutefois son enthousiasme en situant les White Stripes dans la continuité de l'histoire du rock'n'roll à travers quelques anecdotes comme le fait que les Rolling Stones ont choisi le duo pour faire leur première partie et qu'ils ont écouté leur set en intégralité, un acte peu coutumier du groupe selon l'auteur. Concise mais empli de détails, cette biographie de Florent Mazzoleni est un ouvrage incontournable sur les White Stripes, un travail de fourmi qui donne les clefs pour appréhender leur musique tout en rendant justice à une carrière exemplaire sur le plan artistique. Quelques photos rares, une magnifique couverture, des annexes utiles et la joie de découvrir des formations méconnues achèveront de convaincre les plus réticents de dénicher cet ouvrage.
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