"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Il est des premiers romans convenus, convenables, provocateurs, aubiographiques ; il en est peu de surprenants par un style qui affirme une personnalité, la vastitude du sujet, une culture foisonnante et un personnage qui ne ressemble à aucun autre. C'est le cas d'Armelle, jeune femme perdue dans le monde moderne, prise entre ses angoisses personnelles et les faux semblants d'une société où la vérité se cache derrière la langue de bois. Armelle vit ses expériences aussi bien dans les milieux catholiques que francs-maçons, dans les pièges de l'immobilier et dans les dédales des services sociaux. Une satire d'une très joyeuse causticité et, par de fortes et émouvantes situations romanesques, une image de la réalité.
Une jeune femme, Coline Eyquert, pourra-t-elle assassiner un brave retraité, Roger Purinet, au cours de leur voyage organisé sur l'île de Xharma, en Méditerranée ? Comment, mais surtout, pourquoi ? Et sur cette île dénaturée par le tourisme facile, Coline doit composer avec les autres participants au circuit (un adepte du New-Age, deux soeurs erotically correct...), avec un guide un peu trop entreprenant, avec des mouettes rieuses et des anges niais. Des anges, mais parfois aussi des dragons... Tour-Epurator est un roman assez cocasse qui se lit d'une traite, et qui surtout ouvre à beaucoup de questions et, insidieusement, n'hésite pas à destabiliser le lecteur. Comment qualifier ce roman ? On pourrait dire suspens métaphysique, ou réflexion philosophique sur la culpabilité et le repentir, ou bien encore jeu de funambule entre la peur des remords et la peur des regrets... On pourrait aussi mettre en avant la création d'une île historique de la Méditerranée, Xharma, dont on visite sites et monuments, ainsi que la critique sociale très cocasse des voyages organisés et des ésotérismes de tout poil... Tout cela est vrai mais ne suffit pas : ce qu'on y trouve, c'est Carole de Sydrac, déjà découverte en 1996 dans « Cherche secrétaire aimant Vermeer » et dans « La soeur perdue du moine Philibert », c'est son humour au vitriol, sa lucidité sans pitié et son humanité douloureuse et toujours ambiguë ; c'est aussi son style serré, tout en ellipses, et la justesse de ses dialogues. Et puis ses personnages pittoresques, tellement ridicules et tellement vrais, tellement égocentriques et tellement seuls. Finalement, dans Tour-Epurator, Carole de Sydrac nous apporte, tout en légèreté et parfois en éclats de rire, le poids du pathétique, car c'est de la mort dont elle parle, la mort dans un accident de voiture, la mort d'un alcoolique cardiaque, la mort d'un ourson, la mort d'une île engloutie par la consommation touristique, engloutie comme une civilisation, comme une époque révolue...
Passionnant, émouvant, drôle, ce quatrième roman de Carole de Sydrac n'est pas de ceux qu'on oublie facilement... Muriel se retrouve seule et décide de se faire muter en Alsace, région qu'elle ne connaît qu'au travers de la publicité touristique. Or l'Alsace est une région aux racines parfois tourmentées mais solides, alors que Muriel, ex-enfant de la DDASS, souffre précisément d'un manque de racines personnelles. Pour tromper son sentiment d'exclusion, Muriel fréquente le zoo de l'Orangerie à Strasbourg, près du Parlement européen. Elle y rencontre des cigognes bien sûr, mais aussi un lynx dépressif, une charismatique très catholique, un pasteur marié en plein désarroi, un dentiste juif au passé trop lourd pour lui, qui l'entraînera dans un périple sensuel puis tragique. Au fil du récit, Muriel va essayer d'ouvrir trois cages, dont celle du lynx, assumant de jeter la panique à Strasbourg ! Entre-temps un enfant sera tué, un homme mourra. Carole de Sydrac ose plonger le lecteur dans l'angoisse et le pathétique mais avec la pudeur du rire. Et son héroïne principale, c'est finalement l'Alsace, traitée avec beaucoup d'ironie teintée de vitriol, et avec en filigrane une réflexion sur la liberté individuelle
« Aimez-vous Vermeer ou non ? Dites pourquoi. » Cette question, point de départ du roman, est plus embarrassante qu’elle n’y paraît, et exige une connaissance de soi qu’Estelle, l’héroïne, est loin d’avoir ; et au fil des rebondissements, elle perd de plus en plus ses repères entre le vrai et le faux, entre le réel et le virtuel, complice malgré elle d’un vieux faussaire juif de Strasbourg, et de Max et Jude, jumeaux spécialistes des Arts déco, nés en 1937, tous deux un peu artistes, homos et humanistes, riches de sagesse, de panache et de fantaisie. Estelle est entraînée d’une pension de famille de la Côte d’Azur qui flambe avec sa directrice, à une tempête historique au parc de Sceaux, en passant par une Fondation en projet pour peintres réfugiés politiques et une expo kitsch avec la Dentellière et l’Astronome en mannequins de cire. Ironie sur la consommation facile de l’art, recherche spirituelle au-delà même des rencontres cocasses mais subtiles avec un chanoine et un pasteur en roue libre, réflexion sur l’approche personnelle de la peinture, suspens et humour, personnages ambigus et attachants, style serré, tout en ellipses et en finesse, ce roman riche et au fond assez subversif n’est pas de ceux qu’on oublie facilement, et on regarde ensuite Vermeer d’un tout autre œil.
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