Un douloureux passage à l'âge adulte, entre sensibilité et horreur...
Dans ce petit village d’Afrique vivent quelques familles dont celle de Marietou. Cette femme a déjà quatre filles, mais elle a cependant recueilli Inaya, la fille de sa sœur. Cette dernière a perdu la vie sous les coups des rebelles, tout comme son mari. Inaya a huit ans, de l’aplomb et de l’énergie à revendre. C’est une enfant éveillée, intelligente et qui a la cœur sur la main, elle ne laisse jamais tomber ceux dont elle s’occupe et possède un sens de l’a-propos et un culot à toute épreuve. Marietou a pris également sous son aile Sekou et son petit frère Issa, depuis le décès de leur grand-mère.
Si l’argent manque, si la nourriture se fait rare, l’amour des femmes pour ces enfants qu’elles élèvent comme si c’était les leurs est sans égal. La famille a un sens plus large qu’en France en Afrique et chacun se sent responsable de l’éducation et de la vie de ceux qu’il protège.
Mais les rebelles ont investi les bords de la rivière et la vie au village, sans eau et sans cette liberté qui permettait aux enfants d’aller jusqu’à la rivière est de plus en plus compliquée, difficile, fragile. Aussi le jour où des membres d’une association humanitaire française « Une école, un avenir » s’installent à proximité du village et proposent de recueillir quelques orphelins pour leur fournir nourriture, médicaments et éducation, les familles s’interrogent. Sur le conseils du doyen, des fratries entières vont pouvoir partir et recevoir une éducation. Normalement, seuls les garçons doivent partir, car bien sur les filles sont trop utiles dans une maison, un village, une communauté. Et après tout elles n’ont pas besoin d’étudier.
Vu à travers le regard d’Inaya, une enfant avide de savoir, qui rêve de devenir médecin quand son amie voudrait être enseignante pour éduquer les enfants du village, ce roman est intéressant et émouvant car il nous place dans le cœur et les pensées des intéressés. L’autrice évoque l’affaire de
l’Arche de Zoé. Les français de cette association humanitaire avaient été arrêtés en Afrique en 2017 alors qu’ils tentaient d’exfiltrer des enfants, qui n’étaient pas orphelins, pour les faire adopter en France. Sans l’autorisation des familles, et sans les avoir informées de leur décision au préalable. Cette arrogance des colonisateurs qui s’imaginent souvent avec une intime conviction, que pour sauver le monde il faut être français ou ramener les enfants en France, sans se poser la question de l’arrachement au pays, aux familles, aux coutumes. Pays des droits de l’homme et des libertés, mais ici capable du pire au nom de l’arrogance et du mépris de certains humanitaires.
https://domiclire.wordpress.com/2023/04/01/pour-leur-bien-amandine-prie/
Pour leur bien – Amandine Prié
Un coup de cœur ! dernier livre lu pour les 68 Premières fois, sélection 2023, mais qui sera en tête de mon top 5, merci !
Superbe premier roman où le témoignage est écrit à hauteur d’enfant et quelle écriture ! sensible, émouvante, touchante et si dramatique pour ces bambins.
Où l’homme blanc/ français se croit supérieur à l’homme noir/africain, où les critères de vie européens sont forcément supérieurs et meilleurs que ceux des pauvres villages africains et enfin où l’adulte a tous les droits sur les enfants…
Inaya, magnifique et courageuse petite fille de 8 ans veut apprendre et se donner les moyens de devenir médecin pour aider et guérir les personnes âgées de son village.
L’espoir est donc grand lorsque les blancs viennent proposer aux enfants de moins de 5 ans et orphelins de rejoindre leur programme d’éducation. Inaya va tout faire pour être sélectionnée ainsi que d’autres enfants plus âgés ou ayant encore leurs parents. Mais le dessein des blancs n’a pas été totalement dévoilé…
« Dehors, Inaya et Sekou font comme tous les enfants quand le monde devient un peu trop lourd à porter, quand le réel oppresse et qu’il est à la fois si compliqué et si tristement simple à comprendre. Ils jouent. Ils repoussent aussi loin que possible ce dont ils ne veulent pas se saisir maintenant, la maladie, la mort et l’angoisse, la séparation et toutes les choses qu’ils sauront affronter lorsqu’ils l’auront décidé. Ils jouent pour mieux se préparer à recevoir ce qui pèsera sur leurs épaules, gardant ainsi le contrôle d’un monde qu’ils inventent et dont ils connaissent les règles ».
p 56/57
« Elle pouvait aller où elle voulait avec sa tristesse, la mettre de côté quand elle était occupée, la sentir de nouveau tout près d’elle lorsque l’ennui la gagnait. Elle savait exactement comment s’y prendre pour la laisser grandir ou la faire disparaître, elle avait appris au fil des jours. Mais avec l’angoisse, c’est une tout autre histoire. L’angoisse s’invite quand elle veut, clouant la fillette sur place. Elle ne l’accompagne pas, elle la dévore, prend le contrôle de son cœur, de son souffle, de son ventre. Elle pouvait se battre contre la tristesse mais dans l’angoisse, elle parvient peine à se débattre comme si elle s’agitait dans la gueule gluante d’un monstre »
p 314
« Ensemble, ils trinquent à l’avenir de ces gamins, à la nouvelle vie qui les attend. Pas une seule seconde, ils ne songent à celle à laquelle ils sont sur le point de les arracher »
P 318
Tout comme moi je suis sûre, certains reconnaîtront des faits réels dans cette histoire…
A lire absolument… !
Cet intéressant premier roman d’Amandine Prié est fortement inspiré du scandale de la tentative d’enlèvement d’une centaine d’enfants africains par l’association humanitaire l’Arche de Zoé. L’originalité du récit tient dans le parti-pris de l’auteure de nous raconter des faits semblables en s’attachant au ressenti d’une fillette de 8 ans.
J’ai apprécié qu’une grande partie du récit porte sur le quotidien d’un village abandonné de tous, situé dans une zone de guerre civile. Amandine Prié a pris son temps pour développer son récit et arriver au drame que l’on pressent. Je ne sais pas si elle a vécu en Afrique mais j’ai ressenti beaucoup de justesse dans ses descriptions.
Tout repose sur les femmes, malgré le pouvoir absolu du chef de village. Elles se démènent pour nourrir leurs enfants et les orphelins qui se retrouvent sous leur responsabilité. C’est avec un sentiment de grande culpabilité qu’elles se résolvent à laisser partir les enfants de leur famille élargie pour un avenir qu’elles espèrent meilleur. Et c’est aussi « pour leur bien » qu’agissent certains membres de l’association. L’auteure ne juge pas. En nous faisant part des réactions et sentiments des enfants auxquels on ne demande jamais leur avis, elle nous donne à réfléchir.
Ce récit m’a passionnée mais j’ai eu du mal à vraiment à croire au personnage d’Inaya, petite fille de 8 ans. Elle est certainement bien plus mûre qu’une jeune occidentale mais je doute qu’un enfant de 8 ans puisse avoir une telle force de caractère. Et que devient-elle ?
Un premier roman marquant, de ceux que je n’oublierai pas.
https://ffloladilettante.wordpress.com/2023/08/09/pour-leur-bien-de-amandine-prie/
Les vrais-faux orphelins et l'appât du gain
S'appuyant sur l'histoire vraie d'un trafic d'enfants, Amandine Prié raconte dans «Pour leur bien» le plan machiavélique de quelques français décidés à voler garçons et filles dans un pays d’Afrique pour les confier à des familles adoptives. Glaçant!
Il n'aura fallu que quelques secondes à Inaya pour fuir. Quand les rebelles ont atteint leur village, la fillette a réussi à gagner la cache préparée dans l'anfractuosité d'un mur. Mais ses parents n'ont pas pu échapper au terrible massacre. Les quelques survivants décident de fuir pour rallier un endroit où leur sécurité sera assurée. Autour de sa tante, Inaya et les autres enfants doivent désormais apprendre à avancer dans la vie sans parents. Mais plutôt que de sombrer, l’enfant se forge un caractère bien trempé, curieuse de comprendre et de découvrir, n’hésitant pas à interroger les adultes. Et même si cela a le don d’en énerver certains, elle parvient ainsi à tenir.
Son destin va basculer avec l’arrivée dans le village d’un groupe de Blancs qui expliquent au Doyen qu’ils ont le projet de créer une école qui prendra en charge les orphelins et assurera leur nourriture et leur hébergement. Et pour rassurer les villageois, ils promettent d’emmener également avec eux Chef du village, pour qu’il puisse se rendre compte du sérieux du projet et de leur professionnalisme. Après bien des tractations – et quelques arrangements avec l’état-civil – tous les enfants du village montent dans les véhicules pour rejoindre leur nouvelle école où les attendant nourriture, chambre et jouets. Les premiers jours se passent bien, même si Inaya reste méfiante en constatant que les cours se font attendre.
C’est que dans le plan fomenté par les Blancs, l’enseignant n’a pas pu être trouvé. Aussi, après avoir engagé un autochtone qui va s’avérer totalement incapable, ils décident de prendre eux-mêmes les choses en main. Avec un certain succès.
Mais Inaya reste méfiante, comprenant que ces blancs ne disent pas toute la vérité sur leur projet. Au fil des jours, elle voit la tension croître et les dissensions se faire plus visibles. Jusqu’à ce jour où tout le monde prend la direction de l’aéroport.
Amandine Prié s’est appuyée sur l’affaire de l’Arche de Noé, cette ONG qui sous couvert d’humanitaire organisait un trafic d’enfants, pour nous offrir un premier roman très réussi.
Le choix de le rédiger à hauteur d’enfant y est pour beaucoup. Si Inaya a l’esprit vif et l’envie d’apprendre, elle ne voit pas le piège se refermer sur elle. À la fois naïve et intrépide, sa curiosité va toutefois lui permettre de se poser les bonnes questions, de mettre au jour les contradictions des adultes et leurs petits arrangements avec la vérité.
Le roman met le doigt sur les terribles inégalités entre le Nord et le Sud, sur cet écart de richesses qui peut pousser des parents qui n’arrivent plus à nourrir leurs enfants à les abandonner. Il souligne aussi, comme une forme de néocolonialisme, cette idée que l’on peut prendre des enfants et les vendre à des familles adoptives pour leur bien. Enfin, il nous propose de rehausser notre regard face à l’accès à l’éducation et au savoir, un bien aussi précieux que dévoyé aujourd’hui chez nous. Pouvoir apprendre est une chance à tous les âges. On l’oublie trop souvent. Ce suspense glaçant est aussi là pour nous le rappeler.
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