Elle a fait une irruption très soudaine et remarquée l’année dernière, à la rentrée 2015, avec son premier roman, Camille, mon envolée (Philippe Rey). Sophie Daull y racontait les derniers moments de sa fille, dans une lettre d’amour et de douleur retenue à la langue époustouflante. Elle publie un nouveau roman pour cette rentrée 2016, La Suture (Philippe Rey) et confirme un talent qu’on aime accompagner chez lecteurs.com.
Le conseil de lecture de... Sophie Daull
Pas d'inquiétude de Brigitte Giraud, chez Stock
A la suite de la mort de Camille, ma fille de 16 ans, la reprise de contact avec la littérature a été difficile. Pourquoi tous ces mots ? Dans quel but ? Quel sens ? Quelle consolation ?
Un ami me parle d'une émission entendue à France Culture : "C'est une écrivaine qui parlait de la mort et de l'écriture. Ça m'a fait penser à toi".
Je me suis donc procuré Pas d'inquiétude de Brigitte Giraud (ed. Stock). Le livre raconte les dernières semaines d'un ado, Mehdi, qu'un cancer va emporter. Ok, ça fait pas envie.
Mais la grande originalité de Brigitte Giraud est de se placer du point de vue du père, un "je" d'homme, de travailleur, sanglé dans les codes virils, que l'amour paternel va faire exploser.
Un mouvement fusionnel s'établit entre père et fils, le père devient "mère au foyer" pour accompagner l'enfant malade, soulager sa souffrance, se donner l'un l'autre le courage d'affronter l'irréversibilité du diagnostic.
Ce livre m'en a donné, au-delà de toute attente. Mon histoire, mise en symétrique au masculin, résonnait sans violence, avec grâce même.
Et comme toujours chez Brigitte Giraud, l'écriture, en apparence simple et évidente, sonde nos humanités avec une poésie qui a la modestie de ses personnages.
Un grand livre d'amour, de courage, de solidarité masculine, avec des effets de vérité qui font vibrer.
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