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Les recherches du géographe Numa Broc ont imposé leur auteur comme un spécialiste internationalement reconnu d'histoire et d'épistémologie de la géographie.
Les éditions successives et les traductions de ses livres, l'analyse de ses travaux dans des publications comme Isis, la grande revue américaine d'histoire des sciences, ou dans des journaux scientifiques non moins réputés au plan international - Archivo Storico Italiano, Erdkunde, Francia, Imago Mundi, les Mittelungen der Dsterrischen Geographischen Gesellschaft, Regio Basiliensis, la Rivista Geographica Italiana, Taxon, Terrae Incognitae, ou The Geographical Journal - témoignent du large rayonnement d'une oeuvre aux multiples facettes.
Né en 1934, agrégé de géographie en 1960, Numa Broc a reçu la formation classique - sous ses trois composantes : géographie physique, humaine, régionale - de l'Homo geographicus de l'entre-deux-guerres, dont il s'est plu à dresser le portrait en 1993. Cette vaste formation généraliste jointe à une culture étendue autant qu'à une intense curiosité pour les montagnards et les explorateurs explique que l'auteur se soit toujours intéressé aux acteurs et aux thèmes de la géographie physique : Buache, Ramond de Carbonnières, Schrader, de Lapparent, Davis, de Martonne, la haute montagne, la mer, la géologie, la géomorphologie.
L'ouvrage magistral que nous donne ici Numa Broc tourne à l'évidence autour de la grande figure d'Emmanuel de Martonne, dont le Traité de Géographie physique paru en 1909 a dominé la géographie francophone jusqu'au début des années soixante. Le Livre I, Dans le sillage de Humboldt, traite de l'émergence des concepts de la géographie physique pendant la première moitié du XIXe siècle. Le Livre II montre comment et pourquoi, dans la deuxième moitié du XIXe siècle, se mettent en place des courants de recherche mais aussi des forces et des mécanismes qui font passer la géographie physique De la dispersion à l'unification.
Le Livre III, La géographie physique universitaire ou le règne de De Martonne, couvre le début du XXe siècle, un premier âge post-vidalien au cours duquel la géomorphologie est devenue volens nolens la pierre angulaire de toute la géographie française. Le parti pris de conserver dans le livre IV - Menaces d'explosion et recentrage - l'unité de la complexe période qu'a constitué le XXe siècle après 1945 est un gage d'optimisme.
Face au renouveau des sciences géographiques et aux mutations de la société, la géographie physique se transforme, tant dans ses contenus et ses modèles que dans ses méthodes et ses conditions d'exercice. La recherche se démocratise, les enseignements supérieur et secondaire s'ouvrent à de larges couches d'une société qui rajeunit, s'urbanise, consomme et voyage. La demande sociale s'est profondément modifiée, le monde lui-même a beaucoup changé.
La vision synthétique que propose Numa Broc d'un Deuxième âge post-martonnien de la géographie universitaire en France permet de comprendre dans quelles conditions la biogéographie, la climatologie, la géomorphologie et l'hydrologie ont peu à peu cessé d'être exclusivement séparatives pour devenir un vigoureux système de sciences : une géographie physique renouvelée, largement recentrée sur l'interface des thématiques sociétales et environnementales.
La postface, rédigée par Marc Calvet et Christian Giusti, propose in fine un état des lieux de la Géographie physique française au début du vingt et unième siècle.
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